Yuzhen émergea lentement de son sommeil, le regard embrumé et la tête lourde. Elle prit conscience des secousses douces du taxi qui la transportait à travers les rues nocturnes de la ville. La lumière des réverbères entrait par les vitres, projetant des ombres dans l’habitacle. Un sentiment de confusion l'envahit. Où était-elle ? Pourquoi se trouvait-elle là ?
Le chauffeur, un homme d’âge moyen avec des cheveux grisonnants, jeta un coup d’œil dans le rétroviseur et rompit le silence.
« Mademoiselle, vous m’avez demandé de vous conduire à cette adresse, n'est-ce pas ? »
Il répéta l'adresse d'une voix incertaine, celle de la maison familiale, un lieu qui n'avait jamais été un foyer chaleureux pour elle. Il attendait une confirmation.
Yuzhen, encore groggy, sortit son téléphone pour vérifier la date. Le 15 août. Son cœur se serra soudainement. Le 15 août… La date de l'accident de Wei. Comme frappée par la foudre, elle sentit les larmes monter à ses yeux, coulant bientôt librement le long de son visage. Elle pouvait encore se souvenir de ce sourire qu'il lui adressait innocemment.
Elle repassait en boucle les derniers événements dans sa tête, cherchant désespérément un plan qui pourrait la sortir de cette impasse. C'est alors qu'une pensée soudaine lui vint à l'esprit. Si elle se rendait là-bas... Peut-être qu'elle trouverait une solution. Sans hésiter, elle se pencha vers le chauffeur et changea brusquement de direction, déterminée à suivre cette nouvelle intuition.
Sans perdre une seconde, elle changea frénétiquement l'adresse sur son téléphone et la montra au chauffeur. Si elle avait pu faire quelque chose pour prévenir cette tragédie... Peut-être que tout aurait été différent.
« Non, je… Je dois aller là-bas à la place ! » sa voix tremblait d'urgence. « S'il vous plaît, allez-y vite ! »
Le chauffeur, alerté par le ton pressant de Yuzhen, hocha la tête et accéléra sans poser de questions. Yuzhen, elle, était plongée dans ses pensées, espérant pouvoir changer les choses.
Elle se souvenait clairement des mots du médecin, sa voix résonnant dans sa tête comme un écho douloureux alors qu'elle avait déjà essayé de le soigner.
« Il est resté un long moment sur place avant que les secours n'arrivent… Le pauvre s'est vidé de son sang, et le choc crânien qu'il a subi l'a rendu ainsi. » avait expliqué le médecin avec une tristesse mesurée, mais palpable.
Yuzhen savait que si quelqu'un avait été là plus tôt, si quelqu'un avait pu maintenir une pression sur la plaie avant l'arrivée des secours, les choses auraient pu être différentes. Mais il était trop tard maintenant elle ne pouvait plus rien n'y faire. Elle le grand médecin caché, s'était pour la première fois sentit impuissante face a un patient qui avait besoin de son aide.
Le taxi finit par s'arrêter brusquement, interrompant ses pensées. Yuzhen leva les yeux et aperçut, au loin, la voiture accidentée, écrasée contre un arbre. La scène était telle qu’elle l'avait imaginée tant de fois, et pourtant, la voir de ses propres yeux était un choc.
« Appelez les secours, vite ! » cria-t-elle au chauffeur alors qu’elle se précipitait hors du taxi, courant vers le véhicule endommagé.
Elle atteignit la voiture, son souffle court. Wei était là, assis au volant, la tête penchée en avant, du sang coulant de son front. Il était inconscient. Le monde sembla s’arrêter autour d’elle, le bruit de la ville s’évanouissant, laissant place au silence assourdissant de la panique.
« Wei ! » hurla-t-elle en frappant contre la vitre. « Wei, réveille-toi ! »
Aucune réponse. Son cœur battait à tout rompre, une peur viscérale la saisissant.
Elle tira désespérément sur la poignée de la portière, mais celle-ci refusait de s'ouvrir. Le désespoir la submergea, mais elle ne pouvait pas se permettre d’abandonner. Sans réfléchir, elle chercha frénétiquement autour d'elle et trouva une pierre. Sans hésiter, elle l'abattit contre la vitre de la portière avec toute la force qu’elle put rassembler. Le verre se brisa dans un fracas, la coupant légèrement à la main, mais elle ne sentit presque rien sous l’effet de l’adrénaline.
Elle se pencha à l’intérieur de la voiture pour déverrouiller la portière, ses mains tremblantes. Une fois ouverte, elle se précipita pour tirer Wei hors du véhicule. Il était lourd, son corps mou inerte entre ses bras, mais Yuzhen puisa dans ses dernières forces pour le tirer à l’air libre.
Le voyant ainsi, ensanglanté et vulnérable, elle sentit son propre cœur se briser. Mais il n'y avait pas de temps pour les larmes.
« Tiens bon, Wei… s'il te plaît, tiens bon… » murmura-t-elle en appuyant sur la plaie à sa tête, essayant de stopper l'hémorragie. Le sang chaud s’échappait entre ses doigts, mais elle continua, déterminée, la panique dans sa voix commençant à se muer en prière.
Le chauffeur sortit de son taxi, téléphone à l’oreille, appelant les secours d'une voix urgente. Yuzhen, quant à elle, continuait de parler à Wei, sa voix se brisant sous le poids de l'émotion.
« Tu n’as pas à t’inquiéter, grande sœur est là… » dit-elle, tentant de rassurer autant Wei qu'elle-même. Mais elle sentait ses forces la quitter peu à peu. Son propre bras saignait abondamment, le monde autour d’elle devenait flou.
Elle lutta pour rester consciente, s'accrochant à l'idée que les secours arriveraient à temps. Mais chaque seconde paraissait une éternité, et la fatigue la gagnait rapidement.
« Wei… » murmura-t-elle une dernière fois, avant que ses paupières ne deviennent trop lourdes pour rester ouvertes.
Son esprit vacillait, oscillant entre des images de son passé et la réalité qui s'échappait peu à peu. Elle tenta de garder les yeux ouverts, de se raccrocher à quelque chose, mais une obscurité douce l'envahit, la plongeant dans un abîme de silence. La dernière chose dont elle se souvint fut le visage inquiet de Wei, avant que tout ne disparaisse dans l'oubli.
Le bruit lointain des sirènes se rapprochait, mais pour Yuzhen, tout devenait noir. Le froid s'insinuait en elle, ses mains devenaient engourdies, et pourtant, une étrange paix commençait à l'envahir. Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait. Désormais, le destin devait suivre son cours. Cette pensée, bien que terrifiante, lui apportait une sorte de réconfort alors que la lumière s'éteignait doucement dans son esprit.
Juste avant que tout ne devienne noir, elle eut une dernière pensée pour Wei, une prière silencieuse, un souhait ardent : que cette fois, les choses soient différentes, que cette fois, elle puisse le sauver. Puis, elle sombra dans l'inconscience, ses dernières sensations se diluant dans le vide.
VOUS LISEZ
The CEO's wife is crazy
Teen FictionYuzhen a consacré sa vie à protéger ses frères, faisant des sacrifices déchirants pour eux, tout en étant ignorée et exploitée par sa propre famille. Malgré cela, Wei, un homme au mental d'enfant en raison d'un accident, est la seule personne à la...