Le bleu de notre histoire [Léon Marchand]

Chapitre 2

- 26 juillet 2024, Pauline-

Il est temps pour moi d'assumer pleinement mon rôle et d'accueillir les nombreux spectateurs qui se pressent à l'entrée de la zone dédiée à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Mon poste se trouve à la principale entrée, la plus prestigieuse, réservée aux billets les plus onéreux. La pluie fine qui glisse sur mes joues ajoute une légère gêne, mais je choisis de l'ignorer. Ce ne sont pas quelques gouttes qui vont troubler ce moment décisif.

La foule s'avance, impatiente, et dans mon oreillette, la voix d'un des organisateurs retentit, m'informant que je peux désormais autoriser l'accès. Je m'approche alors de la barrière, que je relève doucement, et d'une voix posée, je demande aux spectateurs de préparer leur billet et leur pièce d'identité, afin de garantir un passage fluide et sans incident.

Les gens défilent devant moi, un à un, dans un calme respectueux, tendant leur billet et leur justificatif d'identité que je vérifie avec rigueur. Je les gratifie d'un sourire chaleureux en leur souhaitant une soirée inoubliable, et en retour, je reçois des sourires tout aussi sincères. C'est à ce moment que je discerne les Parisiens des touristes. Les premiers, souvent pressés et moins enclins à l'amabilité, contrastent avec les seconds, plus ouverts et aimables. Sans vouloir généraliser, bien sûr, cette petite observation me fait sourire intérieurement.

Autour de moi, l'excitation des enfants est presque palpable, leurs yeux brillent d'impatience à l'idée d'assister au spectacle tant attendu. Pour eux, c'est bien plus qu'un simple événement, c'est le point culminant de l'année, le moment magique qu'ils ont rêvé de voir se dérouler sous leurs yeux émerveillés. Il est donc essentiel que tout se passe à la perfection, que chaque détail soit orchestré avec soin, pour que cette soirée reste gravée dans leur mémoire comme un souvenir inoubliable.

L'entrée des spectateurs se déroule sans le moindre accroc, chacun suivant avec une discipline exemplaire les consignes que je leur ai données. Un soulagement immense m'envahit alors que je vois la foule fluide et ordonnée passer les portiques, comme si tout avait été minutieusement chorégraphié. Alors que je me permets de relâcher un peu la tension qui m'habitait, la voix rassurante de Laurent, l'un des organisateurs, vient résonner dans mon oreillette, me ramenant à la concentration nécessaire pour le reste de la soirée.

« Tu peux baisser les barrières.

- Reçu. »

Je m'avance vers l'entrée, prêt à abaisser les barrières pour clore l'accès, lorsque soudain, mon cœur s'emballe. Là, devant moi, je reconnais des visages familiers, des personnes que je connais trop bien, se précipitant vers moi dans une course effrénée pour franchir la dernière limite. L'émotion me submerge, mêlant surprise et appréhension, alors que leur présence inattendue fait vaciller mon assurance.

« Pauline ?

- Bonsoir... »

Je fixe le couple du regard, mes yeux s'attardant sur Oscar, dont le sourire incandescent rappelle douloureusement celui de son frère. Un frisson me parcourt l'échine alors que je déglutis, cherchant à retrouver mon calme. Prétendre que leur présence ici me surprendrait serait une pure illusion. Au fond de moi, j'ai toujours su qu'un jour ou l'autre, nos chemins se croiseraient à nouveau, comme une fatalité inévitable.

« Je peux voir vos billets et vos pièces d'identités s'il vous plait ? »

Ils acquiescent en silence, me tendant les documents demandés, leur sourire toujours accroché aux lèvres malgré une légère gêne perceptible. Je les guide vers leur place, tentant de dissimuler mon trouble derrière un masque de courtoisie. La main de Céline se pose doucement sur mon épaule, son contact à la fois chaleureux et intrusif. Elle me questionne sur ma vie, sur ce que je fais, sur l'ambiance qui règne au sein de ma famille... Des interrogations qui se bousculent, auxquelles je n'ai pas le temps, ni peut-être le courage, de répondre pleinement.