Après avoir été témoin de l'agression de ma Porsche Carrera, fait une amnésie temporaire dûe à un choc post-traumatique en oubliant que je n'avais plus de voiture. Être contraint de devoir prendre le métro parce qu'aucun des mythiques taxis jaunes de cette métropole n'était disponible. Et après les remontrances de super mamie de l'année. Me voilà maintenant en train de faire la queue comme un mouton dans une file interminable car, pour m'emmerder encore un peu plus durant cette matinée qui n'est incontestablement pas la mienne, tous les distributeurs de tickets sont... HORS SERVICE.
Je soupire, plus exaspéré que jamais. Et alors que je ferme les yeux pour me détendre un instant, m'imaginant à bord de mon magnifique bolide, je sens une main tapoter mon épaule. Je me retourne et vois, non pas un pantouflard de la cinquantaine mais un binoclard de la vingtaine, qui porte un énorme sac à dos contenant une bibliothèque. Il ressemble au genre de mec qui se fait bousculer dans les couloirs du lycée sans jamais riposter. En le voyant réajuster ses lunettes de vue, qui glissent sur son nez, je pense en serrant les dents, qu'il vient de poser sa main sur un costume d'une valeur de plus de mille dollars.
— Vous aussi vous avez perdu votre titre de transport ? me lance t-il, ignorant la gravité de son geste.
— Votre quoi ? dis-je, réalisant que je n'ai jamais autant prononcé ce pronom relatif depuis l'agression de ma voiture, il y a deux jours.
—Bah, votre titre de transport ? La carte qu'on utilise pour éviter de faire la queue comme ce matin. Il y a un monde fou aujourd'hui, c'est incroyable !
Je lève un sourcil, déconcerté. À force de croiser tant de crétins je vais finir par avoir des rides du front. Ce soir, après une douche bien chaude, j'utiliserai un de ces masques à base de feuilles d'or que j'ai achetés. Cela devrait faire l'affaire pour retrouver un éclat parfait de la peau, et m'éviter de vieillir avant l'âge.
— Je ne connais pas tout ça, votre carte de transport là ! Et tout le reste d'ailleurs.
Le mec explose de rire, se fout littéralement de ma gueule :
— Quoi, vous n'avez jamais pris le métro de votre vie ?
Je soupire. Apparemment, ce matin, je suis contraint de me justifier :
— J'ai une tête à prendre le métro ?
— Ah je vois ! dit-il, en hochant la tête de haut en bas. Vous êtes du genre écolo vous, à faire du vélo, c'est ça ?
Je fronce les sourcils. Mais qu'est-ce que ce gars me raconte ?! A-t-il de la bouse de vache tartinée sur les verres de ses lunettes ? Plus sérieusement, dans quel univers ai-je basculé ?!
— J'ai aussi une tête à faire du vélo, avec la tenue que je porte ? réponds-je, fronçant davantage les sourcils.
Si cela continue, ce n'est pas un masque à base de feuilles d'or dont j'aurais besoin mais d'injections de botox !
Il plisse les yeux, à la recherche d'une erreur qu'il ne voit pas, et je lui balance en ne prenant pas la peine de réfléchir :
- Pourquoi portez-vous des lunettes si elles ne sont pas à votre vue ? C'est complètement ridicule !
Le binoclard semble vexé. Et tout bas, il murmure, en jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule pour s'assurer que personne ne l'entende :
- Heu, disons que... c'est parce que je n'ai pas assez d'argent en ce moment pour m'offrir une nouvelle monture. Mais elles ne sont pas encore complètement usées. Et, j'économise pour pouvoir m'acheter une nouvelle paire.
Je scrute les bouts de scotch qui maintiennent ses lunettes en vie, pensant que ce mec est fauché, dans le déni le plus total, et qu'il veut racheter la même paire qui ne vont pas du tout avec les traits arrondis de son visage.
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MOON AND THE STARS - T1 SOMBRER
RomanceLorsque Moon décide de mettre fin à ses jours suite à une grave dépression dont elle n'arrive pas à guérir. Le jour où elle décide de passer à l'acte, elle croise sur son chemin Khol qui va la sauver de ce geste désespéré. Elle ne voit rien d'autre...