Des éclats de rire la réveillèrent.
Elle se releva du lit douillet où elle était allongée. La pièce dans laquelle elle se trouvait était spacieuse et lumineuse. Les rideaux bleu pastel étant tirés, la lumière ne pouvait donc venir que de l'étrange coquillage qui se trouvait sur la table de chevet, à proximité de sa couche.
A ses côtés, un plateau-repas ainsi qu'un mot avaient été placés. Elle déchiffra tant bien que mal l'écriture brouillonne lui disant d'aller dans la chambre au fond du couloir après avoir pris des forces et mis des vêtements propres. Effectivement, un ensemble blanc-doré l'attendait sur une chaise à proximité.
Les autres meubles occupant la pièce étaient un tableau représentant un lever de soleil sur l'océan, une bibliothèque où logeaient quantités de bouquins tous plus énormes les uns que les autres, un miroir en forme de goutte, un vieux bureau, une chaise assortie, ainsi qu'un tapis de la même couleur que les rideaux, qui semblait tout aussi confortable que le lit dans lequel elle était. Affamée, elle dévora le repas qui lui était destiné -composé de moules encore chaudes et d'haricots de mer- puis quitta les guenilles qu'elle portait -un vieux t-shirt et un pantalon troué- pour les vêtements que l'on lui avait préparés.
Ses yeux louchèrent sur le miroir. Elle s'approcha puis osa regarder son reflet.
Elle avait de longs cheveux ondulés brun foncé et des yeux vert émeraude. Une peau laiteuse révélait des joues rose pâle parsemées de taches de rousseur. Elle aurait pu être magnifique, mais ses lèvres atrocement gercées et les cernes sous ses yeux la faisaient ressembler à une revenante. Elle était également squelettique, comme si elle n'avait pas mangé depuis des années. Elle se donna une douzaine ou une quinzaine d'années.
Elle essaya tant bien que mal de s'arranger, en démêlant ses cheveux comme elle le pouvait et en plaquant un faible sourire sur son visage, puis ouvrit la porte en bois de bouleau qui donnait sur un long couloir, afin de rencontrer son mystérieux sauveur.
* * * * * * * *
Les rires qui l'avaient réveillée y résonnaient. Plus elle s'approchait de la chambre dans laquelle elle devait se rendre, plus ils s'amplifiaient. Lorsqu'elle arriva au lieu où elle était conviée, elle hésita.
Devait-elle frapper ?
C'était peut-être un piège après tout. Les rires s'arrêtèrent soudainement comme s'ils avaient senti sa présence. Elle se résolu donc à asséner de deux coups brefs la porte qui se présentait à elle.
Personne ne vint l'ouvrir. Elle s'apprêtait à en donner un troisième lorsque la poignée bougea. La porte s'ouvrit alors sur un beau jeune homme d'une quinzaine d'années.
Il était assez grand et musclé, avait des cheveux couleur sang lui cachant une bonne partie du visage et des yeux rouge vif, comme si un feu ardent crépitait à l'intérieur de ses iris. Néanmoins, son visage semblait sans vie. Une cicatrice lui barrait l'œil gauche, mais cela n'enlevait rien au charme du garçon dont la principale qualité étaient les cils incroyablement longs. Sans doute était-ce la raison qui poussait celle qui devait être Laune à se perdre dans son regard. Une voix la tira de sa contemplation.
– Salut, dit cette dernière, moi c'est Amberly !
La fillette a qui appartenait ce timbre aigu avait les cheveux longs, fins et de couleur bleu ciel, attachés en une queue de cheval haute, ainsi que des yeux bleus marines dans lesquels luisaient des étincelles de vie. Mais ce qui brillait le plus était le sourire qui remontait jusqu'aux oreilles étrangement pointues de cette Amberly. Oreilles parées de deux magnifiques bijoux : une étoile d'un côté, et un croissant de lune de l'autre. Elle devait avoir douze ou treize ans. Laune la dévisagea, observa le beau garçon puis revint vers la jeune fille. L'une bleue, l'autre rouge. Y avait-il un code couleur dont personne ne lui avait fait part ici ?!
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L'Oubliée
Fantasy"Les souvenirs ne sont qu'une façade derrière laquelle la vérité se cache..." Lorsqu'elle se réveille, elle n'a plus aucun souvenir de son passé... Qui est-elle ? Et que fait-elle ici ? Et si ses souvenirs n'était pas la seule chose oubliée ? S...