𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝙸𝚅

17 5 0
                                    

Giuliano.

J'observai ma tasse de café qui attend patiemment que je la boive. Pendant ce temps, je regardai par la fenêtre les enfants jouer dans la neige en bas. Tout en sirotant mon café brûlant, je les observai courir et se lancer des boules de neige les uns sur les autres. La neige était quasiment tous les jours ici, au Canada, et, je détestais ça. Je préférais la pluie.

— Tu comptes y aller comme ça ?

Je me retournai et vis mon père ajustant sa cravate avec soin. J'observai anxieusement mon téléphone, puis soufflai avec déception.

Je me regardai dans le miroir du salon. J'étais vêtu d'un jogging large noir et d'un pull ample de la même couleur que mon bas.

— C'est juste un vol. Ce n'est pas un défilé, insistai-je tout en jaugeant sa tenue.

Mon père éclata de rire, il s'approcha de moi et plongea son regard bleu dans le mien, identique au sien. Je me sentis presque submergé par son regard. Il posa sa main sur mon épaule.

— Je t'ai redonné une deuxième chance. Ne sabote pas l'image des Morreti.

C'était à mon tour de rire. Je retirai sa main et fis un pas en arrière.

— Garde tes avertissements pour ceux qui en ont peur, crachai-je.

— Fais attention, Giuliano.

Je lui adressai un dernier sourire mauvais, bu une dernière gorgée de mon café brûlant en saisissant mon téléphone. Mes yeux parcouraient les lettres, les messages qu'on m'avait envoyé. Elle.

Est-ce que ça va ?
J'ai fait quelque chose de mal ?
S'il te plaît, réponds...
Je n'aime pas dormir lorsque nous sommes fâchés.
Excuse-moi d'être autant chiante.

Une boule se forma dans mon ventre et une migraine atroce m'envahit, probablement à cause de la nuit passée avec Jeremy. Je n'avais pas bu autant que lui, mais le manque de sommeil se faisait sentir, et le vol prévu pour aujourd'hui n'améliorait en rien la situation.

— Ne sois pas aussi contrarié. Tu vas attraper plus de rides que moi.

Je levai les sourcils alors qu'il continua avec un sourire :

— Je suis sûr que tu vas t'amuser aux Etats-Unis ! Je ne te donne pas ce poste pour te taper des minettes non plus, ajouta-t-il en se moquant de moi. On peut s'attendre à tout avec toi...

Mon père avait toujours voulu faire de moi sa petite poupée, modelant mes choix et mes actions selon son idéal. Il aspirait à ce que je devienne un deuxième Lorenzo Morreti : un tyran. Mais ses attentes étaient aux antipodes des miennes. Je détestais ses tentatives de contrôle, ses jugements et ses approbations. Je ne voulais pas suivre ses pas ni marcher sur le chemin qu'il avait tracé pour moi. Je détestais son comportement et sa vision du monde.

Ce nouveau départ n'avait aucun sens, comme tous les autres. Ils ne m'avaient rien apporté, jusqu'à ce qu'il me lègue son entreprise, située dans une de mes villes préférées. Je l'appelais "la pluie" parce qu'il y pleuvait tout le temps. C'était en partie pour cela que j'acceptais, pour la première fois, de faire un nouveau départ, mais toujours en voyageant avec mon père. Il voulait me contrôler à tout prix et, comme j'avais fait des erreurs et n'avais plus un sou, c'était comme vendre mon âme au diable.

— Le vol est dans deux heures. Un chauffeur t'accompagnera chez toi.

La seule chose positive dans toute cette histoire était que j'avais un appartement sans les pattes de Lorenzo.

UNRAVELEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant