Le goût amer du destin

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Elena

8h: 10 Pm

 Domaine Volok, Moscou

C’est étrange, le poids des souvenirs.

Ils s'accrochent comme des chaînes invisibles, alourdissant chaque respiration, se fondant dans chaque battement de cœur.

Ils refusent de s'effacer.

Je ne veux pas qu'ils s'effacent.

Même quand tout s'effondre autour de nous.

Même quand je suis là, debout, entourée de visages inconnus, dans cette robe que j'ai abîmé qui n'a rien de la pureté qu'elle prétend symboliser.

Je ne veux pas qu'ils s'effacent.

Je m’y accroche. Comme si, sans eux, il ne resterait plus rien

Parce qu’ils me rappellent qui je suis devenue depuis cette soirée.

Ce que j’ai fait.

Parce qu’au fond, je suis sombre.

Mes choix m’ont conduite ici, à ce moment. Ils me poursuivent, comme une malédiction silencieuse, un fardeau que je porte seule.

J'ai arraché une vie... et en retour, on m'a arrachée à la mienne.

Il a suffi d’une simple balle pour éteindre les yeux de Joahna, pour la faire basculer dans l'obscurité.

Et aujourd’hui, il suffira d’un mot pour être condamné à une vie incertaine.

Trois lettres.

Un "oui" pour sceller mon propre destin.

Un destin de merde.

Je le mérite au final.

Qui suis-je pour encore avoir le droit de respirer quand moi, j’en ai privé à Jo ?

Je suis là parce que je n’ai même pas été capable de m’enfuir.

Parce que quelque part, je me dis que je mérite cette punition, cette cage dorée.

Est-ce de la rédemption que je cherche ?

Un moyen de racheter mon égoïsme?

Une chose est sûre, je veux me sacrifier pour ceux qui m'ont toujours protéger.

Je tire distraitement sur les fils, essayant de calmer cette tension qui ne me quitte plus.

— Nous sommes ici réunis aujourd'hui...

La voix du maire est lointaine, presque effacée par le brouhaha de mes pensées. Ses mots me parviennent comme des échos distants.

Il parle d’union, de destin, d'amour…

Comment ose-t-il ?

Comment peut-il parler d'amour alors que ce que je vis est tout sauf ça ?

Alors qu’il n’y a rien d'amour, à part du contrôle et de la soumission.

Je balaie le jardin du regard. Des visages inconnus, d’autres que je connais trop bien. Et je sens ce poids sur ma poitrine, cette angoisse sourde.

Le maire continue son discours.

Sait-il que je suis retenue prisonnière.

Je devrais crier. Je devrais hurler que je suis retenue ici contre ma volonté.

Fais pas la folle lena...

Biensure je suis convaincu qu'il sait ,Ce maire, comme tous les autres, sait très bien ce qui se passe.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24 ⏰

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