Raven Grimshade

Raven

Neoni - Darkside

Je la regarde, le souffle court, essayant de masquer la tempête qui gronde en moi. Chaque fois que je pose les yeux sur elle, je ressens cette vague de culpabilité qui me submerge. J'ai beau me dire que c'était un accident, que je ne voulais pas la blesser, ça n'atténue en rien la douleur que je ressens en voyant ses grimaces, en sachant que c'est moi qui les ai causées, même si elle pense qu'elle peut me mentir. Je la connais, je connais chacune de ses expressions et celles que j'aperçois, je les détestes parce que j'ai manqué à mon devoir de la mettre en sécurité.

Le reste du combat s'est déroulé sans incident majeur, mais je ne peux pas ignorer ce qui s'est passé. À chaque mouvement, j'étais hyperconscient de ses réactions, de la moindre hésitation, du moindre signe de distraction. C'est comme si, malgré tous mes efforts pour la protéger, je l'avais exposée à ce que je redoutais le plus : la blesser, même involontairement.

À plusieurs reprises, j'ai dû la rappeler à l'ordre, l'ancrer dans le moment présent, pour éviter qu'elle ne se perde dans ses pensées, qu'elle ne se laisse distraire. Ce n'est pas de sa faute, je le sais. Le TDAH fait partie d'elle, tout comme cette lumière qui la rend si unique. Mais sur le ring, ça peut devenir un danger, et ça me terrifie.

Quand je la vois s'agiter, son esprit vagabondant ailleurs, je ressens cette peur viscérale qu'elle ne se fasse à nouveau mal, qu'elle se perde dans son propre monde au point de ne plus voir le danger venir. Et chaque fois, c'est un coup de poing invisible qui me frappe, un rappel brutal de la responsabilité que j'ai envers elle, de la difficulté de trouver cet équilibre entre l'entraînement et la protection.

Je m'en veux de l'avoir poussée à ça, de ne pas avoir su trouver une autre manière de gérer ma propre colère, ma propre violence. Elle mérite mieux, tellement mieux. Et je me demande si je suis vraiment la personne qu'il lui faut, si je suis capable de lui offrir ce qu'elle mérite sans la mettre en danger. Mais malgré ces doutes, je ne peux pas m'empêcher de vouloir la garder près de moi, de vouloir être celui qui la protège, même contre moi-même.

L'eau ruisselle sur sa chair, ses cheveux collant à sa peau, son corps se détendant. Je ne peux plus attendre, le désir me consume, j'ai besoin de la sentir contre moi, de lui montrer qu'elle est tout ce qui compte pour moi. D'un geste rapide, j'ôte mon short de boxe et entre dans la douche, mes mains se posant sur ses hanches, ma bouche trouvant sa nuque, savourant le goût salé de sa peau.

Elle soupire de satisfaction, se tournant pour me faire face, et c'est là que je le vois. La marque, ce bleu sombre qui se dessine sur son abdomen, un rappel cruel de ce que je lui ai fait, de ce que je n'aurais jamais dû laisser arriver.

Le contraste entre sa peau délicate et cette marque tirant sur le violet me fait l'effet d'un coup de poing en plein cœur.

Je sens la colère monter en moi, une colère noire, contre moi-même, contre ma propre incapacité à la protéger de moi.

Je sens ses mains se poser sur ma peau, me forçant à la regarder, mais je suis focalisé sur cette marque qui n'aurait jamais dû abîmer la couleur pâle de sa chair parfaite.

⸺ C'était un accident. Tente-t-elle de me dire.

Ses paroles sont comme un baume sur une plaie béante, mais elles ne suffisent pas à apaiser la tempête qui gronde en moi. Ce bleu sombre ne cesse de me rappeler ma propre brutalité, ma propre incapacité à la protéger comme je le devrais.

Je sens sa main glisser le long de mon bras, douce et réconfortante, mais je ne peux détacher mon regard de cette blessure que je lui ai infligée. Chaque fibre de mon être crie que je devrais m'éloigner, la laisser me quitter, mais le besoin de la garder près de moi, de la sentir contre moi, est plus fort que tout.