Bertoua, 2h30, domaine MBIA
Une camionnette grise s'arrêta devant le domaine N°3 de la famille MBIA. Trois hommes vêtus de noir en sortirent. L'un d'eux traîne une quatrième personne , qui semble avoir été battue. Ils le traînent jusqu'au sous-sol du domaine dans lequel ils viennent de pénétrer. À leur arrivée, cinq autres personnes les attendent, parmi lesquels, une jeune femme vêtue d'un tailleur beige. Assise près de la fenêtre, et sirotant un verre de vin rouge, elle les observe, ligoter leur prisonnier sur une chaise.
- C'est bon il est prêt. Annonça Hader, l'un des hommes, en retirant la cagoule au prisonnier
- Merci Hader , répondit la dame, en déposant son verre de vin, pour récupérer une arme à feu. Tu sais que tu n'as pas été facile à trouver ? Je t'ai cherché jusqu'en Inde ; et pourtant tu étais en Ethiopie. C'était une très bonne stratégie mais, comme je l'ai toujours dit, la femme c'est le cercueil de l'homme. Tu as été trop bavard et c'est arrivé jusqu'à mes oreilles !
- Bosse écoutez moi s'il vous plaît, j'ai eu tord d'accord ? J'ai été piégé je vous le promets ! Je ne voulais pas le faire. Ils m'ont obligés. Je n'avais pas le choix .
- Chu-ute. Gagnons en temps, d'accord ? Je te laisse le choix : sois je tue une de tes filles, sois je te tue. Une vie contre une autre. Tu as vingt secondes ! Dit-elle
- Rozen...
Un bruit retentit dans toute la pièce. Rozen venait de lui tirer une balle en pleine tête.
- Il lui restait encore quinze secondes. Dit Hader en prenant l'arme entre les mains de Rozen.
- Il m'agaçait. Je n'en pouvais plus de sa tête.
- Vas m'attendre dans la voiture, je m'occupe de faire disparaitre les preuves .
- Non je vais conduire, j'ai besoin d'être seule.
- Et tu comptes conduire seule jusqu'à Yaoundé ? Ne sois pas ridicule et vas m'attendre dans la voiture. Et au cas où tu voudrais me doubler, j'ai les clés !
- Je te hais Hader.
- Je sais. Et c'est pour ça qu'on s'entend très bien.
- Et n'oublie pas d'envoyer la photo de son corps à tous les autres. Le message doit passer.
Après s'être débarrassé du corps, Hader vint rejoindre sa patronne dans la voiture. Celle-ci s'impatientait déjà.- Tu avais vraiment besoin de le tuer maintenant ? Il pouvait nous fournir certaines informations.
- Biloa n'était qu'un pantin ! Notre ennemi, son patron, est plus rusé que ça. Et il n'est pas seul.
- Quelle est la prochaine étape ?
- Rentrons d'abord sur Yaoundé. On verra le reste plus tard. J'ai besoin de serrer mon neveu dans mes bras.
- À tes ordres, patronne !Un an et demi plus tôt
Depuis que son père était tombé malade, Évelyne Mendela avait arrêtée l'école pour se consacrer à un travail mal payé dans un restaurant de la place, dans la ville de Yaoundé. Sa mère quant elle, était obligée de faire un petit commerce à la maison pour pouvoir surveiller son époux. Elle vendait donc des sucettes de foleré , et du kossam. Depuis deux mois déjà, leur vie avait basculée à cause d'un terrible incendie qui avait eu lieu dans l'entreprise où le père d'evelyne travaillait.
Alors qu'elle s'apprêtait à aller au travail, sa mère vint lui donner un petit paquet.- Non maman, il ne fallait pas !
- Ah dit donc , toi aussi ! Ce n'est rien de spécial. Quelques beignets et un peu de foleré. Tu sors tôt et tu ne veux pas manger ? Qu'est ce qui va te donner l'énergie ?
- Merci ma'a. Bon, je te laisse alors ! Le soir !
- D'accord ma fille !Avec l'aide de son ami Marc Tueno , Évelyne avait pû obtenir un emploi de serveuse au NETO FOOD, un restaurant qui offre des déjeuners et repas divers, situé dans le quartier Essos. Très timide de nature, et âgée de vingt-six ans, Évelyne se faisait très souvent marcher dessus par ses collègues de travail et son propre patron, qui abusaient de sa gentillesse et de sa timidité pour lui imposer des tâches ingrates au travail. Vers 17h, Marc Tueno, son ami, vint comme à son habitude prendre un repas chaud et papoter un peu avec Évelyne. Cela faisait environ six mois qu'ils se connaissaient. Il avait été marqué par l'histoire d'evelyne et avait choisi de l'aider en contactant le gérant du restaurant, qui était l'ami de son père.
- Bonsoir Marc, alors comment était la journée ? Demanda Évelyne
- Comme d'habitude, épuisante ! Parfois je regrette souvent le chômage !
- Mais c'est toi même qui a voulu reprendre l'entreprise familiale, non ?
- Oui mais ça reste effrayant ! Je ne savais pas que ça allait être difficile comme ça.
- Je suis sûre que ça va aller ! Tu as fait des études pour ça, rien ne pourra te dépasser ! Est ce que vous avez réussi à trouver d'autres investisseurs ?
- Difficile de trouver mieux que le groupe MBIA. Depuis qu'ils ont été victime d'un incident, ils ont limité les contacts avec leurs partenaires d'affaires.
- Mais j'ai entendu dire que l'un des membres proches a repris les rênes.
- Michael Mba ? Oui mais les autres membres ne sont pas d'accord. C'est un homme avide d'argent, il n'a pas le sens des affaires.
- Est ce que c'est vrai que Rozen Mbia, l'ancienne présidente directrice générale du Groupe international MBIA est vraiment décédée ?
- Oui, on a retrouvé son corps fumant dans les décombres de leur siège administratif.
- C'est vraiment triste, la pauvre. Tu la connaissais ?
- Personnellement non ! Je ne l'avais d'ailleurs jamais vu. Surtout qu'à l'époque, je sortais fraîchement de l'université ! Par contre elle ne plaisantait pas avec le travail, c'était vraiment une dame de fer
- Elle représente exactement le genre de femme que je rêve d'être. Confiante, forte et imposante. Mais je suis trop timide pour ça.
- Elle était effrayante d'après certaines rumeurs. Tu sais qu'à un moment de ta vie il te faudra prendre des décisions ! Tu ne vas pas passer ta vie à te sacrifier pour les autres ! Il te faudra également reprendre tes études !
- J'en ai vraiment envie crois moi mais je pense à mes parents. Je ne peux pas laisser ma mère s'occuper de mon père toute seule.
- Mais...
- Évelyne je ne paie pas pour que les clients te draguent ! Il y a des tables à nettoyer !
- Oui monsieur, je prends juste sa commande !
- Le type ci n'aime pas ta tête ! À chaque fois que je viens ici il est toujours entrain de te crier dessus. Ou bien il t'a dragué et tu as barré ?
- Toi tu as toujours les faux debats !
- Tu vas alors me jeter ?
- Pardon passe ta commande avant que mon patron ne me renvoie.
- Bon, le menu d'aujourd'hui n'est pas mal. Je vais prendre du poulet DG , pas trop épicé hein . Et une bouteille de vin blanc.
- D'accord, je te l'apporte tout à l'heure.
Évelyne Mendela