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Iliyan

Australie, 3 ans en arrière

Aujourd'hui est un grand jour, car c'est mon dix-huitième anniversaire. Je viens d'obtenir mon diplôme de terminale et j'ai été accepté dans une université prestigieuse, ici même en Australie. J'ai de la chance qu'il y ait des écoles renommées pas trop loin et que je n'aie pas à partir à l'étranger, car sinon, jamais ma famille ne m'aurait laissé quitter la maison pour aller loin d'eux. Dit comme ça, on pourrait penser : « Oh, j'ai une famille formidable qui ne veut pas que je parte parce qu'ils seraient tristes, etc. »

BALIVERNES. QUE DES BALIVERNES.

Je vis un enfer avec eux, et être loin d'eux est inconcevable pour eux, car je suis leur souffre-douleur.
J'ai hâte de vivre ma propre vie, de me découvrir, et surtout de partir loin de ma famille, c'est-à-dire loin de mon père, de ma mère et de mon grand frère. Mais je sais que ce jour n'arrivera jamais. Il faut se l'avouer, on n'échappe jamais aux griffes de monstres comme eux.

Ce soir, il y a une grande fête organisée en mon honneur par mes amis. J'ai hâte d'y être, car ce sera la première fois que je célèbre mon anniversaire. Et oui, en 18 ans d'existence, je n'ai jamais rien fait ce jour-là. Apparemment, je ne le méritais pas. Il n'y avait que mon grand frère qui en bénéficiait. C'est l'aîné, donc pour mes parents, c'est lui qui mérite tout, y compris l'amour que je n'ai jamais reçu et l'enfance que je n'ai jamais vécue.

En ce moment, je suis dans un salon de coiffure. Je veux être beau, même si je le suis déjà, car malgré les humiliations de ceux qui sont censés être ma famille à propos de tout ce qui me concerne, JAMAIS JE NE DOUTERAI DE MA BEAUTÉ. J'ai économisé pendant des années pour pouvoir mettre de l'argent de côté en cachette, sans que mes parents ne s'en aperçoivent. Mes parents sont riches, mon frère l'est aussi grâce à eux, mais bien sûr, ce n'est pas le cas pour moi. Ils me donnent juste ce dont j'ai besoin pour entretenir l'illusion et duper les gens autour de nous.

L'apparence est importante chez les Maxwell. Je dois donc toujours avoir bonne mine pour cacher ma misérable vie aux yeux des autres, sinon j'en paierais le prix. Je ne sais par quel miracle ils ont accepté, pour la première fois, que je fête cette journée spéciale.

Au début, mon intuition me lançait des signaux d'alerte, mais je n'ai pas voulu l'écouter. Pour une fois dans ma vie, je voulais un jour rien qu'à moi, et enfin, ce moment tant attendu allait arriver, sans que rien ne vienne le gâcher. Même si, évidemment, mes parents n'y contribueraient en rien. Heureusement, j'avais fait des économies, d'où le fait d'être venu chez le coiffeur par mes propres moyens, car leur seule condition était que je ne devais pas leur faire honte. 

Il est 20h lorsqu'un de mes amis vient me chercher pour m'emmener à ma fête, qui, d'ailleurs, n'est pas une surprise. J'arrive avec les yeux bandés, mon meilleur pote Léone à mes côtés pour éviter que je ne trébuche. Cette sensation d'avoir enfin mon moment me réjouit. Je sais que je vais bien m'amuser et que ce jour restera gravé à jamais dans ma mémoire. 

On me fait avancer, toujours avec les yeux bandés. D'un coup, on s'arrête, puis on m'enlève le bandeau...

— SURPRIIIIIIIIIIIIIIIISE ! crient mes amis tous en chœur. 

Je suis pris d'une euphorie inexplicable, les larmes coulent le long de mes joues et un sourire niais apparaît sur mes lèvres. 

Mes amis m'ont accueilli comme il se doit. Je suis tellement content. Ils sont tous magnifiques et la décoration est splendide. Pour cette occasion, ils ont loué une somptueuse villa, car en réalité, l'idée de fêter mon anniversaire ne vient pas de moi, mais de mon meilleur ami, qui, je ne sais par quel miracle, a réussi à convaincre mes parents. 

Il aurait aimé que cela soit une vraie surprise pour moi, mais il a fallu que mes parents viennent m'imposer leurs conditions pour m'accorder ce moment. 

La soirée se déroule à merveille. Je discute avec presque tout le monde, je ris, je danse, je chante. Je profite pleinement du moment avec mes amis. Je suis heureux. Même si, à part mon meilleur ami Léone, personne n'a la moindre idée de ce qui se passe réellement dans ma vie quand je rentre des cours... 

Il est presque 22h quand on m'annonce que c'est le moment de couper le gâteau. Mon meilleur ami Léone arrive avec le gâteau, joliment décoré. Je fais un vœu puis souffle les bougies. Tout le monde m'acclame et me souhaite à nouveau un bon anniversaire. Je découpe une part, en mange un bout avant d'en faire goûter à Léone, qui avait tout organisé. C'est grâce à lui que tout cela est possible. Je le prends dans mes bras et le serre très fort. Il m'embrasse sur le front avant d'essuyer la larme qui coule sur ma joue droite. 

— Alors ? 

— Mec ! Je ne sais pas comment te remercier. C'est incroyable.

— Sache que tu n'as pas encore tout vu. J'ai une surprise...

— ... ?

Léone ne me dit rien de plus. Je continue à m'amuser avec mes amis. Je n'ai bu qu'un seul verre d'alcool pendant toute la soirée, juste pour essayer, maintenant que je suis majeur. Mais je ne recommencerai plus, je n'ai pas aimé ça. La moitié des invités étaient bien ivres, pourtant. Je m'amusais sans être ivre, comme quoi dire qu'il faut boire pour s'éclater est un pur mensonge.

Il est 1h du matin quand je commence à être fatigué. Quelques personnes sont déjà parties, d'autres se sont installées dans des chambres à l'étage pour dormir, et ceux qui sont habitués à veiller tard continuent de danser. Je cherche mon meilleur ami pour lui dire que je vais dormir, mais je ne le trouve pas. Je décide de l'appeler sur son portable, mais il ne répond pas. Après quelques minutes de recherche, je reçois un message de sa part me disant qu'il m'attend à l'étage avec un cadeau. Je monte les escaliers à toute vitesse. Il y a plusieurs portes, mais je finis par trouver la bonne pièce.

— Enfin arrivé !

— Ton message ne disait pas dans quelle pièce tu étais exactement, hein.

Il rigole et je fais de même.

— Alors, où est ma surprise ?

La pièce est en réalité une magnifique chambre. Léone est assis sur le lit. Je m'approche pour m'asseoir près de lui, mais à peine ai-je fait quelques pas que quelqu'un me saisit violemment par derrière. Je ne comprends rien. Léone me regarde sans réagir. Que se passe-t-il ?

— Léone ? Qu'est-ce qui se passe là ?

On me bande les yeux. Mes mains sont liées. Je sens qu'on me traîne jusqu'au lit où on m'allonge de force. Je crie, mais en vain. J'entends des rires étouffés, mais personne ne m'aide.

— LAISSEZ-MOI PARTIR !!!

— Iliyan, c'est ton anniversaire, alors détends-toi, tu vas bien t'amuser. Cette surprise que je vais t'offrir, tu ne l'oublieras jamais de ta vie, dit Léone.

Je voulais parler, mais une main se pose sur mon menton, exerçant une pression pour que j'ouvre la bouche. Je le fais à contre-cœur, et sans m'y attendre, on y verse un liquide que je reconnais immédiatement comme étant de l'alcool, de l'alcool très très fort, vu les picotements dans ma gorge. C'était puissant, et une sensation de brûlure m'envahit. Je me débats, mais plusieurs mains me maintiennent fermement. Mes larmes coulent de plus belle... Le liquide continue de couler à flot dans ma gorge, ma tête commence à me faire mal, et je perds peu à peu la notion du temps.

Mais le pire restait à venir lorsque j'entendis cette voix familière...

LUCKYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant