| • Prologue • |

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Rome, Italie

L'air était lourd d'un silence qui n'avait rien de naturel. La nuit romaine, d'ordinaire si vivante, semblait figée dans une attente sourde, comme si la ville elle-même retenait son souffle. Les ruelles pavées, baignées d'une lueur orangée provenant des lampadaires, formaient un labyrinthe déserté, un monde secret dont seuls quelques initiés connaissaient les règles. Au cœur de ce dédale se dressait une villa majestueuse, héritée d'une époque où l'Italie dominait le monde. Mais ce soir-là, l'ombre de la grandeur passée était remplacée par une autre forme de pouvoir, plus moderne, plus cruelle.

Je me tenais dans une vaste salle aux murs recouverts de boiseries sombres, derrière un bureau massif en acajou. Mes mains étaient croisées devant moi, et je regardais avec intensité le visage sévère de Vittorio Marconi. À 55 ans, Vittorio incarnait l'autorité de la mafia italienne. Ses cheveux grisonnants étaient tirés en arrière, révélant un front large et impénétrable. Ses yeux, d'un noir profond, semblaient percer à travers le moindre voile de mensonge, sondant l'âme de ceux qui osaient croiser son regard. J'avais entendu dire qu'il avait bâti son empire sur le sang et la trahison, et je savais que la loyauté était un concept aussi volatile que le vent, même dans cet empire.

Je m'appelle Narciso Moretti . À 25 ans, je possède une aura de maturité qui dépasse largement mon âge. Je suis grand, presque 1m88, avec une carrure athlétique sculptée par des années de combat et d'entraînement rigoureux. Mes cheveux noirs sont coupés court, et une barbe de trois jours ajoute une touche de dureté à mes traits autrement raffinés. Mes yeux, d'un vert perçant, sont fixés sur Vittorio avec une intensité silencieuse, comme si je mesurais chacune de ses respirations.

Je ne suis pas n'importe quel membre de la mafia italienne. Je suis le protégé de Vittorio, son bras droit, celui en qui il a placé une confiance que peu d'hommes avaient méritée. Pourtant, une tension palpable flottait dans l'air ce soir-là. Je savais que cette rencontre n'avait rien d'ordinaire.

- Narciso, commença Vittorio d'une voix basse mais autoritaire, tu es ici depuis des années. Tu as gravi les échelons plus vite que quiconque. Mais le pouvoir que tu possèdes maintenant, la responsabilité que tu portes, vient avec un prix. Es-tu prêt à le payer ?

Je ne répondis pas immédiatement. Chaque mot comptait dans cette pièce. Je savais qu'il ne fallait rien laisser au hasard.

- J'ai toujours été prêt à payer le prix, Don Vittorio. La question est de savoir quel est ce prix aujourd'hui.

Un sourire froid effleura les lèvres de Vittorio.

- C'est ce que j'aime chez toi, Narciso. Tu ne trembles pas, même devant l'inconnu, Il se pencha légèrement en avant, ses yeux fixant les miens avec une intensité presque suffocante, ce soir, je te confie une mission. Une mission qui pourrait bien déterminer l'avenir de notre organisation.

Je hochai la tête, attentif.

- Je suis à votre service.

Vittorio se redressa, prenant un dossier épais posé sur le bureau. Il le fit glisser vers moi, et je le pris sans un mot.

- À l'intérieur, tu trouveras tout ce que tu dois savoir. Nous avons des informations selon lesquelles une nouvelle force émerge dans le Sud. Un cartel mexicain, les frères García. Ils sont jeunes, impétueux, et ils croient pouvoir s'emparer de ce qui nous appartient.

J'ouvris le dossier, parcourant rapidement les documents. Les photos des jumeaux, Ángel et Juan García, occupaient une bonne partie du rapport. Ils étaient beaux, charismatiques, mais leurs yeux trahissaient une violence à peine contenue.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

Vittorio se leva, contournant son bureau pour se rapprocher de moi.
- Je veux que tu établisses un contact avec eux. Que tu découvres ce qu'ils veulent vraiment. S'ils sont ouverts à une alliance, nous pourrons peut-être éviter une guerre inutile. Mais s'ils refusent de négocier...  Il laissa sa phrase en suspens, mais le message était clair.

Je fermai le dossier et le serrai sous mon bras.

- Je partirai dès demain.

Vittorio posa une main sur mon épaule, un geste de paternalisme mêlé de menace voilée.

- Je sais que tu feras ce qu'il faut. Mais souviens-toi, Narciso, cette mission ne concerne pas seulement les García. Il y a aussi cette femme...

Je fronçai les sourcils.

- Ulyana ?

Vittorio hocha lentement la tête.

- Oui. La Printsessa de la Bratva. Elle a un intérêt particulier dans ce conflit. Je ne veux pas que tu l'oublies.

Je connaissais bien Ulyana, du moins de réputation. Elle dirigera la branche russe de la mafia avec une poigne de fer, et son intelligence et sa beauté étaient légendaires.

- Elle est dangereuse,  murmurais-je, plus pour moi-même que pour Vittorio.

- Très dangereuse, confirma Vittorio. Et c'est pourquoi tu dois être encore plus vigilant. Si elle entre en jeu, cela pourrait compliquer les choses de manière inimaginable.

J'acquiesçai, sentant le poids de la responsabilité sur mes épaules. Je savais que j'étais prêt, mais j'étais aussi conscient que cette mission allait bien au-delà d'une simple rencontre avec un cartel mexicain. C'était un jeu de pouvoir international, où chaque mouvement pouvait entraîner des répercussions dévastatrices.

Les Héritiers des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant