Aleyna. 𐙚J'observais silencieusement les familles qui défilaient devant moi, chacune abritée sous leur parapluie. Le temps était humide, froid comme j'aimais. Ils passèrent devant moi alors que j'étais assise à les dévisager. Même dans la pluie, ils étaient heureux. J'apercevais le bonheur, la joie sur leur visage. Je regardai mes habits s'imprégner de la belle pluie : ma veste en cuir, mon haut rose épousant ma peau et mon jeans bleu.
Je tripotai mes doigts alors que mes yeux étaient bloqués sur une petite fille qui faisait un bisou à son père. Mon cœur se serra à la vue de cette belle image qui me faisait pourtant mal. Je ressentais la douleur qui montait jusqu'à mon cerveau, me provocant un mal de tête. Ma gorge se noua et mes larmes menacèrent de couler. Je me mordis l'intérieur de ma joue, luttant à tout prix de pleurer devant tout le monde.
Mais mes efforts furent vains. Les larmes glissèrent lentement le long de mes joues alors que je regardais mes Converses se gorger d'eau, témoins silencieux de ma peine.
— Pourquoi tu pleures ?
Je relevai la tête vers mon interlocutrice. J'écarquillai les yeux et je dégageai mes larmes de mes joues qui continuèrent à couler. La petite fille s'assit à mes côtés et posa sa main mouillée à cause de la pluie sur la mienne.
— C'est une maladie qui fait que mes yeux pleurent tous seuls, mentis-je avec un sourire tendu.
Sa capuche glissa de sa petite tête, et je la remis délicatement en place. Les reflets bleus de ses yeux me rappelaient étrangement ceux de Giuliano.
— J'ai eu peur. Je n'aime pas voir les gens tristes. Ça me fait penser à maman qui pleure souvent, confia-t-elle avec une sincérité désarmante.
Je me mordis la lèvre inférieure, luttant contre l'envie irrépressible de sangloter. Je forçai un sourire sur mes lèvres, dissimulant mes émotions derrière une façade de calme apparent.
— T'as pas mal ?
— La douleur, c'est comme de la colle qui s'est attachée à moi. Je ne la ressens plus.
C'était complètement faux. La douleur était présente à chaque instant, comme maintenant. Elle était plus profonde que je ne le pensais. Et j'aimais malheureusement sentir cette plaie. C'était devenu mon réconfort.
Elle hocha la tête. Je la vis regarder mes cheveux gonflés par l'humidité, puis plonger ses mains dedans. Elle en sortit une feuille morte.
— La feuille, c'est comme de la colle. Elle est attirée par les cheveux.
Un rire m'échappa alors que je fixais la feuille tomber au sol.
— Tes parents sont où, petit cœur ? demandai-je.
Petit cœur.
Le surnom que papa me donnait lorsque j'avais cinq ans. Il disait que j'avais un petit cœur pur et...
Que j'étais son petit cœur préféré.
Elle pointa du doigt ses parents qui étaient en train de rire avec un autre enfant. Ils étaient dans ce parc juste en face de nous.
— C'est mon petit frère, Noam. Mes parents le préfèrent, je suis sûre. Ils ne font pas beaucoup attention à moi, mais je ne suis pas jalouse.
J'aime beaucoup être seule, confia-t-elle avec une tranquille maturité.Je me retournai vers elle, écarquillant les yeux.
— Tu as quel âge ?
— Six ans, dit-elle en souriant. Et toi ?
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UNRAVELED
RomantizmAleyna Jones vit un cauchemar éveillé depuis la mort tragique de sa petite sœur. Encore chez ses parents, ces derniers refusent obstinément qu'elle quitte le domicile familial, amplifiant son déséquilibre mental et son malaise dans cette maison deve...