un amour d'enfance

Une surprise de taille

            Tom s'était assis à l'arrière à côté d'une vieille dame. Elle s'appelait Inayé et elle avait 73 ans ainsi que sept petits-enfants dont un qui lui ressemblait, du moins c'était ce qu'elle lui avait affirmé. Le voyage promettait d'être long... Inayé ne semblait par s'apercevoir que Tom ne l'écoutait que d'une oreille distraite. Il repensait à tous ces mois passés loin de Sana. Il avait peur qu'elle lui en veuille de son silence, même si ce n'était pas de sa faute. Mais Sana avait un grand cœur, elle lui pardonnerait rapidement. Il se voyait en train de pique-niquer près de la rivière comme ils avaient l'habitude de le faire au début de chaque printemps. Il lui raconterait tout. Sa mésaventure avec Tristan la fera probablement rire. Elle lui racontera tout ce qu'il avait manqué au village depuis son départ. Son père lui manquait. Il ne lui dira pas où était sa mère. D'ailleurs il ne voulait plus rien à voir avec elle.

Il mit quelques secondes à remarquer que Inayé avait cessé de parler et le regardait comme si elle attendait quelque chose.

_Tu es bien jeune pour voyager tout seul, où sont tes parents ? Demande Inayé.

_Ma mère travaille et elle m'envoie passer des vacances chez mon grand-père. Il m'attendra la gare.

_C'est bien de rendre visite à son Papy, moi mes petits enfants ne sont pas....

Et elle continuait comme si elle n'avait pas parlé depuis cent ans et qu'elle voulait tout rattraper aujourd'hui. Le car s'arrêtait souvent pour laisser descendre des voyageurs ou pour faire des pauses. Tom ne sentait plus ses jambes, et il avait une migraine à cause du monologue ininterrompu de sa voisine. Après deux heures de trajet, la vieille dame finit par s'endormir et Tom l'imita. Il fut réveillé par le chauffeur qui lui secouait l'épaule.

_Terminus, tout le monde descend.

Tom se leva avec difficulté et sortit du car. Il n'y avait que lui et deux femmes. Inayé avait dû descendre plus tôt. Tom regarda sa montre, il était dix-neuf heures trente. Il était près de son but. Sana était tout près, il avait hâte de la voir.

Il marcha le plus vite possible en souriant bêtement. Elle lui avait tellement manquée, son village et son père également. Il se sentait bien. Enfin chez lui...

Sa maison et la maison de Sana n'avaient pas bougé d'un poil. C'était tellement bon d'être en terrain connu. Il regarda les deux portes, mais n'hésita pas longtemps, d'abord Sana puis il irait voir son père. Ce dernier ne l'attendait pas, il risquait d'être surpris. Tom sourit en frappant à la porte. Il ne pouvait s'empêcher de cogner fort, et cela lui rappela son départ. Sa mère qui lui mentait. Il balaya ce souvenir et continua à frapper. Mais la porte ne s'ouvrait pas. Un poids tomba dans son ventre. Pourquoi personne ne répondait ? Il frappa encore plus fort... Peut-être qu'il étaient partis chez la grand-mère, comme le soir de son départ ? Une porte s'ouvrit, mais ce n'était pas la bonne. C'était celle de sa maison. Mais ce n'était pas son père qui en sortit, c'était une femme.

_Il n'y a personne, dit-elle.

_Ils sont peut-être partis chez la grand-mère, dit Tom plein d'espoir.

_Ils ont déménagé il y a plus de deux semaines, dit la femme en le regardant de biais l'air de vouloir fermer la porte.

À ce moment-là une autre tête sortit par la fenêtre. C'était son père.

_Qui est-ce chér... Tom ?

_C'est ton fils ?

_Entre Tom, tu m'as tellement manqué ! Dit le père en le prenant dans ses bras.

Tom était sous le choc. Il ne dit rien. Sana était partie. Il ne la reverra plus.

Tom se réveilla de mauvais poil, son téléphone venait de le tirer d'un sommeil paisible mais bref. Tristan avait dû changé sa sonnerie sans qu'il s'en aperçoive. Il devait l'appeler pour savourer sa plaisanterie.

_Très drôle, tu viens de réveiller toute la maison, dit Tom en décrochant.

_Quoi ? Ah oui la sonnerie, désolé j'avais oublié. Mec 'faut que je te raconte c'est urgent, un truc super géant !!!

_Ça a intérêt à être urgent si tu ne veux pas que je te fasse manger ton téléphone demain matin.

_Waah, je ne savais pas que t'étais si grincheux à trois heures du matin ! Tu dors comme les mémés c'est pas possible !

_ Accouches ou je raccroche !

_ Du calme mon vieux, c'est cette fille, tu sais la bombe atomique, je lui ai parlé ! J'ai même réussi à obtenir un rendez-vous, elle est géniale...

_ C'est vrai je suis content pour toi vieux ! Dit Tom en essayant de toute ses forces de ne pas se rendormir.

_ Je te raconterai tout demain, je te la présenterai aussi elle mange au self...

_ OK, à demain ! Dit Tom.

Jamais Tristan ne lui avait autant parlé d'une fille, et encore moins en le réveillant en pleine nuit. Il était certain maintenant : son ami était amoureux.