Le bleu de notre histoire [Léon Marchand]

Chapitre 8

- 29 juillet 2024, Pauline-

Je me contemple dans le miroir de la salle de bain, et un profond soupir s'échappe de mes lèvres. Mon reflet me renvoie une image épuisée, marquée par une nuit agitée. Je n'ai pas fermé l'œil, hantée par des pensées que je n'arrivais pas à chasser. Je n'ai cessé d'imaginer Léon, probablement en train de fêter sa victoire avec sa copine, célébrant leur bonheur comme il se doit.

Le sommeil m'a fui, encore plus après avoir reçu un message de Thomas. Il me demandait de le rejoindre dans un café, non loin de mon hôtel, pour discuter de ce qui s'était passé la veille. Je resserre ma queue de cheval, range mon tee-shirt dans mon pantalon, puis quitte la salle de bain avec un visage marqué par la fatigue. J'ai beau rêver d'une nuit paisible dans un lit confortable, cela semble être un luxe inaccessible ces derniers temps.

Je quitte ma chambre et descends les escaliers qui mènent au hall de l'hôtel. J'avais déjà informé Stéphanie que j'avais un engagement avant de me rendre à Paris La Défense Arena. Bien sûr, elle m'a sermonné sur l'importance d'être ponctuelle. Une fois dehors, le soleil me frappe de plein fouet, m'obligeant à poser mes lunettes de soleil sur mon nez. Je consulte l'adresse du café sur Maps, puis commence à marcher dans la direction indiquée, l'esprit encore embrumé par les événements de la veille.

Lorsque j'arrive enfin au café, cinq minutes à peine se sont écoulées, mais Thomas est déjà là, installé autour d'une table, le regard plongé dans l'écran de son téléphone. Il porte un tee-shirt simple et un short blanc, une paire de lunettes de soleil dissimulant ses yeux verts. Je m'arrête un instant, prenant une profonde inspiration pour calmer les battements de mon cœur, puis traverse le passage piéton qui me sépare du café.

À mon approche, il lève la tête et son regard se pose sur moi. Lentement, il se lève de sa chaise, retire ses lunettes, dévoilant ainsi ses yeux d'un vert profond, brillants sous la lumière du jour. Mon dieu... Il est d'une beauté saisissante, et pendant un instant, je me sens presque désarmée face à ce charme magnétique qui n'a rien perdu de son intensité.

« Salut... »

Il se penche pour me claquer la bise, son geste rapide mais empreint d'une familiarité troublante, puis je m'installe en face de lui. Par politesse, je retire mes lunettes de soleil, révélant sans doute les marques visibles de ma nuit agitée. Son visage se fige un instant, une grimace imperceptible trahissant son inquiétude lorsqu'il constate l'état de fatigue qui pèse sur mes traits.

« Tout va bien ? Tu as l'air d'être épuisée.

- Je le suis, ouais... »

Thomas ouvre la bouche, prêt à dire quelque chose, mais la serveuse arrive à ce moment précis, interrompant son élan en nous tendant les cartes pour passer commande. Le temps nous étant compté, je choisis de me contenter d'une simple tasse de chocolat chaud accompagnée d'un croissant. De son côté, Thomas se permet un festin, optant pour un jus d'orange fraîchement pressé, un cappuccino crémeux, un pain au chocolat doré, un croissant croustillant, du fromage affiné, et des œufs brouillés. Un véritable petit-déjeuner de champion, ne laissant rien au hasard.

« Alors, tu veux qu'on parle d'hier ?

- Ouah, tu attaques direct le sujet.

- Disons que je n'ai pas spécialement le temps...

- Ouais, je m'en doute. Mais, oui, j'aimerai qu'on parle d'hier.

- Je t'écoute. »

Thomas se pince les lèvres, hésitant, comme s'il cherchait le bon fil pour démêler ses pensées. De mon côté, je sens que ma voix, habituellement plus douce, s'est imprégnée d'une colère sourde, d'une froideur que je peine à contrôler en sa présence. La fatigue pèse lourd sur mon cœur, exacerbe chaque sentiment, amplifie ma frustration. Je me rends compte que cette lassitude, ce manque de repos, nourrit des émotions que je pensais maîtriser, et c'est contre lui, contre Thomas, que tout cela semble se retourner.