Les ombres rouges.

21.Bulle de bonheur.

Cassie

Mon rendez-vous n'est que dans quelques minutes et je suis excitée comme une puce. Au fond de moi, je ressens tout de même de l'appréhension d'être tombée sur un faux positif. Je me fais déjà une joie de cette grossesse, j'ai peur d'être déçue. Alekseï me tient la main et tous deux, nous nous dirigeons vers l'infirmerie, du moins c'est ce qui est écrit sur l'encadré. Habituellement, je suis soignée directement dans la chambre d'Andreï.

— Détends-toi, tout se passera bien !

— Comment sais-tu que je m'inquiète ?

— Tu mords ta lèvre.

Un ultime sourire, un dernier baiser sur le front, c'est tout ce qu'il me fallait pour ouvrir la porte et découvrir Andreï, qui nous attendait.

— Ah vous voilà enfin ! Installe-toi, ma colombe, elle arrive.

J'ai à peine le temps de poser mes fesses sur le lit médicalisé qu'une femme resplendissante entre dans la pièce. Un sentiment de désespoir m'envahit, car elle est tout simplement sublime. Grande, avec des jambes interminables mises en valeur par sa jupe crayon. Sa prestance naturelle et ses cheveux bruns magnifiques me laissent sans voix. Je tourne plusieurs fois la tête vers mes deux hommes et ce que je vois me rassure et me réchauffe instantanément le cœur. L'un me regarde intensément comme si sa vie en dépendait et l'autre me sourit tout comme si c'était le matin de Noël. À aucun moment, leurs yeux n'ont inspecté le corps de cette déesse. Rassérénée, je me détends et m'allonge confortablement.

— Bonjour, je suis le docteur Nichols, mais vous pouvez m'appeler Diane.

— Bonjour, Diane. Je me nomme Cassie.

— Enchantée de faire ta connaissance, Cassie. Alors, dites-moi pourquoi Monsieur Sokolov a exigé la sortie de mon bloc ?!

— Je pense être enceinte. J'ai fait un test urinaire et mes règles sont en retard.

— En effet, c'est un bon début. Nous allons voir cela de plus près.

Elle extrait tout son matériel de sa mallette roulante et l'installe.

— Pouvez-vous découvrir votre ventre, s'il vous plaît ? Oh ! Je ne vous ai pas demandé, mais ces deux hommes restent avec vous ?

— Oui, effectivement ! Je les veux tous deux à mes côtés !

— Bien, je suis désolée, ça va être un peu froid. Vous êtes prête ?

— Plus que jamais !

— Première grossesse ?

— Deuxième !

J'ai répondu plus rapidement qu'envisagé, conduisant le gloussement de Diane, que je viens de choisir comme ma nouvelle confidente après tout qui mieux qu'un médecin tenu au secret médical pour s'épancher ? Mise à part mes hommes, bien sûr, mais un peu de féminité dans ce monde de brutes sera une véritable bouffée d'oxygène ! Je le garde pour moi pour le moment, mais il s'agit bel et bien d'une deuxième grossesse. Ce qui varie de la première, c'est que celle-ci soit, bien que surprise, est désirée. Tandis que la première était le résultat d'un viol. Cela présente toute la différence. Dès le début, j'accepte cette grossesse avec joie. Mes yeux repèrent d'eux-mêmes la petite poche où mon bébé se situe. Malgré qu'on ne puisse pas encore le voir, son cœur bat déjà très fort et régulièrement. Je suis enceinte : c'est confirmé ! Je me tourne vers Andreï, qui reste figé devant l'écran, analysant chaque millimètre de l'image. Alekseï, lui, a de lui-même attrapé ma main lorsqu'il a entendu le rythme cardiaque, et il me serre fort, comme si sa vie en dépendait. Ses yeux sont embués. Faisant monter mes propres larmes de bonheur.