Le bleu de notre histoire [Léon Marchand]

Chapitre 5

- 27 juillet 2024, Léon-

« Mais tu es complètement taré ! Pourquoi tu as fait ça ?

- Je ne sais pas. Ok ? Je n'en ai aucune putain d'idée. »

Oscar, mon petit frère, se frappe le front d'un geste théâtral et comique alors que nous marchons vers la Défense Arena, impatients d'assister aux demi-finales et finales tant attendues. Ses yeux pétillent de cette lueur enthousiaste typique de l'enfance, et je ne peux m'empêcher de sourire face à son enthousiasme contagieux.

J'ai reçu une invitation pour cet événement prestigieux, accompagnée de places que j'ai généreusement partagées avec Oscar, dont les supplications avaient été aussi persistantes qu'irrésistibles. Mes parents, eux, ont choisi de décliner l'invitation, préférant profiter d'un repos bien mérité. Et pourtant, malgré le doux confort du canapé et les tentations d'une soirée tranquille, je n'avais pas le cœur à refuser cette opportunité.

En fait, refuser aurait signifié éteindre l'éclat des yeux de mon frère et manquer un moment précieux partagé avec lui. C'était une occasion trop belle pour la laisser passer, une chance de vivre ensemble la magie des Jeux Olympiques, malgré la fatigue et le confort que j'aurais pu choisir.

« Qui le sait ?

- Toi. Et uniquement toi. Puis, les directeurs, évidemment.

- C'est absurde...

- Je sais. Mais... »

Je me pince les lèvres, cherchant mes mots. Même si je ne les prononce pas, Oscar me comprend. Il m'a toujours compris, d'ailleurs. Ce n'est pas mon frère pour rien.

« Est-ce que ça va aller pour demain ?

- C'est moi qui ai demandé, Oscar. Je ne sais pas si je vais le regretter mais... J'ai besoin qu'elle soit là.

- Très bien. Je n'insiste pas. »

Je le remercie d'un sourire, puis glisse mon bras autour de ses épaules dans un geste complice. Ensemble, nous nous dirigeons vers l'entrée imposante du bâtiment, nos pas résonnant sur le pavé. Autour de nous, l'agitation des bénévoles est palpable alors qu'ils contrôlent les billets des spectateurs. Leurs gestes sont précis, méthodiques, mais mon regard scrute les visages, à la recherche de celui qui me rassurerait.

Pourtant, aucune trace de Pauline parmi eux. Mon cœur se serre légèrement, une pointe d'inquiétude s'immisce dans mon esprit. Où peut-elle bien être ? Peut-être s'affaire-t-elle déjà à l'intérieur, absorbée par ses responsabilités. Du moins, c'est ce que je me murmure, espérant de tout cœur la retrouver derrière ces murs.

Une jeune femme nous accueille avec un sourire radieux, illuminant son visage d'une bienveillance désarmante. À peine avons-nous franchi son regard que je surprends mon frère, fidèle à lui-même, se lancer dans un numéro de séduction dont il a le secret. Un éclat de rire m'échappe, incapable de contenir ma réaction face à son éternel penchant pour la drague. Nous lui tendons nos billets, accompagnés de nos pièces d'identité, sous son regard attentif. Avant de s'éloigner, Oscar, dans un geste qui lui est propre, lui adresse un clin d'œil, lourd de sous-entendus, laissant derrière lui une trace de son charme espiègle.

« Tu ne peux pas t'empêcher de draguer, hein.

- Je suis beau, j'en profite. Tu devrais faire pareil.

- Je n'ai pas le temps pour ça.

- Ouais. Tu es surtout absorbé par une belle blonde prénommée Pauline. » Dit-il en roulant des yeux. « Belle blonde qui va finir par te filer entre les doigts si tu ne réagis pas.