La nuit s'est posé comme une chape de plomb sur Berlin Est en ce mois d'avril 1974. Les volets des habitations sont fermés, les lumières éteintes. Les seules lueurs perceptibles sont celles des éclairages de rue qui illuminent les gouttes d'eau que crachent les nuages. Les bars et les commerces sont fermés à cette heure-ci. Il est plus d'une heure du matin. Un silence de mort règne dans la ville est allemande. Berlin comate. « Il faut bien chercher pour voir âme qui vive dans ce trou à rat » se dit un SDF qui est à l'affût d'une planque, d'un rez-de-chaussée, d'un sas d'immeuble : de n'importe quel abri, en fait. Pour se faire, il faudrait qu'il emboite le pas à quelqu'un pour se faufiler derrière et qu'il parvienne à s'introduire dans les lieux. Il se résout à dormir sous la pluie, à la belle étoile. Il remarque cependant une lumière tamisée qui éclaire une silhouette féminine. Mais il déchante très vite, lui qui guettait un rez-de-chaussée s'aperçoit que la jeune fille est à l'étage. « Y'en a qui ont de la chance ». Il quitte les lieux, crache sur le sol mouillé. Certains pleurent ou crient pour exprimer un profond désespoir. Lui crache.
« La chanceuse » est une jeune étudiante de 20 ans. Elle révise. Ses examens de fin d'études se dérouleront en juin, dans deux mois. Voilà deux semaines que Adèle travaille jusqu'à pas d'heures le soir. Elle préfère réviser la nuit, sa concentration y est plus aiguisée. Elle fait partie de ceux qui favorisent le café aux tisanes le soir, heureusement. Cependant son corps commence à subir les maltraitances des insomnies forcés : épuisement, nerfs à vif. Elle a perdu trois kilos depuis le début de ses révisions acharnés. Elle s'est concocté un programme à couper au couteau. Pendant que ses copines suivent une vie normale rythmés de sorties, de relaxation après les cours et ne s'attarde au grand maximum à quatre heures de devoirs quotidien, elle travaille presque le double une fois chez elle. « Pourquoi tu t'infliges ça ? » lui avait demandé récemment une camarade. Elle lui avait répondu de manière laconique, que si elle ne réussissait pas ses études, elle en mourrait. Son interlocutrice n'avait pas saisi la gravité de la situation et avait bifurqué sur autre chose.
Adèleavait peur d'échouer, une fois de plus. Une fois de trop.
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Berlin 1974
Historical FictionBerlin 1974, en pleine guerre froide. Une allemande, qui étudie la médecine aide un SDF d'origine russe après que ce dernier aie fait une chute spectaculaire. Elle l'accueille chez elle le temps qu'il se rétablisse. Ils ont une connaissance en commu...