De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. Réécriture

Chapitre 18.5 : Goliath

Goliath

À peine suis-je arrivé que j'aperçois au loin des ombres se déplacer dans la nuit, comme de sombres serpents glissant silencieusement sur la terre froide. Les silhouettes sont floues, indistinctes, mais leur mouvement est familier. Mon cœur se serre légèrement, une sensation d'oppression m'envahit. Pas besoin d'être un génie pour savoir qui est là. Le souvenir amer de ce que j'ai fait à ce royaume revient me hanter comme un écho lointain et douloureux. J'ai privé ce royaume de son peuple il y a déjà un moment, et maintenant, ils reviennent comme des spectres, des fantômes du passé que je croyais avoir enterrés à jamais.

Je demande à Zuldris de se poser délicatement au sol, son souffle chaud faisant voler un nuage de poussière autour de nous. Les grandes ailes de la bête s'étendent majestueusement, puis se replient avec grâce alors que je descends silencieusement. La terre sous mes pieds semble vibrer, comme si elle reconnaissait le retour de son ancien bourreau. Je me faufile discrètement vers la faible lumière que je vois plus loin, mon esprit en alerte, mes sens aiguisés comme des lames prêtes à trancher la moindre menace.

Le vent murmure à mes oreilles des paroles incompréhensibles, et les arbres autour de moi semblent se pencher, curieux de mon passage. Chaque pas que je fais me rapproche de cette lumière vacillante, comme un phare dans la mer obscure de la nuit. Mon cœur bat plus fort à mesure que je m'approche, un mélange d'excitation et de crainte me serrant la poitrine. Que vais-je découvrir cette fois-ci ? Une embuscade ? Une trahison ? Les souvenirs de mes anciens combats refont surface, teintés de sang et de larmes.

— C'est bon, vous l'avez ? j'entends une voix familière, brisant le silence oppressant de la nuit.

— Oui, acquiesce une voix inconnue, rauque et chargée de méfiance.

Je me dirige vers le côté d'une maison ombragée, la pierre froide contre ma peau me rappelant les murs des forteresses où j'ai tant de fois cherché refuge. Je cherche une position avantageuse pour mieux voir la scène, mais un son strident derrière moi m'indique une présence. Le crissement des branches sous un pied maladroit, ou peut-être la chute d'une feuille morte, me tire brusquement de mes pensées.

— Tiens tiens, Roi Goliath Rudrius de Dreyfus, ravi de faire votre connaissance.

Je fais volte-face, le cœur battant à tout rompre, et me retrouve nez à nez avec un être imposant, un Ao Guang. Sa présence ici est aussi improbable que dérangeante. Qu'est-ce qu'un être du cinquante-et-unième monde peut bien faire ici ? Sa silhouette se découpe dans la nuit, plus grande et plus sinistre que je ne l'avais imaginé. Ses écailles scintillent faiblement sous la lueur des étoiles, et ses yeux perçants me fixent avec une intensité qui me fait frissonner.

— À qui ai-je l'honneur ?

Ma voix est ferme, mais mon esprit tourne à toute vitesse, cherchant à comprendre la situation.

— Sâng Diû.

Le nom me frappe comme un coup de poing. Un nom chargé de légendes et de terreur, un nom qui évoque des histoires de destruction et de chaos.

— Que fais-tu ici ? Votre peuple est autorisé comme tous les autres à venir à condition de se présenter aux deux rois. En l'occurrence, ce monde n'en possède qu'un désormais, alors vous auriez dû vous présenter au château de Dreyfus.

— C'est chose faite, mais vous n'y étiez point, dit-il avec un sourire narquois, ses crocs pointus scintillant dans l'obscurité.

— Quel dommage... je rétorque, tentant de garder mon calme malgré la situation.

La tension dans l'air est palpable, comme si ce monde lui-même retenait son souffle.

Je me sens encerclé, la pression monte. Mon instinct me crie de fuir, mais je suis un roi, je ne peux montrer la moindre faiblesse. Un mouvement à ma droite attire mon attention, et je tourne la tête juste à temps pour voir une silhouette bien connue se détacher de l'ombre. Mon cœur rate un battement.