« Et ils vécurent heureux pour toujours. »
Je fermai le livre que je venais de finir. Lily s'était enfin endormie. Je posai son petit ours en peluche à côté d'elle avant de lui embrasser le front et quitter la chambre en prenant soin d'éteindre la lumière. Le choque de la porte d'entrée me fit sursauter. Qui donc pouvait-il être ? Ce n'est sûrement pas Clair. Elle avait l'habitude de rentrer très tard. Je marchai doucement et fus surprise de voir Clair. Elle me sourit chaleureusement et je ne pus m'empêcher de lui réciproquer le geste.
« Lily dort ? » Me demanda-t-elle, en se débarrassant de ses chaussures.
« Oui. Vous êtes rentrée très tôt aujourd'hui. »Les mots étaient sortis de ma bouche tous seuls. Je ne pouvais pas les contrôler.
Comme réponse, elle sourit tout en me tendant une somme d'argent et je pus distinguer à quel point ses yeux, d'habitude gris, étaient devenus sombres et sa peau pâle. Je pris mon sac, la saluai et sortit de son appartement. Je marchai le long du couloir en allumant mon téléphone et tournai vers les escaliers. Trop occupée par le petit appareil, je rentrai dans quelqu'un et faillis tomber. Je dis « faillis » parce qu'un bras masculin m'encercla, m'empêchant d'entrer en contact avec le sol. Je me dégageai de cette emprise hâtivement et levai mes yeux qui rentrèrent directement en contact avec des iris vert émeraude. C'était une couleur dont on n'avait pas vraiment l'habitude mais elle était belle. J'étais incapable de détacher mes yeux des siens. J'étais incapable de regarder autre chose que ces yeux. J'étais incapable de détailler son visage. J'étais incapable de distinguer ses traits. J'étais dans un état d'incapacité que je n'avais jamais vécu. Je me sentais de marbre. J'avais l'impression d'avoir les yeux d'une statue de cire tellement ils refusaient de m'obéir. Oui, mes yeux refusaient de m'obéir et de se détacher de ce regard émeraude hypnotisant. Je voulais réagir mais mon état ne me le permettait pas. J'ouvris ma bouche pour parler mais aucun son ne voulait sortir. Je n'arrivais pas à le croire. Mon corps, mon propre corps refusait de faire le moindre geste. Cet inconnu n'avait verrouillé que son regard avec le mien pourtant, je dirai que tout mon organisme était prisonnier.
« Vous allez bien ? » Demanda-t-il.
Il venait de parler. Sa voix était rauque mais à la fois douce et mélodieuse. Evidemment, je l'avais entendu. Mais je n'arrivais pas à lui répondre. Ma bouche était ouverte mais tous mes mots s'étaient envolés.
« Mademoiselle, est-ce que ça va ? » Demanda-t-il encore une fois en m'effleurant le bras.
« Euh... Oui, je vais bien merci. »
Je pus enfin parler. Je baissai rapidement mon regard sans même prendre la peine de regarder son visage. Sa main était toujours sur mon épaule. Je sentais que je devrais le regarder si on reste comme ça.
« Je... Je suis désolée » Articulai-je.
« Non c'était de ma faute, je m'excuse. »
« Plutôt la mienne, c'est moi qui suis désolée. Excusez-moi, je dois partir. »
Je croisai mes bras pour sentir la chaleur que me procurait mon manteau et avançai toujours en évitant de lever les yeux.
Qu'est-ce que c'était ? Je soupirai, ne trouvant pas d'explication à ce qui venait de se passer. Je continuai ma marche vers l'immeuble d'en face. Je pris, comme à mon habitude, l'escalier pour arriver chez moi. J'ouvris la porte et entrai. Jurica était toujours réveillée. C'était Jurica, quoi ! La fille des fêtes et des nuits blanches. Je gloussai et me dirigeai vers ma colocataire. Je lui tirai une mèche blonde rebelle et elle me sourit. Après quelques échanges, je lui souhaitai bonne nuit et m'enfermai dans ma chambre. Je me changeai et m'allongeai sur mon lit en éteignant la lumière, sans vraiment avoir sommeil. Fixant le plafond, je pensais. Je pensais encore à ces magnifiques yeux verts. Je regardai le plafond. Je regardai le plafond parce que les prunelles vertes y étaient. Je regardai le plafond parce que j'avais l'impression que ces mirettes y étaient. Finalement, je fermai mes yeux pour m'en dormir, l'image de ces iris émeraude refusant de me quitter.
***
Notre marche au café se fit silencieuse. J'avais mes écouteurs et Jurica envoyait des messages. On prit notre commande habituelle et s'installa. Jurica n'avait pas l'air normal, ce matin. Un sourire béat sur le visage, elle tapotait toujours sur son téléphone.
« Jurica ? Ça va ? » Demandai-je.
« Hein, oui et toi ? » Elle éclata de rire.
Je ris aussi malgré mon incompréhension. Elle avait un rire contagieux. Je la réappelai et reposai la même question. Malheureusement, j'eus droit à la même réponse. Je soupirai et lui arrachai le téléphone.
« Voyons, voyons la cause de ce sourire rêveur.»
« Joyce, rends moi mon téléphone. Joyce... »
« Ah, alors il s'appelle Kurt et... » Commençai-je mais elle m'arracha le téléphone, un sourire vainqueur sur les lèvres. Je la regardai en attendant des explications. Elle soupira.
«C'est rien, c'est juste un mec. »
« Qui... ? »
« Qui n'est pas du lycée. Je l'ai rencontré dans la fête de la semaine dernière. En parlant de fête, tu viens ce soir ? »
« Oui, bien sûr. J'aimerai bien rencontré ce Kurt. »
« Il ne sera pas présent. »
« Ouais, ouais. »
On continua à discuter et manger. On quitta les lieux vers le lycée. Je commençai par la biologie.
La matinée se passa tranquillement. La pose déjeuner arriva et je décidai d'aller manger en dehors du lycée. Mon sac à l'épaule, je marchai le long de la ruelle qui, bizarrement, était vide. J'entendis un bruit de pas derrière moi. Je m'arrêtai, brusquement, et me retournai. Rien. Seul un vent qui me fit sursauter. Je serrai ma veste et mon sac, avant de reprendre ma marche.
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Unperdictable...
VampireJ'ouvris mes yeux et soupirai en réalisant où j'étais. Toujours la même chambre, toujours le même toit, toujours ce même lit, toujours cette même couverture rose bonbon. Je soufflai encore une fois et m'assis en frottant mes yeux habitués à l'obscur...