Chapitre 6: Rencontres nocturnes

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Cléa marchait d'un pas lent dans le parc, ses pensées tourbillonnant comme des feuilles emportées par le vent. Elle avait quitté la  maison précipitamment, incapable de supporter un instant de plus les regards inquisiteurs et les remarques insidieuses de sa famille sur son corps. Les soupirs désapprobateurs, les commentaires déguisés en conseils bienveillants – tout cela pesait lourd sur ses épaules déjà fragiles.

Le parc était presque désert à cette heure tardive, seulement éclairé par la lueur pâle des lampadaires. Les arbres projettaient des ombres longues et inquiétantes sur le sol, mais pour Cléa, cette obscurité était plus réconfortante que n'importe quelle lumière artificielle. La nuit enveloppait ses angoisses, les diluait dans le silence apaisant.

Elle s'arrêta un instant près d'un banc, levant les yeux vers le ciel étoilé. La voûte céleste semblait immense, infinie, et elle se sentit minuscule, insignifiante face à cette grandeur. Peut-être que dans cette immensité, ses problèmes perdaient de leur importance, se dissipaent comme des poussières d'étoiles. Cléa ferma les yeux, cherchant un semblant de paix intérieure, mais ses pensées revenaient sans cesse vers les regards pesants et les mots blessants prononcés par sa famille.

Soudain, une voix interrompit le cours de ses réflexions :

"La nuit c'est apaisant, n'est-ce pas ?"

Cléa sursauta légèrement et ouvrit les yeux, cherchant l'origine de la voix. Un homme était assis sur le banc devant elle, à peine visible dans la pénombre. Il avait une posture décontractée, les mains enfoncées dans les poches de son manteau, et semblait regarder les étoiles avec une intensité contemplative.

"Excusez-moi si je vous ai fait peur.Je ne pouvais m'empêcher de remarquer que vous sembliez aussi trouver la nuit apaisante."

Cléa hésita un instant, déconcertée par cette rencontre inattendue. "Oui, c'est vrai," répondit-elle finalement.

"La nuit, tout paraît différent. Plus calme, plus... supportable."

L'homme sourit, un sourire à peine perceptible dans la faible lumière.

"Je m'appelle Timothée," dit-il en se levant pour se rapprocher légèrement. "Et vous ?"

"Cléa," répondit-elle, un peu hésitante mais intriguée par cet inconnu qui semblait partager ses sentiments nocturnes.

"Alors, Cléa, dit Timothée après un moment de silence, "qu'est-ce qui vous amène ici à cette heure tardive ?"

Cléa soupira profondément.

"C'est compliqué," dit-elle, évitant de le regarder directement. "Des choses familiales... et personnelles. Je n'avais nulle part où aller pour échapper à tout ça, alors je suis venue ici."

Timothée hocha la tête, comme s'il comprenait parfaitement.

"La famille peut être difficile à gérer parfois. Parfois, les attentes et les jugements des autres deviennent écrasants."

Cléa tourna finalement la tête vers lui, surprise par la justesse de ses paroles.
"Oui, c'est exactement ça," soupira-t-elle, sa voix empreinte d'une certaine émotion. "Comment avez-vous deviné ?"

"Disons que j'ai moi aussi eu ma part de problèmes familiaux," répondit-il, son regard toujours fixé sur le ciel étoilé. "Je trouve que la nuit est un bon moment pour réfléchir, loin des regards et des attentes des autres."

Cléa sentit une vague de réconfort en entendant ces mots. Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait de savoir qu'elle n'était pas seule dans ses luttes.

"Qu'est-ce qui vous amène ici, vous ?" demanda-t-elle après un moment.

Timothée resta silencieux un instant, comme s'il pesait ses mots.

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