MOON AND THE STARS - T1 SOMBRER

CHAPITRE 22 - MOON

"Cette histoire est destinée à un public averti"

Lorsque je suis arrivée à New-York, après avoir utilisé la plus grande partie de mes petites économies pour me payer un billet d'avion, il me restait seulement cinquante dollars en poche. Je n'avais nulle part où loger, aucun travail, aucun plan sur la comète, juste un petit sac de bagages sur le dos et ce fameux billet de cinquante dollars, fourré dans la poche arrière de mon jean.

Mais il fallait que je parte à tout prix de San Francisco. Je devais fuir cette ville où j'étais née, mon passé chaotique, ce psychopathe de Trey, mes sombres secrets ; ce terrible jour où toute ma vie a basculé du bonheur au cauchemar ; en un rien de temps. Je pensais que fuir m'aiderait à devenir une toute autre personne, à m'épanouir dans un autre cadre mais ... Le passé nous rattrape toujours, peu importe là où l'on se trouve, même si c'est à l'autre bout de la planète. Plus particulièrement quand il s'agit d'un passé extrêmement douloureux.

C'est aussi pour cela que je suis prête à signer le Contrat, pour espérer réussir à tourner la page. Khol m'a aussi dit quelque chose dans la chambre d'amis qui n'est pas rentrée dans l'oreille d'une sourde et qui m'a fait beaucoup réfléchir ; Il a dit ... Qu'il ne cherchait qu'à panser mes blessures. Cela m'a particulièrement émue, d'autant plus que ça venait de lui. Et je me rends compte, en n'étant plus auprès de Mister pingouin que c'est ce que je dois faire aussi au lieu de marquer mon corps, pour le blesser. Sur le moment, j'ai la sensation que cela m'aide à moins souffrir. C'est l'effet que cela procure, telle une drogue qui commence à agir sur le cerveau. Ce geste au cercle vicieux, apporte un moment de réconfort face aux sentiments d'angoisse, de vide et de détresse. En contrepartie, peu de temps après, la douleur revient de plus belle et elle est encore plus intolérable.

Alors avec le Contrat, peut-être qu'il n'y aura pas de huitième scarification. Peut-être que j'arriverais à oublier ce passé qui me suit à la trace, qui me hante jusque dans mes rêves pour me torturer inlassablement. Et peut-être que je serais enfin ... heureuse ; grâce au Contrat et ... à Khol. Sa présence me manque déjà. Mais je continue de penser que cela est complètement irrationnel.

Parfois, il m'arrive de me demander ... Si tu devais revenir en arrière, est-ce que tu ferais la même chose ou serais-tu rester à San Francisco pour faire face à tes démons ? La réponse est toujours la même, je partirai sans hésiter. Cette ville, pourtant si magnifique, ne voulait plus de moi et mon cœur ne voulait plus d'elle. Ce fut comme une sorte de séparation à l'amiable. Et, ce que je ressentais là-bas était trop dur à supporter. Tout me rappelait ce moment où la vie a décidé de me conduire vers un autre chemin ; un chemin dangereux et semé d'embûches.

La première chose que j'ai voulu voir à New-York, c'était Times Square, le cœur de cette ville ; parce qu'elle a toujours rêvé d'y aller. Alors je l'ai fait pour elle et en pensant à elle. Sur place, je fus ébahie par toute cette ambiance animée, les écrans publicitaires géants sur les façades des hauts buildings, les spectacles en pleine rue, les restaurants bondés et puis mes angoisses m'ont vite rattrapé. La peur de la foule m'empêchait de voir toutes ces magnifiques couleurs et ce lieu que l'on voit aussi dans les décors de cinéma. Il fallait encore que je fuis, loin ... très loin. Je suis montée dans le premier car touristique que j'ai vu, encore une fois, en ne sachant pas du tout où se trouvait ma destination finale. Je me suis seulement laissée guider par l'inconnu.

Arrivée au terminus, je suis descendue avec les autres passagers pour arriver dans la ville de Harlem, au nord de l'Upper West Side. Je me sentais plus à l'aise dans cet endroit, plus à ma place - même si à l'époque je n'avais encore de place à proprement parler. Alors que les touristes du car visitaient la ville en prenant des tonnes de photos, je me suis éloignée du groupe. Et seule, j'ai traversé la ville en m'imprégnant de chaque lieu, de la culture afro-américaine, des musées, du Jazz qui arrivait à me procurer un moment d'évasion dans un monde où je ne me suis plus jamais sentie à ma place à partir de ce triste jour.