première tentative

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Elena

Domaine Volok, Moscou,
03h: 46 PM

Il avait enfin terminé son interrogatoire, tirant de moi des réponses que j’avais soigneusement filtrées. Chaque mot pesait une tonne, chaque phrase était un fil tendu au-dessus d’un gouffre.

J’avais presque envie de lui dire de s’étouffer avec son rapport. Qu’il le mentionne, mon sevrage, mon overdose, et qu’il se fasse plaisir, il se fera joie de lui répéter tout dans les détails comme le bon toutou qu'il est à son vieux âge.

Mais qu'importe ?

Si cet homme veut utiliser ces informations contre moi, il en sera pour ses frais.

Cela m'est indifférent. Si ce n’est que ça il a libre champ.

Et dans tous les cas ,j'aurais bien le temps de m'évader avant qu'il l'utilise contre moi.

— À bientôt, et surtout, veillez à vous nourrir correctement.

Je le lorgne avec une expression chargé de mépris.

Un coup frappé à la porte me tire de mes pensées. La porte s’ouvre avant même que je puisse répondre. La jeune femme blonde se tient là, sourire un peu trop crispé pour être sincère.

— Bonjour, puis-je entrer ?

Elle ne me laisse même pas le temps de dire non avant de franchir le seuil.

Génial…

— Je suis Saskia, la sœur de Levith. Tu es Elena, n'est-ce pas ?

c'est une petite emmerdeuse je crois bien.

Je la regarde, surpris malgré moi. La sœur de Levith ? C’est bien ma veine. Elle n’a rien de ce psychopathe. Ses yeux bleus me rappellent ceux de Cayan. J’en suis réduite à chercher des fantômes dans les yeux des autres.

Pitoyable.

Je suis tellement désespéré que je cherche mes amis dans la seul personne qui m'a montré une marque d'humanité.

Je l'observe, me demandant comment une telle femme peut être liée à cet monstre.

— Je suis désolée pour ce que mon frère te fait.

Désolée ? Pourtant elle ne peut rien pour moi.

J'ai vu comment elle regarde son frère. Son regard trahit une admiration teintée mêlé à la déception mais surtout un profond respect.

Une bonne petite marionnette,comme les autres, elle est enfermée dans cette toile d'araignée de pouvoir et de soumission.

Elle est aussi coincée que moi, finalement.

Ses mains tremblent légèrement.Serais-je la cause?

Je me suis montrée violente depuis mon arrivée dans cette maison, une réaction qui a réveillé des démons que je pensais enterrés.

Bienvenue en enfer la phrase de Stephan prend tout son sens.

— Dimitri t’a prescrit des médicaments. Tu dois les prendre et manger. Attends, je vais demander qu’on te prépare un sandwich.

Elle s’empresse de récupérer les cachets sur la table, ses mains tremblantes trahissant une nervosité mal dissimulée.Elle sort presque en courant, probablement soulagée de fuir ma présence.

Merde si elle me craint pourquoi, elle est là ?

Je la laisse partir sans un mot, sans la moindre intention de lui accorder ma confiance. Des excuses ne suffiront pas à effacer ce cauchemar.

cliché mortel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant