**Chapitre 3**

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Je suis furieuse.

Comment a-t-il pu me laisser seule, à attendre sans aucune nouvelle, alors que c'est lui qui a décidé que l'on devait se parler ? L'humiliation est totale. Aucune excuse, si bonne soit-elle, ne pourrait atténuer ma colère et ma déception. Nous sommes debout, face à face, et il me supplie de lui accorder au moins dix minutes. Après plusieurs négociations, je finis par céder.

Ce qu'il me dit n'a ni queue ni tête. Je ne comprends pas ce qui se passe et je me sens utilisée. Je reste silencieuse, la tête pleine de pensées tourmentées.

Lorsque je lui réponds, mes mots sont acerbes, et je sais que je ne peux pas avoir une discussion posée dans cet état. Il m'explique qu'il a beaucoup réfléchi et que notre relation prend un tournant qu'il trouve trop important. Il craint de reproduire les erreurs de sa précédente relation, de ne rien ressentir ou, pire, de ressentir quelque chose de trop intense.

Il évoque un immense vide en lui qu'il ne parvient pas à combler et sa peur de plonger une fille dans une relation qu'il ne pourra pas aimer, alors qu'elle serait éprise de lui. Il ne parvient pas à clarifier ses sentiments, remettant sans cesse ses pensées et émotions en question. Il est convaincu qu'il ne veut pas entraîner quelqu'un dans le tourbillon dans lequel il se trouve.

Il ose même exprimer sa satisfaction d'avoir mis fin à la relation avant qu'elle ne devienne trop intense, comme s'il nous avait protégés.

Mais moi, je suis ne peux accepter qu'il choisisse de passer à côté de quelque chose qui aurait pu être extraordinaire, quelque chose qui aurait pu nous faire vivre des émotions intenses et multiples. Je lui en veux de mettre fin à tout cela sans avoir véritablement essayé, sans que nous nous soyons assez aimé pour que la rupture soit réellement douloureuse. Bien sûr, je garde ces pensées pour moi. Ma réponse est simple : je ne ressens rien pour lui et je ne veux rien de lui.

Mon cœur est si endolori que je fais tout pour que mon visage ne trahisse aucune émotion.

Il s'excuse et nous nous séparons, chacun dans sa propre direction.

De retour chez moi, je rumine. La frustration remplaçant le masque de calme que j'avais tenté de préserver. Un flot de pensées se bouscule dans ma tête. Mon ego a pris le dessus plus tôt, et je m'en veux de ne pas avoir exprimé ce que je ressentais réellement. Je prends du temps pour moi, pour réfléchir, me calmer, et remettre de l'ordre dans mes idées. Après un moment, je décide de lui écrire. C'est peut-être plus pour moi que pour lui, mais je sais que j'en ai besoin pour aller mieux :

« Je pensais avoir tout dit, mais mon ego a pris le dessus. Je ne sais pas pourquoi je t'envoie ce message, mais autant continuer sur la même note de franchise. Je suis désolée si tu as eu l'impression que je te mettais la pression. Ce n'a jamais été mon intention. Les moments banals que je passais avec toi me suffisaient amplement ; je demandais rien de plus. Je voulais juste clarifier ça au cas où tu le pensais autrement. J'ai réagi ainsi parce que j'étais vexée, c'est normal quand on se rend compte qu'on est "seul" dans une situation qu'on croyait partagée. Ce n'est pas ta faute, tu n'as pas à te sentir coupable. Tu ne me dois rien. Je comprends ta décision, vraiment.

Je ne m'y attendais pas forcément, surtout après tout ce que tu m'as dit pour me rassurer. J'avais l'impression d'avoir une certaine assurance, mais c'était une erreur de ma part. Tu n'as pas à culpabiliser, tu ne me dois rien.

Même si je ne comprenais pas ta décision, ma réaction aurait été la même : si tu penses que c'est mieux de ne plus se parler, je respecterai ta décision, sans insister pour continuer à te parler, même si je suis dégoûtée.

Tout est clair maintenant. J'ai passé de bons moments avec toi, vraiment. Tu es quelqu'un de très intéressant. Je te souhaite de réussir dans tout ce que tu entreprends et de rester aussi passionné que tu l'es. »

Entre passion et déception...Where stories live. Discover now