Iliyan
Je n'arrive plus à rester allongé, l'agitation me prend. Alors je me lève doucement, sortant de ma chambre en silence, pour descendre les escaliers en direction de la cuisine. J'ai faim. Faim des restes du dîner que j'ai moi-même préparé des heures plus tôt. J'ai l'interdiction de manger avec eux, de me servir avant eux, et ce soir encore, c'est seulement maintenant, au cœur de la nuit, que je peux enfin manger un bout. Le repas est froid, délaissé, comme moi. Mais c'est tout ce qu'il me reste, et je me contente de ce qu'ils ont bien voulu laisser.
Heureusement que la cantine de l'université me permet de manger à ma faim, sinon je serais probablement mort de faim à l'heure qu'il est. J'engloutis les restes en silence, seul dans la pénombre de la cuisine. Personne ne pourrait imaginer, en me voyant de l'extérieur, que je suis victime de violences dans ma propre famille. Mon apparence ne laisse rien transparaître, à part peut-être mes cernes profondes, seules traces visibles de mes tourments. Le reste est toujours impeccable. Mes vêtements sont soignés, mon allure irréprochable. C'est là un des rares avantages que m'accordent mes parents. Ils sont obsédés par les apparences, par ce que les autres pensent de nous. Chaque mois, ils me donnent de l'argent pour m'acheter des vêtements, mais bien sûr, Isaak s'occupe de vérifier chaque achat à mon retour du centre commercial. Rien ne doit échapper à leur contrôle, même ce que je porte.
Isaak... Mon frère aîné, qui à trente huit ans, vit encore aux crochets de nos parents. Il n'a jamais travaillé un jour de sa vie, toujours dépendant d'eux pour chaque aspect de son existence. Il n'a même pas fait d'études supérieures, prétendant n'en avoir pas besoin. Et bien sûr, nos parents sont d'accord. Owen et Irina Maxwell peuvent se permettre de lui offrir ce luxe. Avec leurs relations, ils pourraient le pistonner dans n'importe quel poste s'il le désirait, mais Isaak préfère profiter de sa soi-disante jeunesse sans se soucier du lendemain.
La vérité, c'est que la famille Maxwell cache un sombre secret....
Nous étions cinq, autrefois....
Aujourd'hui, nous ne sommes plus que quatre. Isabella, la jumelle d'Isaak, a disparu un jour, sans laisser de trace. Isabella... Elle était douce, elle. Elle était tout ce que cette famille n'était pas. Elle m'aidait avec mes devoirs, me prenait dans ses bras quand je pleurais, dormait parfois à mes côtés quand le monde devenait trop lourd à porter. Elle n'avait pas peur de se dresser contre nos parents, ni même contre Isaak. Les disputes étaient fréquentes, des cris retentissaient souvent dans la maison, mais elle restait forte. Elle pleurait parfois dans mes bras, me chuchotant que tout irait bien, même quand je savais qu'elle n'en croyait pas un mot.
Je me souviens de ces moments où, malgré les tensions, mes parents et Isaak se contentaient de me crier dessus sans jamais me frapper. Je crois qu'à l'époque, c'était elle qui prenait les coups à ma place, sans que je ne le sache. Isabella, ma grande sœur, mon héroïne silencieuse. Je n'avais pas compris à l'époque, mais avec du recul, je suis presque certain qu'elle se sacrifiait pour moi.
Et puis, un jour, elle est partie. Sans explication, sans un mot. Juste... disparue.
Cette disparition, je ne l'ai jamais digérée. Elle m'a laissé seul, démuni. Depuis qu'elle n'est plus là, le peu de protection qu'elle me donnait s'est évanoui. Les coups ont commencé à pleuvoir, d'abord de la part de mon père, puis d'Isaak. Je me demande parfois ce qui lui est arrivé. Est-elle partie pour se sauver elle-même ? Ou lui ont-ils fait du mal ? Je ne le saurai probablement jamais...
Je m'en veux de lui en vouloir parfois. Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Pourquoi m'a-t-elle laissé dans cette maison de fous, seul face à leur colère et à leur indifférence ?
Je nettoie machinalement la table de la cuisine, rangeant les restes de mon maigre repas. Le froid de la nuit me mord la peau, et je sens ce vide intérieur s'étendre, s'agrandir un peu plus. Mes pensées tournent en boucle. Je remonte dans ma chambre, glissant sous les couvertures, mais le sommeil refuse encore de venir. L'absence d'Isabella me hante chaque nuit, comme un fantôme qui refuse de me laisser en paix.
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LUCKY
ActionIliyan a toujours été le mouton noir dans sa famille. Il subissait de l'abus moral et physique surtout depuis un événement qui le marquera à tout jamais. Mais un jour, ses parents décidèrent de le vendre à un mafieux pour payer les dettes de son frè...