Raska X Zafeel - De la connaissance à l'amour -

Un mur de protection

Les semaines passèrent et Simon retrouva progressivement une routine. Il avait quitté le cocon rassurant de chez Aristide pour retourner chez lui, à Angers. Après l'incident de la menace de mort devant le LOAT, il avait tenté de reprendre une vie normale. À première vue, tout semblait aller mieux. Les angoisses semblaient se dissiper, et les rires revenaient parfois, quoique plus rares. Il se disait que le pire était derrière lui. Pourtant, une ombre planait encore, invisible mais omniprésente.

Les premiers jours, Simon se força à suivre un rythme sain. Il se levait tôt, sortait pour prendre l'air, voyait ses amis et travaillait sur ses vidéos avec une énergie renouvelée. Il était soulagé de constater qu'il pouvait encore trouver du plaisir dans son travail, qu'il pouvait se perdre dans le montage, la création musicale, et l'interaction avec sa communauté. Mais cette routine rassurante fut brutalement interrompue une nuit.

Cette nuit-là, Simon s'endormit rapidement, comme si son corps épuisé réclamait enfin le repos. Mais au milieu de la nuit, il se réveilla en sursaut, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Il venait de faire un cauchemar. Dans ce rêve, il se retrouvait de nouveau devant le LOAT, les rues d'Angers désertes et sombres autour de lui. Le silence était assourdissant. Et là, sur le sol, écrit à la craie blanche, le message qu'il redoutait plus que tout : « Raska t'es mort. »

Mais cette fois, le message semblait presque vivant. Les lettres se tordaient, s'étiraient, prenant des formes grotesques et menaçantes. Puis, elles se détachaient du sol, formant une silhouette noire qui avançait vers lui. Simon voulait courir, mais ses pieds restaient collés au sol, l'empêchant de fuir. La silhouette s'approchait, de plus en plus près, jusqu'à ce qu'il sente sa présence oppressante tout autour de lui. Et alors qu'il était sur le point d'être englouti par cette ombre, il se réveilla, le corps tremblant, une sueur froide coulant le long de son dos.

Il resta assis dans son lit pendant de longues minutes, incapable de se rendormir. La réalité lui sembla presque aussi oppressante que le cauchemar. Cette nuit-là marqua le début d'un changement subtil mais profond dans son comportement. Il commença à redouter le moment de se coucher, à craindre de retrouver ces images terrifiantes dès qu'il fermerait les yeux. Alors, pour éviter d'affronter la nuit, Simon se réfugia dans le travail.

Au début, il se disait qu'il avait simplement besoin de se changer les idées, de se concentrer sur quelque chose de productif. Mais rapidement, le travail devint une obsession. Chaque soir, au lieu de se coucher, il restait des heures devant son ordinateur, peaufinant ses montages, répondant aux messages de ses abonnés, travaillant sur de nouveaux projets. Les nuits s'allongeaient, et les heures de sommeil se réduisaient. Il ne s'en rendait pas vraiment compte, ou peut-être refusait-il de l'admettre, mais il était en train de s'épuiser.

Ses amis remarquèrent le changement. Aristide, surtout, s'inquiétait de voir Simon s'isoler de plus en plus. Ils avaient toujours été proches, mais récemment, Simon semblait distant, même lorsqu'ils étaient ensemble. Il répondait aux messages avec de moins en moins d'enthousiasme, et lorsqu'ils se voyaient, il semblait constamment ailleurs, comme s'il avait laissé une partie de lui-même dans son ordinateur. Aristide tenta de le faire parler, de comprendre ce qui n'allait pas, mais Simon se contentait de sourire faiblement, affirmant que tout allait bien.

Simon - « Je suis juste un peu fatigué. J'ai beaucoup de boulot en ce moment. »

Aristide n'était pas dupe, mais il ne voulait pas forcer Simon à s'ouvrir. Il espérait que son compagnon finirait par trouver un équilibre, comme il l'avait toujours fait. Mais au fond de lui, une inquiétude grandissait. Il voyait bien que Simon se jetait à corps perdu dans le travail, qu'il utilisait cela comme une échappatoire, et il savait que cela ne pouvait pas durer éternellement.