Chapitre 4

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- 27 juillet 2024, Pauline-

« Mais quel connard ! » Hurle Constance en balançant son propre oreiller dans notre chambre.

Hier soir, en rentrant de la cérémonie, je n'avais ni la force ni les mots pour expliquer les larmes qui me brûlaient encore les joues. Au lieu de cela, je me suis blottie contre ma meilleure amie, cherchant un refuge silencieux dans sa présence. Comme il y a quatre ans, elle a glissé ses doigts dans mes cheveux, apaisant ma peine sans poser de questions, avec cette tendresse qui ne demande rien en retour. Mais ce matin, à la lumière du jour, je savais qu'il me fallait briser ce silence. Il n'était plus possible de fuir cette conversation, de taire ce chagrin. J'étais obligée de lui révéler les raisons de mon état, de dévoiler cette part de moi qui souffre encore.

« Constance, c'est bon...

- Ah non ! Ce n'est pas bon ! Il brise ton cœur au lieu de briser ton cul. Ce mec ne pense qu'à sa gueule ! »

Un éclat de rire m'échappe, suivie de près par Constance, qui réalise soudain la portée de sa plaisanterie. Elle s'écroule de rire sur le lit, ses éclats résonnant dans la pièce comme une douce mélodie. La voir ainsi, légère et insouciante, me réchauffe le cœur. Je me sens chanceuse de l'avoir à mes côtés pour ces Jeux Olympiques. Peut-être que s'engager comme bénévoles n'était pas la décision la plus sage, mais au moins, cela nous permet de partager cette aventure ensemble. Et à cet instant, je ne regrette rien.

« Je sais ce que tu vas faire ! » Dit-elle en se relevant subitement.

Elle s'assoit en tailleur sur mon lit, me rejoignant dans une posture à la fois familière et réconfortante. Avec une douceur infinie, elle prend mes mains dans les siennes, son regard ancré dans le mien. Pourtant, une étrange appréhension me serre le cœur. Pourquoi cette crainte sourde, ce pressentiment qui me fait redouter les mots qu'elle s'apprête à prononcer ?

« Tu vas draguer Mathis !

- Quoi ? Pourquoi ?

- Réfléchis un peu ! Pour rendre jaloux Léon, évidemment. »

Je ne suis pas convaincue que ce soit la meilleure solution. Je connais bien Léon, et je me souviens qu'au lycée, il laissait souvent la jalousie ternir ses regards. Quatre années se sont écoulées depuis, peut-être a-t-il changé... ou peut-être que certains sentiments ne s'effacent jamais vraiment.

« Non, je ne vais pas faire ça. C'est absurde.

- Ce qui est absurde c'est que tu ne réalises pas que Léon te brise le cœur depuis quatre ans ! Pauline, ça fait quatre ans que tu n'as pas couché avec un mec parce que tu attends désespérément que l'amour de ta vie reviennes. Secoue-toi un peu ma vieille ! »

Constance me prend par les épaules et me secoue doucement, tentant sans doute de remettre un peu d'ordre dans mes pensées chaotiques. Elle n'a pas tort. Depuis le départ de Léon, je n'ai connu aucune autre relation, ni amoureuse ni charnelle.

Je nourrissais l'espoir insensé qu'un jour il reviendrait, qu'il frapperait à ma porte pour m'avouer que j'étais l'amour de sa vie, que je n'avais jamais cessé de compter pour lui. Mais il n'est jamais revenu. Tandis que je l'attendais, il poursuivait ses rêves, s'épanouissant alors que je me noyais dans mes larmes, m'accrochant désespérément à l'idée que tout pourrait redevenir comme avant.

« Pauline, ça me fait mal de te le dire mais Léon a fait son choix. Il préfère se tourner vers la natation et tu le sais... »

Voilà pourquoi j'admire tant ma meilleure amie. Elle possède ce courage rare de dire les choses telles qu'elles sont, sans craindre les conséquences, même si cela signifie parfois blesser la personne en face d'elle. C'est une force qui la définit, une authenticité qu'aucune tempête ne pourra ébranler.

Le bleu de notre histoire [Léon Marchand]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant