Chapitre 11

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Gabriel se réveilla en sursaut, les cris stridents du film résonnant encore dans ses oreilles, comme s'ils avaient laissé une empreinte indélébile dans son esprit. Les ombres projetées par l'écran de télévision dansaient sur les murs, semblant prendre vie dans l'obscurité, amplifiant l'inquiétude qui l'étreignait. Chaque battement de son cœur résonnait dans sa poitrine, rapide, irrégulier, un écho de la terreur qui l'habitait encore. Il cligna des yeux, tentant de reprendre pied dans la réalité, mais les images du film restaient gravées, se mêlant aux ombres mouvantes pour créer un paysage mental cauchemardesque.

À côté de lui, Jordan dormait paisiblement, son souffle régulier contrastant vivement avec l'agitation intérieure de Gabriel. La chaleur du corps de Jordan, sa présence rassurante, apportaient un apaisement temporaire, une ancre dans ce tourbillon de peur. Mais malgré tout, l'angoisse persistait, rampante, insidieuse.

Gabriel hésita un instant. Il aurait pu réveiller Jordan, partager avec lui cette peur irrationnelle qui le consumait. Mais il se ravisa. Jordan avait besoin de sommeil, de repos. Il ne devait pas être dérangé par les démons de Gabriel. Il se leva doucement, veillant à ne pas faire de bruit, bien que chaque pas résonnait à ses oreilles comme un coup de tonnerre dans le silence oppressant de la maison. Ses jambes étaient encore lourdes de sommeil, ses mouvements maladroits, et il avançait comme en équilibre sur un fil tendu entre la réalité et le cauchemar.

La nuit semblait porter en elle une menace latente, une tension invisible qui se propageait dans chaque recoin de la maison. Le calme, d'habitude apaisant, était devenu angoissant, presque tangible. Gabriel sentait une présence, quelque chose de sombre, d'invisible, qui l'observait, l'épiant dans l'ombre.

Dans la cuisine, la lumière blafarde de la lune traversait les rideaux, projetant des ombres inquiétantes sur les murs. Gabriel alluma la lumière, le grésillement de l'ampoule brisant un peu plus l'atmosphère pesante. Les ombres se retirèrent, mais la tension demeurait, suspendue dans l'air. Il se versa un verre d'eau, ses gestes mécaniques, ses mains tremblantes. Il avala l'eau d'un trait, espérant que le liquide froid apaise la brûlure de l'angoisse qui l'enserrait.

Lorsqu'il posa le verre sur la table, son regard fut immédiatement attiré par une feuille de papier, placée là de manière presque trop évidente. Un frisson glacé parcourut son échine. Le dessin sur le papier le frappa comme un coup de poing : un jeune homme recroquevillé au sol, une flèche pointant vers lui avec son prénom, "Gabriel", écrit en lettres maladroites à côté. Derrière lui, des gribouillages noirs, grossiers, formaient une masse d'ombres menaçantes. Et dans un coin de la feuille, une inscription tremblante : "Jordan?"

Une vague de froid l'envahit, chaque battement de son cœur devenant un tambour sourd dans le silence oppressant de la maison. Les ombres de la cuisine, que la lumière avait repoussées, semblaient maintenant prendre vie dans son esprit, sinueuses, menaçantes. Les souvenirs de la nuit passée, mélangés à cette vision sinistre, créaient un tourbillon de terreur, de confusion.

Gabriel se sentit glisser, comme si le sol se dérobait sous lui. Il tenta de comprendre, de trouver un sens à ce qu'il voyait, mais ses pensées étaient embrouillées, envahies par la peur. Chaque détail du dessin semblait chargé de menaces, chaque ligne, chaque ombre, portait un poids immense, presque insupportable. Il se sentait observé, comme si les ombres elles-mêmes, issues du dessin, se moquaient de sa vulnérabilité, de son incapacité à agir, à comprendre.

Il posa doucement la feuille sur la table, ses doigts tremblants, puis se dirigea vers l'évier. Il se servit une nouvelle gorgée d'eau, espérant que le simple acte de boire pourrait l'aider à retrouver un semblant de calme. Mais les bruits de la maison semblaient s'amplifier, chaque craquement du sol, chaque souffle du vent contre les fenêtres, se transformant en murmures inquiétants. Les voix du passé, les disputes, les cris, se mêlaient aux bruits de la maison, formant une cacophonie qui l'assourdissait, qui l'étouffait.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 29 ⏰

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