Chapitre 11 Ethan

63 8 0
                                    

Ethan

Le premier jour de lycée arrive bien trop vite à mon goût. Malgré les encouragements de David et Caroline, malgré la présence rassurante d'Emma, je sens l'angoisse monter en moi alors que nous approchons du bâtiment.

"Ça va aller," me murmure Emma en serrant brièvement ma main. "Je serai là si tu as besoin de quoi que ce soit."

Je hoche la tête, reconnaissant pour son soutien, mais incapable de formuler des mots. Mon cœur bat la chamade, mes mains sont moites. J'ai l'impression que tous les regards sont tournés vers moi.

La matinée passe dans un brouillard. Je me concentre sur mes pas, sur ma respiration, essayant de me faire le plus petit possible. Les professeurs sont gentils, prévenus de ma situation. Personne ne me pose de questions sur mes absences passées ou sur les cicatrices encore visibles sur mon visage.

C'est à la pause déjeuner que les choses se compliquent. La cafétéria est bondée, bruyante. Je sens la panique monter en moi.

"Ethan ?" La voix d'Emma me ramène à la réalité. "Tu veux qu'on aille manger dehors ?"

Je hoche la tête, reconnaissant. Nous nous installons sous un arbre dans la cour, à l'écart des autres.

"Comment ça se passe jusqu'ici ?" demande Emma en mordant dans son sandwich.

"C'est... différent," je murmure. "Pas aussi terrible que je le craignais, mais..."

"Mais c'est encore difficile," finit-elle pour moi. Je hoche la tête.

Nous mangeons en silence pendant un moment, puis Emma reprend : "Tu sais, mon père est vraiment fier de toi."

Je lève les yeux, surpris. "Vraiment ?"

Elle sourit. "Oui. Je l'ai entendu en parler à maman hier soir. Il disait à quel point tu étais courageux de reprendre les cours malgré tout ce que tu as vécu."

Je sens une chaleur se répandre dans ma poitrine. L'idée que David soit fier de moi me remplit d'une joie que je n'arrive pas tout à fait à comprendre.

"Il... il a vraiment dit ça ?" je demande, ma voix tremblante d'émotion.

Emma hoche la tête. "Il tient beaucoup à toi, tu sais. Je ne l'ai jamais vu comme ça avec quelqu'un d'autre."

Ses paroles réveillent en moi des sentiments confus. De la gratitude, bien sûr, mais aussi quelque chose de plus profond, de plus troublant. Quelque chose que je n'ose pas nommer.

L'après-midi passe plus rapidement. Fort du soutien d'Emma et des mots de David, je me sens un peu plus confiant. Quand la cloche sonne, annonçant la fin des cours, je ressens un mélange de soulagement et de fierté. J'ai survécu à ma première journée.

David nous attend dans la voiture à la sortie. Quand il me voit, son visage s'illumine d'un sourire.

"Alors, comment s'est passée cette première journée ?" demande-t-il alors que nous montons dans la voiture.

"C'était... correct," je réponds, surpris de réaliser que c'est la vérité.

"Je suis fier de toi, Ethan," dit David, sa voix chargée d'émotion. "Tu as fait preuve d'un grand courage aujourd'hui."

Ses mots me touchent plus que je ne veux l'admettre. Je sens les larmes me monter aux yeux, et je détourne le regard, fixant le paysage qui défile par la fenêtre.

Ce soir-là, allongé dans mon lit, je repense à cette journée. Au soutien d'Emma, aux encouragements de David. À cette sensation étrange de chaleur que je ressens chaque fois que David me sourit ou me félicite.

Et pour la première fois, je me permets de penser que peut-être, juste peut-être, j'ai trouvé une vraie famille. Des gens qui se soucient réellement de moi.

Mais avec cette pensée vient aussi la peur. La peur de m'attacher, de m'ouvrir, pour tout perdre à nouveau. Et surtout, cette confusion grandissante concernant mes sentiments pour David.

Est-ce normal de ressentir ça pour quelqu'un qui est censé être une figure paternelle ? Cette chaleur, ce besoin constant de son approbation, de sa présence...

Je secoue la tête, chassant ces pensées. Non, je ne peux pas me permettre d'aller sur ce terrain-là. C'est trop dangereux, trop compliqué.
Pourtant, alors que je sombre dans le sommeil, l'image de David, son sourire chaleureux et ses yeux bienveillants, reste gravée dans mon esprit. Et pour la première fois depuis longtemps, je m'endors avec un léger sourire aux lèvres, le cœur rempli d'un sentiment que je n'ose pas encore nommer, mais qui ressemble étrangement à de l'espoir.

À l'ombre de nos cœurs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant