One by One

Prologue

Le regard dans le vide, ses yeux analysaient en silence la brume qui devenait de plus en plus épaisse. Depuis plus d'une heure. Plus personnes n'osaient sortir, l'intensité de la couleur orangée qui se déplaçait doucement dissuadait tous habitants de s'exposer à sa toxicité. 

Elle n'était pas bête. Elle savait que cela pouvait engendrer la mutation. Alors elle se contentait d'observer, en silence, la ruelle déserte. Ou enfin presque. Un groupe de trois mercenaires, portant des masques ajustables, passèrent non loin de son jardin. Dans un instinct presque surnaturel, elle se retira, cachant ainsi sa présence aux Undead. S'ils pouvaient sortir lors de la formation c'était uniquement grâce à leurs masques ainsi qu'à leur génome.

Elle n'avait pas cette chance... Malheureusement. Pourtant, elle était l'une des rares à être encore en vie à son âge. Les yeux fixant la cuisine, elle essaya de calmer sa respiration rapide, voir des Undeads n'étaient jamais un bon signe. Lara le savait. Le peu de lumière qui illuminait la pièce rendait ses yeux verts émeraudes presque marron. Les petites bougies posées de part et d'autre du plan de travail, éclairaient l'intérieur mais cela n'était pas assez suffisant pour être vu depuis l'extérieur. Puisque toutes les fenêtres avaient été recouvertes de papier journal, ne laissant qu'un ou deux petits trous visibles pour observer l'extérieur.

Elle y avait fait deux petit trous, dans celles de la cuisine, pour observer les mercenaires passés et noter sur un carnet l'heure à laquelle ils passaient. Pendant que son œil droit se plissait pour améliorer la qualité visuel de l'autre œil, une pensée la sortie de la réalité.

Comment ils en étaient arrivés là ? Les guerres, la famine, la brume, la sélection... En à peine six mois, tout avait dégénéré. Du jour au lendemain.

Et tout avait changé. Sa vie, ses besoins, ses priorités. Elle même avait changé. Et elle n'était pas la seule à l'avoir remarqué. Malgré le jeune âge de ses deux petites filles, la plus grande, Iris  l'aînée, avait bien remarqué ce changement de comportement.

En même temps, Lara était obligée d'être dure avec elles. Sinon la mort risquait de lui prendre sa famille. Encore. Et ça, c'était inacceptable.

La cuisine portait encore les traces de leur ancienne vie : Les ustensiles de cuisine parfaitement alignés, les cadres et photos de familles accrochés aux murs. Son regard se fixa sur eux. Sur lui.

Tout lui revint en mémoire : Leur vie paisible et confortable. Sans se soucier du lendemain... Richard lui manquait. Depuis qu'il les avait laissé... Ce jour-là... Elle ressentait un trou géant dans sa poitrine. Comme une vieille blessure qui ne nous a pas quitté, qui à chaque pas, nous rappelle sa présence, son existence.

Mais Richard n'était plus. Un sentiment de tristesse l'envahit aussitôt. Son mari... Richard... Avait été tué, dans un supermarché, il y avait maintenant trois mois. Il avait été tué pour deux boites de conserves... Deux putain de barres de boites de concerves...

Aujourd'hui, la vraie nature dominait, une seule règle hantait les esprits : La loi du plus fort. Autrement dit : La sélection naturelle. Au fond, elle se disait que cela avait toujours été ainsi, même dans une société civilisée, au fond, les riches avaient tous les droits et les pauvres aucuns. C'étaient ainsi, depuis toujours, mais ce soir, elle allait leur montrer, ce que c'est d'être née pauvre et à quel point cela peut-être dangereux.

Une larme coula le long de sa joue, elle aimait sentir ces larmes couler car cela lui rappelait qu'elle était en vie. Aujourd'hui, elle savait que ça serait la dernière fois, qu'elle pourrait sentir ces larmes sur ses joues. 'La sélection', c'était son nom, le nom de cette journée qui, pour elle, allait déterminer la suite de sa vie et de celle de ses filles.