𝑯𝑶𝑷𝑬𝑳𝑬𝑺𝑺 (TERMINÉE)

15.𝐍𝐞 𝐦'𝐚𝐛𝐚𝐧𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬⎮𝐄𝐯𝐞

Le sel est un exhausteur de goût , mais si tu en mets trop, tu peux jeter ton plat... C'est un peu comme ça que je vois Cameron.

Oups, bichou.

Bonne lecture, mes amours
(N'oubliez pas la petite étoile)

...

Ève

Le bruit de nos chaussures résonne en harmonie. Lui comme moi ne parlons pas mais le silence n'est jamais pesant quand nous sommes avec les bonnes personnes.

L'odeur des pizzas qu'il tient dans ses bras chatouille mon nez. J'entends mon ventre gargouiller, il se recrevillit sur lui-même pour me rappeler qu'on n'a rien avalé de la journée.

Jamais, j'aurai pensé qu'aujourd'hui finirait ainsi. Quand je suis partie de chez grand-mère pour aller à mon entraînement, le dîner ne me semblait pas aussi loin. Pourtant, j'ai l'impression que dix ans se sont écoulés en l'espace d'une seule journée.

À en juger les cernes de Parker, quand il m'ouvre la portière, je jurai qu'il appuierait mes dires. Il semble encore plus abattu que moi. Alors pour ne pas lui infliger plus de soucis, je décide de ravaler ma douleur et de retenir la grimace qui veut étirer mon visage. Je la camoufle derrière un sourire. Et si en général, le capitaine n'aurait jamais cru à ma mascarade, ses pensées l'incombent trop pour qu'il s'en rende compte.

Ace occupe toutes ses pensées ou peut-être qu'elles sont liées au nouveau joueur de hockey. Je me demande quel genre d'homme est-il, mais surtout, j'ai peur qu'il vienne renverser tout ce qu'on a construit ces deux derniers mois.

Si j'imagine cela, je ne voudrais pas savoir ce qui traverse la tête des deux meilleurs amis. Ils font les durs, n'avouent jamais quand quelque chose les blesse. Pourtant, s'il y a bien un sujet qu'il ne faut pas évoquer, c'est Jack.

Sa chambre est vide mais elle lui appartient toujours.

Comment vont-ils gérer cela ?

Bonne question.

— Il commence à pleuvoir, m'informe Parker, à peine monté dans la voiture.

— On devrait y aller alors... Perséphone m'a envoyé un message. Ace et elle viennent de rentrer.

En entendant son prénom, je remarque que ses épaules se baissent de quelques centimètres. On dirait qu'il porte à nouveau le monde sur son dos.

— Elle a précisé comment il allait ?

— Une tête de mort pour emoji, c'est une précision ?

— Quand il est question de Ace... oui.

Parker dépose les pizzas sur mes genoux sans m'adresser un seul regard. Il tourne la clé, les phares éclairent la pluie qui commence à tomber. Le moteur vrombit quand nous nous engageons enfin sur la route.

Les rues sont désertes. Si l'été, les étudiants adorent faire la fête, ils sont un peu moins présents quand le temps n'est plus de notre côté.

Arrêtés au feu rouge, c'est la voix de Parker qui me sort de mes pensées.

— Ils sont beaux.

Mon regard suit son doigt quand j'aperçois enfin de qu'il parle. Un jeune couple s'embrasse sous la pluie, sourires éclatants aux lèvres. On dirait qu'une bulle s'est formée autour d'eux, ils ne semblent pas impactés par la pluie qui tombe comme si l'univers lui appartenait.