Les cartes viennent d'être distribuées, tout comme le joker qui vient de se faufiler.
Chaque carte est à côté de son propriétaire et chacun se voit être utilisé.
Cher Joker, pourquoi te caches-tu parmi tes compères ? As-tu peur de te faire prendre...
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– LIZA –
Dans mes souvenirs, je n’étais pas une petite fille compliquée. J’étais l’enfant que tous parents auraient voulu avoir, du moins, c’est ce que je me plais à penser aujourd’hui. J’étais calme, sans faire de vagues, un modèle de discrétion. Je ne pleurais jamais pour un oui ou pour un non, je n’exigeais rien de plus que ce que l’on me donnait. Je me contentais d’être là, silencieuse, dans l’ombre de la vie familiale, espérant que, peut-être, mes parents me remarqueraient. Mais surtout, je m’efforçais de ne jamais les déranger pour rien.
Il y avait une certaine fierté dans cette façon d’être, comme si je comprenais déjà, du haut de mes quelques années, que l’amour et l’attention devaient se mériter, et que le moindre caprice pouvait me coûter ce regard bienveillant que je cherchais tant. Alors, je restais sage, me fondant dans le décor, observant le monde des adultes avec des yeux qui en voyaient bien plus qu’on ne le soupçonnait.
Étant fille unique de mes parents, je portais sur mes épaules la lourde charge de faire honneur à la famille. Chaque aspect de ma vie était scruté à la loupe, que ce soit mes études, mes relations ou même les moindres fautes que je pouvais commettre. Tout était sévèrement surveillé par eux, sans la moindre indulgence. Être l’enfant de personnalités connues dans le monde des arts apportait son lot d’avantages, mais aussi de nombreux inconvénients, ces derniers semblant toujours plus présents, plus oppressants.
Mes parents étaient des figures respectées, admirées, et il allait de soi que je devais suivre cette voie tracée pour moi avant même ma naissance. Dès mon plus jeune âge, on m'avait inculqué la nécessité de réussir, de briller, de ne jamais faillir. On attendait de moi l'excellence, en toute circonstance. Mais cette perfection exigée avait un prix, un prix que je payais chaque jour en sacrifiant des morceaux de moi-même. Je n'étais plus une enfant, mais une image façonnée pour répondre à leurs attentes, un projet familial plus qu'un individu à part entière.
Mon caractère, modelé par des années de pression et de contraintes, ne reflétait pas vraiment qui j'étais. Je me souviens de ces moments où je m'efforçais de répondre aux attentes, de devenir la fille parfaite, celle qui ne fait pas d'erreurs, celle qui porte fièrement le nom de ses parents. Mais, à quel prix ? Vous me demanderez. À celui de ma propre identité, peut-être.
Peut-être est-ce une punition, ce sentiment d’être là, seule, à attendre ma sentence. Je suis assise dans cette pièce froide, mes pensées tournant en boucle, et je me demande si tout cela n’est que le résultat de mes propres erreurs. Peut-être ai-je mal fait les choses, peut-être ai-je pris les mauvaises décisions. C'est ainsi que je me retrouve aujourd'hui accusée, bientôt jugée comme la personne responsable du meurtre de ma meilleure amie. Une accusation qui pèse sur moi comme un fardeau insupportable, qui me laisse vide, perdue.