Raven

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Yeux dorés, rire mélodieux, sourire rayonnant. Je n'ai que ça en tête, jour après jour, nuit après nuit. Lorianna. Cette femme qui occupe mes pensées de manière obsessionnelle, qui fait vaciller mes certitudes, et que je n'arrive pas à chasser de mon esprit.

Et puis, ce connard. Celui qui ne sait pas prendre soin d'elle comme elle le mérite, qui la laisse se débattre seule avec ses pensées et ses distractions, qui lui demandent sans cesse de faire des choses pour lui alors qu'elle mérite qu'on fasse les choses pour elle. Ça me rend fou. Plus je pense à lui, à la façon dont il la traite, plus la colère monte en moi. Parce qu'elle mérite mieux. Bien mieux.

Lorianna n'est pas comme les autres. Je l'ai compris dès le départ. Il y a quelque chose en elle, un désordre, un chaos qui semble l'envelopper constamment, et pourtant, ça la rend incroyablement attachante. Elle a besoin de quelqu'un qui puisse la soutenir, qui puisse l'aider à naviguer à travers ce chaos intérieur, et je sens au fond de moi que je pourrais être cette personne, même si l'idée me terrifie.

Je le sais, je l'ai compris ce jour-là, dans cette ruelle, dans ce supermarché, quand elle m'a regardé avec ses yeux dorés, remplis d'une confusion que je comprenais bien trop. Et putain, ça me fout en rogne. Je déteste ce que je ressens, cette attirance, ce besoin de la protéger, de la sortir de ce bordel dans lequel elle semble constamment se noyer. Mais en même temps, je ne peux m'empêcher de ressentir ça. Je déteste ce connard qui squatte son lit depuis quatre nuits, alors qu'il n'a aucune idée de la valeur de ce qu'il a entre les mains.

J'ai horreur qu'elle s'occupe de moi, qu'elle soigne mes plaies que je me fais volontairement, par besoin, par envie de sentir quelque chose, n'importe quoi. J'aime la sensation de ses doigts sur ma peau, la douceur avec laquelle elle tente de réparer ce qui, au fond, est irréparable. Il y a quelque chose de rassurant, presque apaisant, dans la manière dont elle s'inquiète pour moi, même si ça me fait mal de savoir qu'elle se fait du souci pour quelqu'un, quelqu'un comme moi. Moi, putain.

Je déteste l'entendre me confirmer qu'elle se sent mal quand je ne suis pas là, mais en même temps, je me surprends à aimer le savoir. C'est un sentiment contradictoire, quelque chose qui me déstabilise plus que je ne l'aurais cru possible.

Lorianna est un putain de paradoxe, et moi, je suis pris au piège dans ce qu'elle me fait ressentir. Je suis en colère, je suis perdu, et je n'ai aucune idée de comment sortir de cette situation sans tout foutre en l'air. Mais ce que je sais, c'est que, malgré tout, je ne peux pas la laisser tomber. Pas maintenant. Pas tant que je suis persuadé qu'elle a besoin de moi.

Je ne suis pas bon pour elle. Je le crois, je le sens dans chaque fibre de mon être. Je suis un foutu danger, une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment. Et pourtant, elle est bonne pour moi. Je le ressens à chaque fois que ses doigts effleurent ma peau, à chaque regard qu'elle pose sur moi, des regards qui... qui martèlent ma poitrine d'une manière que je n'arrive pas à comprendre.

Mais je ne dois pas. Je ne peux pas me laisser aller à ça, pas avec elle. Je suis un putain de mec dangereux, quelqu'un qui pourrait facilement briser cette femme déjà tourmentée, même si je ne sais pas par quoi elle est hantée. Elle a ses propres démons, des choses qu'elle essaie de gérer à sa manière, et je ne devrais pas m'en mêler.

Et pourtant, malgré tout ça, malgré tout ce que je sais de moi, de ma capacité à détruire ce que je touche, elle me donne envie de l'aider. De la protéger, de faire en sorte qu'elle ne se sente plus jamais seule dans ce chaos qui l'entoure. C'est détraqué. C'est comme si chaque fois qu'elle me regarde, chaque fois qu'elle s'inquiète pour moi, une partie de moi se fissure, laissant entrer quelque chose de plus doux, de plus humain.

Raven GrimshadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant