ElenaLa bibliothèque de l’orphelinat Sainte Catherine était silencieuse, presque oppressante sous la lumière vacillante des vieilles ampoules. Je poussai un soupir, appuyée contre une étagère, les bras chargés de livres poussiéreux.
Madame Petrov avait encore trouvé une excuse pour me punir en me collant au rangement de ce labyrinthe de bouquins. Je me sentais étouffée dans cet espace, prisonnière de tâches sans fin.
Un souffle derrière moi. Discret, mais familier.
— Bouh !
Je levai les yeux au ciel sans même me retourner.
— Sérieusement, Joahna ? fis-je en soupirant, sachant pertinemment qui c’était.
Je me retournai lentement et la trouvai, triomphante, ses grands yeux rieurs et sa silhouette élancée se découpant contre les rayons de livres.
Joahna, avec ses longs cheveux blond identiques à ceux de Noah, sa sœur jumelle. Leur ressemblance était frappante, presque troublante, mais je ne les avais jamais confondues pas même une fois.
— Oh allez, soupira Joahna en croisant les bras, déçue. Je pensais vraiment que cette fois tu dirais Noah.
Je souris, amusée malgré moi.
Elle espérait toujours que je me trompe.
Mais Noah et Joahna, bien qu’identiques en apparence, étaient deux tornades distinctes dans ma vie.Elles avaient la même énergie explosive, la même manière de défier les règles, mais Noah… Noah était plus féminine, plus délicate dans ses airs rebelles. Là où Joahna se jetait dans le chaos avec un sourire narquois, Noah le faisait avec plus de grâce, presque avec une élégance involontaire.
— Tu devrais savoir maintenant que je ne me trompe jamais, rétorquai-je en retournant à mes livres.
Joahna, fidèle à elle-même, éclata de rire, ce son vibrant et contagieux qui résonna dans la bibliothèque vide. C’était toujours la même chose avec elle , même les tâches les plus agaçantes devenaient un peu moins lourdes en sa présence.
Elle apportait une légèreté à cet endroit, là où moi, je m’efforçais toujours de tout contrôler, de garder la tête hors de l’eau.
Pourtant elles ont vécu toute les deux une tragédie atroce.
Perdre leur parent à l'âge de 8 ans pourtant elles ont porté le deuil avec un mentale, que je ne saurai expliquer.
— Où est Noah ? demandai-je, plus par curiosité que par réelle inquiétude.
— Sûrement en train de se pomponner pour "Yeux Bleus".
Je roulai des yeux en entendant ce surnom. "Yeux Bleus", c’était notre petit protecteur au coin de la rue que Noah observait toujours avec les yeux remplis de chose que je préfère ne pas savoir.
Elles avaient beau être jumelles, Noah avait cette petite touche en plus, ce côté plus féminin, plus coquet, qui la poussait à passer un temps fou à se préparer pour un simple regard. Joahna, elle, n’avait pas cette patience.
Elle agissait d’instinct, sans se soucier des apparences.
— Et dire que c’est lui qui t’a piqué ton premier baiser, ricana Joahna, appuyée nonchalamment contre une étagère.
Je sentis mes joues chauffer légèrement à cette remarque, mais je ne laissai rien paraître. Elle savait toujours où frapper pour provoquer une réaction.
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cliché mortel
ActionAu cœur de cette nuit tourmentée, une jeune femme se tenait debout au sommet de la falaise qui surplombait l'océan déchaîné. Ses longs cheveux noirs flottaient autour d'elle, tandis que ses yeux fixaient l'horizon sombre avec une intensité presque s...