Raven Grimshade

Lorianna

Billie Eilish - Bittersuite

Derrière le comptoir, je me laisse envahir par les effluves du café chaud que, pour une fois, je n'ai pas oublié. Les huit dernières nuits ont été compliquées. Max dort encore dans ma chambre, il ne m'a pas quitté une seule fois, et pourtant, quelque chose en moi voudrait retrouver Raven dans la sienne chaque milieu de nuit, reprendre là où tout s'est arrêté, là où une part de moi se sentait presque normale.

Mais je n'ai pas le droit, et pourtant, j'en ai envie. Je ne veux pas blesser Max, tout comme je n'aime pas cette situation, cette histoire qui risque de mal finir. Mon cœur me fait mal, les larmes commencent à rouler sur mes joues, sans que je puisse les retenir.

J'observe autour de moi, je ne vois que du chaos, un reflet de ce que je suis continuellement, si ce n'est encore plus depuis que je n'ai pas eu le temps de goûter à ses lèvres. Raven m'évite, et je sais pourquoi. J'aimerais qu'il revienne, qu'il m'enlace, qu'il pose ses lèvres sur mon cou, sur ma peau, qu'il me touche. Mais je ne peux pas lui demander ça, pas alors que je suis en couple, enfin, ce qu'il en reste.

Je ne supporte pas cette situation. Si seulement tout pouvait être si simple, si facile par moment.

Les pensées s'agitent dans ma tête, un chaos qui refuse de se calmer. Je veux être avec Raven, mais je suis encore avec Max. Chaque jour passé ainsi me fait sentir comme si je trahissais tout le monde, y compris moi-même.

Mon cœur bat trop fort, et les larmes continuent de couler, témoins silencieux de la tempête qui fait rage en moi. Je me demande comment j'en suis arrivée là, à ce point de rupture où je ne sais plus quoi faire, où chaque choix semble me condamner à une forme de souffrance.

Je me sens piégée, incapable de voir une issue à ce désordre que j'ai créé. Et dans tout ce chaos, il y a Raven, lui qui représente un possible échappatoire, mais aussi une source de confusion et de douleur. Je me bats contre moi-même, contre ce désir qui me ronge, et contre la culpabilité qui me consume.

Je voudrais que tout cela cesse, que les choses redeviennent simples, mais je sais que c'est impossible. Je suis coincée dans ce tourbillon, et je ne sais pas comment en sortir. Je me contente de boire mon café, laissant la chaleur du liquide essayer de réconforter un cœur qui en a bien besoin, en vain. Je suis perdue, et je ne sais pas si je trouverai un jour mon chemin.

Mon attention se porte sur le bruit de l'eau, le doux murmure de la pluie contre les fenêtres. Il pleut aujourd'hui, et le temps est aussi maussade que mon esprit. Je pose ma tasse, le liquide réchauffant n'ayant rien fait pour apaiser la tempête intérieure, et m'approche de la baie vitrée, une main se posant sur le verre froid.

L'envie de sortir devient pressante, presque irrésistible. La pluie a ce pouvoir de dissimuler les larmes, d'effacer les joues mouillées, de masquer le chagrin que mon cœur continue de conserver. L'idée de me laisser submerger par la pluie, de laisser l'eau me purifier, me tire soudain de ma torpeur.

Sans réfléchir davantage, je me dirige vers la porte, enfile mes tennis rapidement, et quitte l'appartement à toute vitesse. Le besoin de m'échapper est plus fort que tout, plus fort que la peur de ce que je pourrais trouver à l'extérieur, plus fort que la douleur qui me ronge.

Je descends les escaliers en courant, ma respiration s'accélérant avec chaque marche franchie. L'air frais m'accueille brutalement lorsque je sors enfin, et la pluie me frappe immédiatement, froide, mais étrangement apaisante. Je m'arrête un instant, levant la tête vers le ciel gris, laissant les gouttes ruisseler sur mon visage.

C'est comme si chaque goutte emportait un peu de ma douleur, comme si la pluie lavait la confusion et la peine qui m'oppressent. Je ferme les yeux, me laissant envahir par la sensation, par ce moment de liberté.