Tristan

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       Tristan ne pensait pas que Tom pouvait s'énerver à ce point pour rien. Il ne comprenait pas en quoi c'était mal de vouloir le secouer un peu. À ce rythme, Tom allait finir ses jours seul. Les filles adoraient les conneries auxquelles Tom croyait : le vrai amour et toutes ces idioties romantiques, en plus de le trouver beau. Sandra était belle et plutôt sympa. En quoi c'était mal de vouloir son bonheur ? Tom était vraiment d'une autre espèce. Tristan décida de s'excuser auprès de lui dès le lendemain. Il n'aimait pas le voir en colère, ça ne lui correspondait pas. Tom était un mélancolique mais pas un colérique. Et puis Tristan détestait vraiment prendre le bus. 

       Le lendemain matin, il marchait d'un pas léger en se disant que ce n'était finalement pas une si bonne idée que ça de sortir avec une fille de sa classe. Cette idiote croyait vraiment être obligée de le coller H24! Peut être qu'il faudra s'en débarrasser très vite. Il allait entrer dans la cour lorsqu'il la vit. Une beauté sans artifice, un visage innocent et un regard profond. Voilà sa prochaine proie. Elle avait un visage harmonieux, tu ne pouvais pas en détacher le regard, une silhouette fine et des cheveux longs et lisses lui tombaient jusqu'aux fesses. Elle était parfaite, pensa Tristan, malgré sa petite taille. Il n'était jamais sorti avec ce genre de fille, si timide et fragile... mais c'était un défi à relever ! Au moment où elle relevait la tête, il lui sourit puis une grimace remplaça le sourire lorsque Laura-pot-de-colle s'accrocha à son cou. La fille détourna les yeux.

      Tom mangeait à la cantine mais Tristan ne le voyait nul part. Il devait être au Cdi, c'était un vrai rat de bibliothèque.  Tristan se débarrassa de Laura-pot-de-colle en lui demandant d'aller lui chercher un autre dessert, et pendant ce temps il s'éclipsa discrètement. Il espérait qu'elle le laisse tomber s'il la traitait mal. Cela éviterait de créer  un malaise, et lui permettrait de se consacrer à sa nouvelle conquête.

      Tom lisait un livre en mangeant une pomme au fond de ce trou poussiéreux dans lequel Tristan ne pouvait même pas rester une minute. L'odeur des vieux livres étaient entêtante et on pouvait presque sentir la poussière dans l'air surchauffé de cet enfer terrestre.

- Tom, je t'ai cherché partout vieux, ne me dis pas que tu m'évites !

- Je ne t'évite pas, je voulais juste finir mon livre au calme, et je n'ai pas pu manger au self, je suis allergique aux fruits de mer.

        Tristan était soulagé,  son ami n'était pas aussi fâché qu'hier. Il s'assoit face à lui et lui sourit.

- Sérieux mon code est vraiment sacré, et j'ai l'impression de me faire punir pour ne pas l'avoir respecté. Cette fille est tellement ennuyeuse ! Et je suis désolé bro, je n'aurais pas dû me mêler de ce qui ne me regarde pas. 

- T'inquiète, moi aussi j'ai réagit avec excès, puis franchement tu dois vraiment la détester pour venir te cacher ici.

      Tom et Tristan éclatèrent de rire. Madame Jeudi sortit sa tête d'entre les rayons et les foudroya de son abominable regard noir. Les deux amis décidèrent que c'était le bon moment pour s'en aller.

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     Cela faisait un mois et demi que Tom et sa mère avaient emménagé dans cette ville, et rien n'avait changé.  Sa mère était toujours très renfermée, ses camarades toujours aussi odieux et Sana toujours aussi silencieuse. Cela mettait les nerfs de Tom à vif. Il détestait sa vie et commençait à lire pour oublier. Les romans qui étaient dans le bureaux de sa mère étaient des classiques pour la plupart, mais il commençait à les apprécier. Cette dernière avait loué la maison meublée, d'où les innombrables étagères chargées de livres  et le somptueux bureau qui ne servait qu'à ranger les factures et les papiers de sa mère. C'était le seul endroit où il se sentait bien dans cette ville. Sa mère n'entrait que rarement dans son antre, si bien qu'il pouvait lire pendant des heures et même tard dans la nuit. Il venait de commençait les Misérables de  Victor Hugo, et n'avait pas vu l'heure. Il lui restait 10 minutes avant le début des cours. Sa mère était déjà parti au travail depuis longtemps. Il allait devoir courir pour ne pas avoir de problèmes.

       C'était à deux pâtés de maison de chez lui qu'il le vit. Le grand blond de sa classe. Celui qui l'avait désigné comme bouc émissaire. Il était dans une ruelle sombre , entouré de trois lycéens. Il était acculé au mur, et semblait vraiment avoir peur. Chaque membre de son corps lui criait de partir en courant mais sa conscience l'en empêchait.  Il s'approcha un peu plus en ignorant les sirènes qui se sont mises à sonner dans ses oreilles. Il y avait deux garçons et une fille qui entouraient son camarade avec un air menaçant.

- Alors Tristan, dit le plus costaud des trois, j'espère que tu as ce qu'on t'as demandé ! J'ai plus de clopes, et je n'aime pas ça !

- J ai ... Cinq euros...

- Quoi ? Tu te fous de moi !

       Il s'avança vers Tristan et l'écrasa de son poids en lui assénant un coup de poing sur le visage. Tom courut en sa direction poussé par qu'un montée d'adrénaline et il eut l'idée de balancer son sac à la tête du lycéen. La surprise et le poids du sac augmenté grâce à la plume de Victor Hugo firent reculer le jeune homme abasourdi.  Sans leur laisser le temps de reprendre leur esprit Tom tira Tristan par le bras et se mit à courir.

un amour d'enfanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant