L'académie

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Dans le train nous étions rangés dans un ordre très précis, tout le monde semblait savoir où se placer, dans quel wagon et à côté de qui. Je cherchais mon wagon quand je recroisai Victor. Il se tenait aux cotés d'une fille blonde, surement celle qu'il cherchait tout a l'heure et d'un autre jeune homme. Je m'apprêtais a aller leur demander ou devaient se rassembler les nouveaux élèves mais le jeune homme se fit plus rapide que moi.

– Tu cherches le wagon des nouveaux c'est ca ?

Je pris un moment pour le regarder avant de hocher la tête. Il portait une chemise blanche avec une cravate noire. Ses cheveux, de la même couleur que ceux de Victor étaient bien peignés et tirés en arrière lui donnant un air soigné et élégant.

– Wagon numéro un miss, il répondit avec un sourire.

Je rebroussai chemin jusqu'au tout premier wagon. Trois filles et deux garçons se trouvaient déjà a l'intérieur. Ils semblaient tous plus jeunes que moi. Soudain, une phrase de mon père refit surface dans mon esprit "Tu as déjà tellement de retard" Peu être qu'ils faisait référence a l'académie. Je me demandais si cette fille rousse en train de lire ou ce blondinet assoupi ont étés habitués a travailler plus dur que ce que je ne l'ai jamais été, et si ils se révélaient être plus brillants que ce que je ne le serais jamais. Peu être que face a eux je n'avais aucune chance de réussir dans cette académie. La seule information que j'avais sur cette école était qu'elle était parfaite pour les enfants sages, les enfants qui se trouvaient dans mon wagon n'avaient probablement jamais voulu frapper leurs parents, ils n'en étaient probablement jamais venus a devenir agressif juste pour un peu d'attention, peu être que comme moi ils obéissaient au doigt et a l'œil a leur parent mais était ce vraiment de la sagesse ? J'avais plutôt l'impression que c'était la plus grosse des conneries. La soumission avait la peur comme meilleure amie et la bêtise comme cousine.

Avant d'entrer dans ce train, penser comme ca m'aurait paru comme le pire des péchés mais a ce moment la ce raisonnement était rassurant, comme les jolis comptes de fées ou la belle jeune fille se fait manipuler et abuser par la méchante belle mère et finit par trouver un beau prince qui va la sauver et lui offrir une vie saine.

Nous arrivions a destination très tard dans la nuit, j'avais passé l'entièreté du trajet a dormir et avait hâte de retourner me coucher dans un dortoir. Je m'apprêtais a jeter le sandwich que ma mère m'avait préparé dans une poubelle quand je sentis une main me tapoter l'épaule.

– On sent la gosse de riche a des kilomètres, aucune pitié pour ceux qui meurent de faim.

Je me retournai pour le dévisager. La grande main fine se révélait être celle du type soigné qui se trouvait avec Victor tout a l'heure. Sa remarque était plutôt comique si on prenait en compte ses petites manières, son style et son physique tout lisse de gros bébé bien pimpant. Ce qu'il fis ensuite me surpris, il retroussa les manches de son costar et se pencha au dessus de la poubelle pour attraper le sandwich et repartir vers ses amis. En marchant derrière eux jusqu'au bâtiment principal de l'académie j'entendis toute leur conversation, ce n'était pas très compliqué, ils parlaient fort, faisaient de grands gestes, surtout le jeune homme qui avait ramassé mon sandwich.

- Si un beau jour cette gamine se retrouve déclassée elle ne jeteras plus jamais de nourriture ça je te le promet, clamait t'il avant de se faire interrompre par la jeune blonde que je n'avais jamais vu le visage.

- Orion, tu souhaites vraiment a quelqu'un d'être déclassé ?

- Si ça peut  changer les idées à cette petite et lui montrer le vrai visage d'Aldamor.

- mais la rumeur dit qu'en classe dix on est considéré comme des fruits pourris qu'il faut éloigner pour éviter de contaminer les autres, intervient Victor avec une étonnante fierté dans la voix. On sera donc dans un bâtiment pour nous tout seul et plus personne ne viendras nous voir, Si on veut se mettre à fond dans notre projet c'est maintenant ou jamais.

Hélas je devais rapidement rejoindre les nouveaux et rentrer dans mon dortoir. Les élèves de l'Academie dormaient dans d'immenses dortoirs numérotés de un à neuf, nous étions douze dans le dortoir numéro un, et avions tous une chambre attitrée. Je n'avais jamais vu d'aussi belles chambres même  dans les hôtels prestigieux dans lesquels je dormais pendant mes compétitions. Il y avait de grandes fenêtres donnant sur l'immense cour et les nombreux bâtiments de l'école, un lit à baldaquin avec des rideaux en satin un bureau et des meubles de rangement en bois massif. Il y avait également une partie commune avec des canapés de cuir, et une grande bibliothèque avec une multitude de livres : Orwell, Dostoïevsky, Huxley, Camus. J'en saisi un afin d'avoir un peu de distraction avant l'heure du coucher et constata que certaines pages étaient peintes en noir, j'essaya de gratter la peinture avec mon ongle quand une grande fille blonde aux cheveux ondulées m'appela

- C'est l'heure des présentations !

Le village des enfants pas sages Où les histoires vivent. Découvrez maintenant