À l'ombre de nos cœurs

Chapitre 15 Ethan

Ethan

Les jours qui suivent la conversation avec David sont un tourbillon d'émotions. Je ne sais plus où j'en suis, perdu entre la confusion, la peur et... quelque chose d'autre. Quelque chose que je n'ose pas nommer.

Ce soir-là, je suis dans ma chambre, allongé sur mon lit, fixant le plafond. Les mots de David résonnent encore dans ma tête. "Ce que je ressens pour toi n'a rien à voir avec ton père. C'est... c'est plus fort que ça. Plus profond."

Que voulait-il dire ? Et pourquoi mon cœur s'emballe-t-il chaque fois que j'y pense ?

Un coup léger à ma porte me tire de mes pensées.

"Ethan ?" C'est la voix de David. "Je peux entrer ?"

Mon cœur fait un bond. "Oui," je réponds, ma voix à peine audible.

David entre, fermant doucement la porte derrière lui. Il a l'air fatigué, mais ses yeux sont doux quand ils se posent sur moi.

"Comment vas-tu ?" demande-t-il, s'asseyant au bord de mon lit.

Je hausse les épaules, incapable de mettre des mots sur ce que je ressens.

"Ethan," commence-t-il doucement, "je sais que ces derniers jours ont été difficiles. Avec ce qui s'est passé avec ton père, et puis notre conversation..."

Il s'interrompt, cherchant ses mots. Je retiens mon souffle, attendant la suite.

"Je voulais m'excuser," dit-il finalement. "Je n'aurais pas dû te dire ces choses l'autre jour. C'était... inapproprié."

Je sens mon cœur se serrer. "Vous... vous ne le pensiez pas ?" je demande, ma voix tremblante.

David me regarde, ses yeux pleins d'une émotion que je n'arrive pas à déchiffrer. "Si," murmure-t-il. "C'est bien ça le problème. Je le pensais. Je le pense toujours."

Le silence qui suit est chargé d'une tension presque palpable. Je me redresse lentement, me rapprochant de lui sans vraiment m'en rendre compte.

"David," je murmure, "je... je crois que je ressens quelque chose aussi."

Les mots sont sortis avant que je puisse les retenir. Je vois les yeux de David s'écarquiller de surprise, puis s'assombrir de quelque chose qui ressemble à du désir.

"Ethan," dit-il, sa voix rauque. "Tu ne sais pas ce que tu dis. C'est... c'est impossible."

Mais je ne l'écoute plus. Porté par une impulsion que je ne comprends pas moi-même, je me penche en avant et pose mes lèvres sur les siennes.

Le baiser est maladroit, inexpérimenté. Mais il déclenche en moi une vague de sensations que je n'ai jamais connues auparavant. Pendant un instant, David reste immobile, comme figé. Puis, avec un gémissement étouffé, il me rend mon baiser.

Ses lèvres sont douces, chaudes, et je me perds dans cette sensation. Ses mains viennent encadrer mon visage, et je sens toute la tendresse, toute la passion qu'il retient depuis si longtemps.

Puis, aussi soudainement qu'il a commencé, le baiser prend fin. David s'écarte brusquement, le souffle court, les yeux écarquillés.

"Non," murmure-t-il. "Non, nous ne pouvons pas. C'est mal."

Je sens les larmes me monter aux yeux. "Pourquoi ?" je demande. "Si nous ressentons la même chose..."

"Parce que tu es jeune, Ethan," répond-il, sa voix pleine de douleur. "Parce que j'ai une responsabilité envers toi. Parce que le monde ne comprendrait pas."

Il se lève, passant une main tremblante dans ses cheveux. "Je suis désolé," dit-il. "Je n'aurais jamais dû laisser cela arriver."

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il quitte la chambre, me laissant seul avec ma confusion et mon cœur brisé.

Je me laisse retomber sur mon lit, les larmes coulant librement sur mes joues. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer. Tout ce que je sais, c'est que pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti quelque chose de vrai, de pur. Et maintenant, on me l'arrache.

Mais au milieu de ma douleur, une petite voix au fond de moi me murmure que ce n'est pas fini. Que ce que David et moi ressentons est trop fort pour être ignoré.

Et alors que je ferme les yeux, épuisé par les émotions de la journée, je me fais une promesse. Je ne laisserai pas tomber. Pas cette fois. Pas quand, pour la première fois de ma vie, j'ai trouvé quelque chose qui en vaut la peine.