| • Chapitre 1 • |

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Guadalajara, Mexique – Juan

Je poussai mon jumeau hors de mon chemin en me dirigeant vers mon bureau. Rien de plus normal, il l'avait bien mérité aujourd'hui. Ángel, toujours prompt à me défier, avait agi sans réfléchir, ce qui nous avait mis dans cette situation inconfortable. En approchant de la porte de mon bureau, une sensation désagréable m'envahit, une inquiétude qui sembla soudainement se cristalliser. Je n'étais pas le seul à la ressentir. Je me retournai pour plonger mon regard dans celui de mon frère. Ses yeux, normalement empreints de calcul et de réserve, s'illuminèrent maintenant d'une lueur sadique, comme une étincelle de danger cachée sous une surface calme.

Il sortit son arme avec une aisance calculée et entra le premier dans la pièce. Je le suivis de près, conscient de la tension palpable dans l'air. L'atmosphère était étrangement calme, bien trop calme pour une villa qui avait été perturbée. Ángel balaya la pièce du regard avec un mépris apparent, comme s'il cherchait un défi dans chaque recoin. Il laissa échapper un murmure de déception.

— Je ne vois rien, fit-il, la déception se faisant sentir dans le ton de sa voix.

— Hum, Ángel, regarde dans l'armoire, lui indiquai-je, tentant de garder mon calme malgré la situation tendue.

Il s'approcha de l'armoire avec une lenteur calculée, comme s'il redoutait de découvrir quelque chose qu'il préférait ne pas voir. Je pris place sur ma chaise, observant la pièce avec une méfiance croissante. Les minutes passaient, et l'absence de toute trace d'intrus ne faisait qu'accentuer le malaise.

— Il n'y a putain de rien. Je suis sûr, mierda, tú también lo sentiste?

—  , la personne s'est déjà enfuie. Dommage pour toi, tu ne pourras torturer personne, répondis-je en éclatant de rire.

Ángel, malgré ses airs durs, ne semblait pas amusé. Je le scrutai de haut en bas, comme si c'était la première fois que je le voyais vraiment. Grand, avec une stature imposante dépassant les 1m85, il était couvert de tatouages. Son cou, son dos, ses bras étaient ornés de dessins sombres et sinistres, des symboles de sa vie dans le crime. Nous avions suivi le même entraînement rigoureux et il était aussi musclé que moi, ce qui faisait de lui un partenaire redoutable dans nos opérations. Ses cheveux noirs, habituellement coiffés avec soin, étaient maintenant en désordre, une discordance avec son costume impeccable. La chemise noire et le pantalon de costume qu'il portait ne semblaient pas correspondre à sa personnalité brutale et impitoyable. Ángel était l'antithèse parfaite de son prénom, une véritable contradiction vivante.

Je le regardai avec une curiosité mêlée de frustration. Ángel était une énigme, une contradiction ambulante. Ses yeux gris, brillants d'une lueur sadique, trahissaient son véritable caractère sous une apparence soignée. Je savais qu'il était impitoyable, capable d'infliger une douleur inouïe, mais il avait toujours cette manière de mélanger élégance et cruauté, ce qui le rendait fascinant et dangereux à la fois.

Je me levai de ma chaise, les bruits de la villa résonnant dans le silence oppressant de la pièce. Je faisais les cents pas, tentant de rassembler mes pensées. Ce sentiment de malaise persistait, comme une présence invisible qui flottait autour de nous. Nous avions tous les deux ressenti quelque chose, mais il semblait que notre visiteur avait pris les devants et était déjà parti.

- Je te l'avais dit, dis-je en me dirigeant vers la fenêtre. Je jetai un coup d'œil à l'extérieur, scrutant les ombres, la visibilité limitée par l'obscurité environnante. Il n'y a pas de traces. Nous avons été trop lents.

Ángel grogna en retour, un son de frustration profondément enraciné.

- C'est la deuxième fois cette semaine. Il y a quelque chose qui cloche, et je n'aime pas ça.

Je me retournai vers lui, voyant la frustration peindre son visage d'une colère contenue. Les traits de son visage étaient marqués par l'énervement, son regard trahissant une impatience qui n'avait pas sa place dans nos affaires habituelles.

- Nous devons être prudents, Ángel. Ce ne sont pas seulement des voleurs ordinaires ou des concurrents cherchant à nous dépouiller. Cette fois-ci, il y a plus. Une menace plus insidieuse que nous devons absolument identifier.

Je marchai lentement vers lui, posant une main ferme sur son épaule dans un geste à la fois réconfortant et autoritaire.

- Reste concentré. Nous devons trouver qui se cache derrière tout ça. Ce ne sont pas des gens qui se contenteront de fuir à la première occasion. Ils reviendront, et nous devons être prêts.

Ángel haussait les épaules avec une indifférence feinte, mais je pouvais voir qu'il était agacé. Sa réaction était plus une façade qu'une véritable assurance.

- Je suis toujours prêt. Mais c'est ta négligence qui m'a fait perdre cette opportunité.

Je secouai la tête, un sourire amer se dessinant sur mes lèvres. Sa frustration était palpable, et je savais que le stress commençait à affecter notre dynamique.

- N'oublie pas à qui tu parles. Si nous voulons rester en tête, nous devons anticiper chaque mouvement, pas juste réagir après coup. C'est en restant un pas devant que nous éviterons les erreurs fatales.

Ángel poussa un profond soupir et se dirigea vers l'armoire une fois de plus. Il l'ouvrit avec impatience, scrutant les recoins avec une intensité palpable.

- Rien, comme prévu, murmura-t-il, l'exaspération dans sa voix évidente.

Je pris une profonde inspiration, m'efforçant de garder mon calme malgré l'énervement croissant. Le visiteur avait disparu sans laisser de traces. Il y avait quelque chose d'étrange dans cette situation, une imprévisibilité qui me déconcertait. La prudence était de mise. Si quelqu'un avait tenté d'entrer dans mon bureau, il devait y avoir une raison sous-jacente, et cette raison était peut-être plus complexe que ce que nous pensions.

- Rentre à la maison et prépare tout ce qu'il faut pour protéger Rosa, dis-je finalement, prenant une décision. Je vais inspecter le reste de la villa et voir si je peux trouver quelque chose qui puisse nous donner un indice.

Ángel hocha la tête, son agacement visible mais son respect envers mes ordres indéniable.

- Très bien. Mais sache que je n'oublierai pas cette perte. Et tu as intérêt à savoir qui a fait ça. Sinon, ce sera ta tête sur le plateau.

- Arrête de me manquer de respect, Ángel. Tu es mon bras droit et mon meilleur ami. J'attends mieux de toi, compris ?

Je lui offris un sourire sans joie alors qu'il quittait la pièce. La villa retomba dans un silence pesant, un calme presque oppressant. Je restai là, seul, mon esprit tourmenté par des pensées confuses et des scénarios possibles. La menace semblait plus tangible maintenant, un mystère plus profond que ce que je ne l'avais imaginé.

Je me dirigeai vers le bureau de ma mère, Teresa. La pièce était décorée avec goût, mais ce soir, l'atmosphère y était chargée de tension. Je m'assis derrière le bureau, ouvris les tiroirs et commençai à chercher des indices parmi le chaos apparent. Les documents étaient éparpillés, des papiers qui auraient pu contenir des informations cruciales. Je les regroupai avec soin, les classant méthodiquement, chaque détail comptant maintenant plus que jamais.

Il était clair que nous faisions face à une situation qui dépassait la simple négligence. La présence de cet intrus, bien que furtive, marquait le début d'une série d'événements qui allaient sûrement nous mettre à l'épreuve. Le sentiment d'insécurité était palpable, et je savais que cette nuit n'était que le début de quelque chose de bien plus complexe.

Les prochaines étapes de notre enquête allaient être cruciales pour garantir notre sécurité et notre position. Je devais rester vigilant et préparer la villa à une éventuelle confrontation. Tout semblait indiquer que le jeu était loin d'être terminé. Le mystère qui entourait l'intrusion ne faisait qu'ajouter une couche de danger à notre quotidien déjà tumultueux.

En attendant, je me préparai mentalement à faire face à ce qui allait arriver, déterminé à ne pas laisser la peur ou l'incertitude nous paralyser. La villa, silencieuse et presque menaçante dans son calme, était le témoin de notre vigilance accrue et de notre détermination à protéger ce que nous avions construit, coûte que coûte.

Les Héritiers des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant