Chapitre 2

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Amélia

[Bar, DC-Washington]

"-Donc...C'est quoi le plan de ce soir ?" Elias demande en buvant son verre de Jack Daniels tout doucement.

C'est ça fait moi croire que tu n'as aucun problème avec l'alcool.

"-Comme tous les soirs libres, mon cher Watson. Je vais boire, flirter avec un inconnu, l'inviter chez moi, coucher avec, et après l'orgasme, le dégager avant de prendre une longue douche pour oublier à quel point je hais ma vie." Je trinque seule à la fin de ma tirade et j'avale d'une traite le fond de ma bière.

"-Même si tu es fiancée maintenant ?

-Tu vois une bague à mon doigt, Eli ? Non, parce que c'est juste sur le papier, j'ai besoin d'un fiancé pour me libérer de mon père, mais je n'ai pas l'intention d'en avoir vraiment un. Je vais continuer ma vie comme d'habitude. Je vais bosser dans un hôpital de merde, me faire traiter comme une merde, puis j'irai à mes séances de psy de merde et je ferai encore une manifestation où aucuns hommes ne m'écoutera.

-Je t'écoute, moi.

-Tu sais ce que je veux dire, toi, tu n'es pas réel, t'es un putain de fantasme. Rappelle-moi de le dire à ta future petite-amie." Elias soupire, mais n'insiste pas, après tout il n'y a rien à dire de plus, ma vie ne va pas changer du jour au lendemain parce que j'ai signé un bout de papier.

"De toute façon, le mec doit être du même avis que moi, car il n'a pas essayé de me rencontrer. En tout cas, ça m'arrange, au moins j'ai pas l'impression d'être juste une capote usagée." Je le vois faire une mine de dégoût en secouant la tête.

Et oui Eli, bienvenue dans le vrai monde où tous les hommes ont besoin de se vider les couilles avec ou sans le consentement.

Mon regard est attiré par le tableau d'affichage du bar où je vois la photo de la journaliste portée disparue depuis le mois dernier. Je soupire en commandant une autre bière et en me tournant vers Elias, ce dernier a le teint pâle en voyant ce que je regardais juste avant.

"-Pauvre petite, j'espère qui vont la retrouver." dis-je en sirotant ma boisson en sachant que c'est complètement faux. "Ton père va faire un de ses repas commémoratifs ? Ta mère sera là ?

-Euh quoi ?" Il semble revenir petit à petit sur Terre. "Euh...ouais, ouais. Tu sais qu'il le fait à chaque fois, pour son image. Comme le tien qui construit des parcs pour enfants.

-Et ta mère ?" Elias secoue la tête, il ne veut pas en parler.

Il ne veut jamais en parler.

"-Ouais, comme mon père. Ils ont besoin de garder une image lisse pour pas qu'on sache que ce sont des monstres." Il hoche simplement la tête, alors que je cache mon relent de vomis.

Dieu que je déteste parler de mon père, même si c'est en mal.

Le reste de la soirée n'a rien à envier aux précédentes, même s'il y a à peine quelques années on pouvait encore aller en boîte sans avoir peur d'avoir une sale migraine dès qu'on y mettait un pied.

Merci la trentaine.

Rien de neuf sous le soleil, comme dirait les vieux. J'ai bu quelques bières, un mec inconnu m'a dragué, après vérifications de ses intentions, j'ai accepté de le suivre. Il avait une belle gueule, rien qui me donne envie de m'engager, mais suffisant pour que j'accepte de coucher avec lui.

Moi superficielle ? Pas du tout.

Il m'a emmené chez lui, pour une fois j'ai accepté, parce que c'était pas loin de chez moi, et je n'avais aucune attention que le mec sache où j'habite. Je ne suis pas si stupide, alcooliser oui, mais pas stupide. Je ne lui ai même pas demandé son nom, parce que j'en ai rien à carrer, tout ce que je veux c'est un orgasme, et s'il est bon peut-être que je lui ferai la causette. Mais bon, actuellement ? C'est ennuyeux...Je me retiens de lui bailler à la gueule. Un vendredi soir classique depuis mes 26 ans, aucune baise sympa, que des plans culs pourri. Il y en pas une seule qui me fait remettre en cause mon statut de célibataire. Sans compter qu'aucun ne prend en compte réellement mon consentement. Si j'ai accepté de les suivre, c'est que j'ai dit oui pour coucher. Sauf que non, mon champion, ça ne fonctionne pas comme ça. Je peux totalement changer d'avis.

En Un regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant