Chapitre 1

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Gabriel errait sur la plage sous un ciel nocturne parsemé d'étoiles. La lune, haute et brillante, se reflétait en une traînée argentée sur les vagues douces qui venaient mourir sur le sable. L'air nocturne était doux et mélancolique, les murmures de la mer créant une symphonie apaisante qui contrastait avec le tumulte intérieur de Gabriel. Chaque vague qui se retirait laissait derrière elle un lustrage éphémère sur le sable, tandis que la lumière lunaire baignait tout d'une clarté irréelle.

Il s’assit sur le sable, enlevant ses lunettes de soleil pour admirer la beauté sereine de la nuit. Le calme de l'océan et la lumière de la lune semblaient offrir un moment de répit dans un monde devenu trop complexe. Gabriel cherchait à capturer cette tranquillité, à la graver dans sa mémoire comme un refuge contre les tempêtes de sa vie. Cette paix, aussi douce qu'elle fût, n'était cependant que temporaire, un leurre avant le retour à la réalité.

Alors qu'il se levait pour partir, il remarqua une silhouette isolée à quelques mètres de là. Un homme, se tenant immobile face à la mer, était absorbé par la contemplation de l'horizon. La scène, éclairée par la lueur lunaire, avait quelque chose de désespérément captivant. L’idée d’interrompre cette solitude troublante et d’offrir une connexion humaine, même éphémère, attirait Gabriel comme un fil invisible.

Il s'approcha lentement, ses pas silencieux sur le sable mouillé. La brise nocturne portait les éclats d'argent de la mer jusqu’à lui, créant un contraste frappant avec les ombres projetées par l’homme sur le sable. Gabriel hésita un instant, puis engagea la conversation.

Bonsoir, lança Gabriel, sa voix trahissant un mélange d'hésitation et de curiosité. J'ai remarqué que tu étais seul, et je pensais qu'une petite discussion pourrait être agréable. Je suis Gabriel.

L’homme tourna lentement la tête, ses yeux glacials captant la lumière de la lune d'une manière presque inhumaine. Il détourna le regard avec une froideur palpable.

Je ne cherche pas de compagnie ce soir.

Le cœur de Gabriel se serra. Cette réponse, empreinte de solitude et de réserve, semblait écho à ses propres luttes internes. Il tenta de masquer son trouble.

Je comprends, murmura-t-il. Je ne voulais pas te déranger. J’étais juste curieux de savoir si tu voulais partager ce moment.

Nous sommes seuls ici, sous cette nuit calme. Si quelqu’un s’approchait de moi sans invitation, je m'interrogerais sur ses intentions.

Je ne pensais pas que mon approche serait perçue comme une menace.

L'homme se leva alors, dominant Gabriel de toute sa hauteur. Gabriel se sentit soudainement minuscule, accentué par la différence de stature entre eux. Ce geste simple semblait amplifier l'étrangeté de la situation.

Ce n’est pas une question de peur, expliqua l’homme, son ton restant distant. C’est une question de prudence.

Qui était cet homme pour juger ainsi ses intentions ?

Tu crois vraiment que je fais peur ? siffla-t-il, les bras écartés dans un geste défiant.

L'homme, que Gabriel commençait à détester, le détailla de haut en bas, son regard s'attardant sur ses lunettes de soleil roses en forme de cœur et sa chemise légèrement déboutonnée. Gabriel se sentit humilié sous ce regard évaluateur, comme s'il n'était rien de plus qu'un spectacle ridicule.

Non, tu as plutôt l’air d’un clown , finit-il

Et toi, d’un imbécile.

Réponse idiote, homme idiot, murmura-t-il en se rapprochant de Gabriel.

Gabriel leva le pied et, d’un coup sec, déversa de l'eau de mer sur l'homme. Le geste, à la fois simple et imprévu, fit reculer l’homme qui exprima une surprise mêlée de dégoût.

Les yeux brillants d’une satisfaction fière, regarda l’homme avec une lueur malicieuse.

Parfois, un peu d’eau peut effacer la mauvaise humeur, dit-il avec un ton léger.

L'homme, essuyant l'eau salée de ses vêtements, lança un regard irrité à Gabriel.

Tu as une drôle de façon de régler les conflits, marmonna-t-il.

Gabriel, avec un sourire triomphant et un éclat de défi dans les yeux, fit un pas en arrière.

Jordan, le nom de l'inconnu, regarda Gabriel s’éloigner, les gouttes d’eau salée encore fraîches sur ses jambes. Le reflet de la lune sur l’océan continuait de scintiller, tandis que l’homme se perdait dans la nuit. Un soupir exaspéré échappa à Jordan alors qu’il observait la silhouette de Gabriel disparaître. Il secoua la tête, agacé par le caractère imprévisible et dérangeant de cette rencontre. Une partie de lui savait que cette histoire n’était pas terminée, que quelque part dans le futur proche, leurs chemins se croiseraient à nouveau, et cette pensée le laissait légèrement agacé, comme si l'univers avait décidé de lui offrir un désagrément imprévu.

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