Chapitre 3 - Le plan

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Plusieurs jours se sont écoulés sans que je n'arrive à décrocher un mot de sa bouche. Je commence à m'impatienter. La patience, ça n'est vraiment pas mon fort ! La maison est si silencieuse, je n'arrive pas à croire qu'Elven puisse encore être à l'intérieur et, pourtant, je suis obligée de me raccrocher à ce maigre espoir. Je ne peux pas faire autrement. Je risque de sombrer sinon et ça n'est même pas envisageable pour moi et pour lui. Je dois vraiment réussir à lui soutirer des informations ce soir, coûte que coûte. Je suis prête à donner tout ce qu'il faut pour qu'il m'accorde une phrase, ou pour qu'il mentionne une fois le nom de mon enfant. Pour qu'il me dise qu'il est encore en vie, que je pourrai bientôt le serrer contre moi et enfin mettre ma tête dans ses boucles brunes. Je donnerais n'importe quoi...

J'attends assise en tailleur qu'il arrive au milieu de la nuit, comme d'habitude. Non sans surprise, il allume la lumière une fois que le soleil est couché depuis plusieurs heures et descend les marches. Je sens son regard se poser sur moi. Il pose le plateau sur le matelas mais je ne regarde pas la nourriture, malgré le nœud dans mon estomac. Je ne sais d'ailleurs pas si ce dernier est lié à la faim ou à l'angoisse. Je soutiens son regard tandis qu'il s'assoit, comme tous les jours, sur le bord du lit. Mes doigts s'emmêlent nerveusement. Je ne sais pas par où commencer... Mais, à peine ai-je le temps de réfléchir à ma phrase que sa voix résonne dans le sous-sol - la seule voix, d'ailleurs, que j'entends de la journée :

- Demain tu sors, miss.

Un sourire en coin apparaît sur son visage lorsqu'il prononce ce dernier mot. Il sait que je ne l'aime pas. Ça me rappelle Len, mon mari. Enfin, mon ex-mari. Mais je ne peux pas vraiment y réfléchir pour l'instant, la peur et le stress laissent place à l'incompréhension. Tu as mal entendu, non ?

- Ferme la bouche, ricane-t-il devant mon visage maintenant hébété. On dirait que ma beauté vient tout juste de te frapper. Ce qui n'est pas possible, bien évidemment : elle aurait déjà dû te frapper au premier regard.

Je ne peux pas réagir et réfléchir qu'il est déjà reparti en montant deux à deux les marches, me laissant, encore une fois, seule. Quel fou !

Comment ça, je sors ?

Je... sors... demain ? Ce n'est pas une blague ? Il ne me dit pas ça pour mieux me briser par la suite ? Est-ce que je vais voir Elven ? Est-ce que tu vas rejoindre Elven... au paradis ?

Je tourne ma tête frénétiquement de gauche à droite pour chasser ces vilaines pensées. C'est pas possible... Cela fait des jours que j'essaie de savoir si Elven est en vie et aujourd'hui, sans aucune explication, il me lâche ça ? Sans savoir exactement ce qu'il veut dire ? Putain... quel con ! Ce mec aura ma peau. C'était pas toi qui voulait la sienne ?

Je m'empresse d'engloutir ma nourriture, l'esprit vagabondant. Si ça n'avait pas été lui et si ça avait été dans d'autres circonstances, je lui aurais sûrement sauté au cou tellement je suis heureuse de quitter le lieu qui me sert de prison ! Mais non. Je n'arrive pas à calmer mon coeur excité par cette nouvelle inattendue et, ce soir, pour la première fois depuis que nous sommes arrivés, je n'entends pas le lit qui grince en me couchant sous la couverture rugueuse.

Je me suis levée avec le premier rayon de soleil ce matin. Il faut dire que je n'ai pas vraiment réussi à fermer l'œil cette nuit, et je suis bien trop pressée pour penser à autre chose. Je ne sais pas quand il viendra me chercher, je ne sais même pas si c'est positif ou non, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est pour le meilleur, pour voir Elven ou peut-être même... nous libérer ? Ne rêve pas trop Freyja... Mon cœur manque un bond lorsque la porte s'ouvre soudainement pendant ce que je suppose être l'après-midi, le soleil tapant moins fort que le matin sur la petite fenêtre inaccessible. Je ne bouge pas, le souffle coupé par l'excitation et maintenant la peur qui vient se glisser sous mon ventre maigre. Il se penche dans les escaliers, assez pour que je puisse voir sa tête et me dit :

FreyjaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant