Chapitre 5

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ROXANNE


Je pose ma guitare sur son socle et attrape le crayon à papier posé sur mon oreille et écris l'accord que je viens de faire sur la portée face à moi. Après une grosse panne d'inspi avec le stress de cette histoire avec mes parents, j'arrive enfin à aligner deux notes de façon cohérente. Je ne sais pas si j'arriverai à la terminer, elle risque de finir comme toutes les autres, dans mon classeur et abandonnées à leur triste sort au fond d'un placard. Je ne suis pas du genre à douter de moi en général. Je sais qui je suis et ce que je vaux. Mais quand il s'agit de ma musique... C'est un tout autre débat. C'est tellement... personnel. Jamais personne n'a entendu une seule syllabe des paroles que je passe mon temps à écrire. J'ai de quoi faire au moins deux albums, pourtant je ne me suis jamais décidée à faire entendre mes chansons. Je mets une partie de moi dans chacune d'elles. Les faire écouter, ce serait comme me confier à quelqu'un et j'ai horreur de ça. C'est assez paradoxal pour quelqu'un qui veut vivre de sa musique. Mais je ne me sens pas encore prête à sauter le pas. Je me contente de faire des reprises quand mes amis me demandent de chanter ou bien que je fais des petites scènes. C'est plus simple comme ça. Je remets mon crayon à sa place et joue la totalité de ce que je viens de composer. C'est harmonieux, j'aime bien. Je modifie simplement quelques notes et chantonne l'air de la chanson.

Mon téléphone sonne mais je l'ignore. Maintenant que je suis lancée, pas question que je m'arrête à moins d'un cas de force majeure. Et vu que je ne décroche pas, impossible de savoir si s'en est un. Une fois, deux fois, trois fois. Putain mais on ne peut plus rien faire en paix ! Je pose ma guitare à plat sur mes jambes et attrape mon portable sans même regarder qui c'est.

— Quoi ?

— J'en connais une qui est de mauvaise humeur. En manque de Spensou ?

— Je t'emmerde, Karel.

— Je te dérange ? Elle enchaîne sans me laisser le temps de répondre. Ah ! Mais tu es avec Spensou ? Il est beau gosse sans son t-shirt ?

— T'es une grande malade. Sérieux, fais-toi soigner. Et arrête avec ce surnom.

Je l'entends rire toute seule, fan de son propre humour. Tuez-moi, je ne vais pas survivre avec elle.

— J'étais en train de composer. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Ben, j'ai besoin d'un petit coup de main à la librairie... et de discuter.

— D'accord, j'arrive.

Je raccroche dans un soupir. Je range ma guitare et mes partitions. Si elles pouvaient parler, elles se moqueraient de moi. Cas de force majeur, hein. Quand Karel a besoin de « discuter », s'en est un. Je la connais par cœur, ma rouquine, je sais quand ça ne va pas. J'enfile rapidement une paire de basket et mon manteau avant de quitter mon appartement. Sa librairie n'est pas si loin que ça de chez moi donc je décide d'y aller à pied. Il fait beau aujourd'hui bien que frais, alors autant profiter des derniers rayons du soleil en marchant, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Mon téléphone vibre dans ma poche et je pouffe en voyant la vidéo d'un chat qui se laisse tomber n'importe comment sur le côté, accompagné d'un « quand tes élèves ont décidé de te rendre fou », que m'a envoyé Spencer. Depuis le concert de la semaine dernière et qu'on a échangé nos numéros de téléphone, on discute souvent tous les deux. Le pauvre, ses élèves ont décrété que son cours n'était pas intéressant s'il ne portait pas sur Taylor Swift. Je n'aurais jamais pensé qu'on s'entendrait aussi bien, tous les deux. On est sur la même longueur d'onde sur tous les sujets. Excepté les parfums de glace. Je lui réponds rapidement et presse le pas pour rejoindre ma meilleure amie.

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⏰ Dernière mise à jour : 7 days ago ⏰

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