MOON AND THE STARS - T1 SOMBRER

Chapitre 9 - MOON

Je rentre dans la pièce en me sentant extrêmement gênée. Qu'est-ce que je fiche ici ? Chez cet inconnu. Je souffle nerveusement. Et observe le salon-salle à manger qui doit faire plus de cent mètres carrés. Si ce n'est plus. Comme je l'ai entraperçu tout à l'heure, la décoration est autant moderne et luxueuse que celle de la chambre dans laquelle je me suis réveillée. Mais les couleurs sont bien plus chaleureuses. Et chaque élément est minutieusement placé là où il faut. De la plus petite décoration au meuble le plus imposant, comme ce large buffet à quatre portes aux tons bronze et or; près de la table à manger en chêne. Dessus, il y a des vases en cristal baccarat, la plupart sont gravés de la Collection Saint Laurent. Il y a également plusieurs trophées en verre avec inscrit dessus; Meilleur entrepreneur financier de l'année et j'en passe. Mister Pingouin, comme je pouvais m'en douter avec son accoutrement, travaille bien dans la finance. Ce qui m'interpelle le plus, ce sont ces cadres photos qu'ils n'y avaient pas dans la chambre. Ce qui en y réfléchissant est normal, si je pars du principe que c'est une chambre d'ami. Et, il doit y en avoir une multitude dans ce palace. Je ne devrais probablement pas y toucher car cela ne me regarde pas, ça fait partie de son intimité, de sa vie privée. Mais l'une des photos attire tout particulièrement mon attention. Je récupère le cadre pour voir la photo de plus près. Il y a Khol au centre, avec quelques années en moins. Et je suppose, les membres de sa famille; sa mère, son père, deux frères et une sœur. Ils se trouvent dans un grand jardin et derrière, il y a une propriété qui ressemble à la Maison Blanche. Ils semblent tous si heureux. Khol est entourée d'une famille nombreuse et ils ont vraiment l'air de s'aimer très profondément. Parfois, les photos ne reflètent en rien la vérité, ce ne sont que des apparences trompeuses, des clichés. Mais par sûr celle-ci. Ni sur les autres d'ailleurs. Bizarrement, je me sens heureuse pour lui alors que je le connais à peine. Et d'un autre côté, mon cœur se resserre et un sentiment de tristesse m'envahit en repensant à mon propre passé. À ce moment où tout a basculé. Et où je suis passée de la lumière à l'obscurité en une fraction de seconde. Dans la vie, rien n'est jamais acquis. Rien ...

Une larme glisse sur mon visage, je m'empresse de l'essuyer. Puis je dépose délicatement le cadre sur le buffet en entendant les pas de Khol dans le couloir. Je presse le pas et m'assieds sur un canapé panoramique de couleur beige qui pourrait accueillir plus d'une vingtaine de personnes. En face, il y a un énorme écran téléviseur incrusté au mur et en dessous, la même cheminée que dans la chambre, qui doit coûter le prix de l'appartement où je vis. Tout cela est beaucoup trop grand pour une seule personne. Mais quand on est très riche, j'imagine que cette opulence est quelque chose de ... normale. Je suis assise comme un piquet sur le canapé et je tente d'élargir le tee-shirt en tirant vers le bas pour cacher un temps soit peu mes jambes. Quand je pense qu'il voulait que je porte le pantalon de l'une de ses ex ou de ses conquêtes, je me dis que cela pourrait encore me faire sortir de mes gonds. Porter le pantalon pyjama de Barbara et puis quoi encore ?!

Khol entre dans la pièce avec deux gros sacs qui pourraient nourrir tout un régiment. Son masque en tissu avec les feuilles d'or ne recouvre plus que la moitié de son visage. Je me lève du canapé et je me pince les lèvres pour ne pas rire. Cet homme représente tout ce que je déteste, il est égocentrique, autoritaire, matérialiste. Mais je dois avouer que - même avec ce masque ridicule sur son visage, il reste incroyablement beau. Et il a failli me faire rire, ce qui n'est pas rien.

La dernière fois que j'ai rigolé, c'était à la fin de l'année dernière, après avoir fait un extra dans ce Club ultra sélect' où seuls les hommes et les femmes les plus fortunés de New-York peuvent y accéder. Et encore, sous réserve d'être invités en tant que membres d'honneur. Ce Club ressemble à un hôtel particulier pour l'élite de l'élite; prestigieux mais caché aux yeux de tous. Olivia était avec moi ce soir-là. J'avais trop bu, elle non. Mais je me rappelle seulement que, sur le chemin du retour, je rigolais à la moindre phrase qu'elle prononçait. Le lendemain, elle m'a expliqué qu'elle me faisait des remontrances pour avoir bu et pris des médicaments en même temps. Et que moi je rigolais comme une idiote. C'est vrai que ce n'était pas du tout prudent de ma part, c'est pour cela que je ne veux plus faire ces extras; et que je ne dois surtout pas perdre mon job de serveuse. Ce que Khol a du mal à comprendre. Pour sa défense, il n'a pas tous les tenants et les aboutissants. Ce dernier me tend les deux sacs que je récupère et il fronce les sourcils en regardant mes yeux.