BEAUTIFUL HIM [Taekook] 🔞

II

Je n'ose pas le regarder dans les yeux, plus que mal à l'aise. Et en même temps, je passerai des heures à contempler ce visage... Je devrais me faire plus discret.

— Monsieur Jeon, je vous présente mon nouvel assistant pour les quelques mois à venir. Monsieur Kim, euh - Monsieur Kim-
Elle laisse sa phrase en suspens et me lance un regard qui laisse sous-entendre que je ferais mieux de me présenter moi-même. La Diva de ce matin ne m'en laisse pas l'occasion.

Je pourrais m'appeler Robert qu'ils en n'auraient rien à faire.
Peu importe mon nom tant que j'ai une belle gueule et que je fais bien mon travail. Je suis une prostituée qui travaille gratos. Quelle joie...!
Allez Taehyung ! Du nerf ! Pense à tes examens, à ton CV et à tes opportunités professionnelles. Le reste tu t'en moques !

Monsieur Jeon me considère vaguement, d'un air méprisant avant que son visage ne s'illumine quand il me remet enfin.

Si je pouvais me faire tout petit pour aller me cacher je le ferai volontiers.
Il m'a cramé en train de le mater, juste après que je me sois moqué de lui... J'ai la chance biologique d'un paresseux ou le sort s'acharne sur moi ?
Je dégluti, prends mon courage à deux main pour le saluer poliment, près à lui dire mon nom, même si sa tronche me revient pas.

Seulement, il me coupe l'herbe sous le pied.
— Le stagiaire de l'ascenseur !
Il fait faussement mine d'être surpris voire même content de me voir et me temps la main. Lui aussi se moque de mon identité, tant que je rempli mes tâches de stagiaire.

Les yeux sombres de ce Jeon Jungkook me transperçaient presque tant son regard est perçant. Je saisis la main qu'il me tend, lui rend sa politesse mal placé, prêt à me décomposer tant je suis mort de honte. Sa poigne se fait lourde, douloureuse, comme s'il voulait me faire mal volontairement. Jungkook continue de sourire, me toise pour analyser mes réactions. Je ne bronche pas, si je bouge ne serait-ce qu'un cile de travers, je suis fichu pour de bon. Prendre sur soi est le maître mot... Pas sûr que mon manque de réaction le satisfasse, sa mâchoire se crispe derrière son ricus et il sert plus fort.

Je vais en chier avec celui-là.

Madame Kim se réjouit que nous ayons déjà fait connaissance et nous invite à la suivre pour s'installer au calme, loin des photographes qui travaillent avec d'autres modèles.

J'essaye de rester concentré, de ne pas laisser mon attention se porter sur les corps qui posent sous les flashs des objectifs. C'est impressionnant de voir l'envers du décor. Jusqu'ici je ne m'étais pas douté que derrière une seule photo se trouvait une équipe entière de personnel. Plus nous avançons dans le studio, plus on se rend compte de l'armée qui attend dans un coin. Tout y est; costumiers, coiffeurs, maquilleurs... Sans parler de l'équipe technique qui gère la lumière, les écrans ainsi que le reste du matériel.

J'espère que je n'ai pas l'air décontenancé... Il faut savoir rester professionnel.

Je suis en silence, réprime l'agacement naissant qui grandit au fond de ma gorge. Je ne sais pas où va mener la conversation, mais je me doute que je n'ai pas fini d'entendre parler de l'ascenseur pendant un bon moment. Je ne devrais pas avoir à faire à lui trop souvent. Je crois...
— Monsieur Kim travaillera avec nous le temps que mon assistante se remette sur pied, explique-t-elle au mannequin.

Enfin, mon stage est censé durer deux mois, pas at vitam eternam... Mais bon, j'ai bien compris qu'elle va profiter de ma position pour faire de moi son larbin. Je n'en suis pas moins mécontent, bosser directement pour et au contact de Kim Sae-rin n'est pas une opportunité qui se représentera de si tôt. J'ai encore du mal à y croire. Alors, profitons de ce que la vie nous offre.

J'ai tellement hâte d'en parler à Jimin.

— Vous êtes avec nous monsieur Kim ?

La voix de la directrice me sort de mes songes et je me reconcentre sur mon bloc note, m'excusant pour m'être déconcentré. J'écoute d'une oreille ce qu'ils se disent, retranscrit tout sur le papier simultanément. Ils parlent de rendez-vous avec le comité de je ne sais quoi, d'interview et de conférence de presse, que de grand projet pour cette diva.

— Que diriez-vous d'un dîner, à l'occasion ? Nous pourrions faire plus ample connaissance. Je voue une importance capitale à être proche de l'égérie de SR Model.

Sois proches de tes amis, encore plus de tes ennemis, comme on dit. Tu parles d'une égérie, je suis sûr que tout ce qu'il a pour lui, c'est le physique !

— Ce serait avec grand plaisir Madame Kim. Peut-être pourrions nous convenir d'une date la semaine prochaine, si nos emplois du temps coïncident ?

Sa voix est rauque, beaucoup moins aiguë que ce matin, moins agaçante. Il parle plus poliment à sa patronne qu'à un stagiaire, bien évidemment.

— Monsieur Kim ? Veuillez faire en sorte de libérer ma soirée en fonction de la date que vous donnera monsieur Jeon, m'ordonne-t-elle.

— Bien madame...

Je le note un coin de ma feuille, et continue de gribouiller des cercles en attendant qu'ils terminent leur conversation ennuyeuse et pompeuse au possible.

— Madame Kim je-

Elle le coupe, lui se retrouve bêta.

— Sae-rin, je vous empire. Ne soyez pas si formel Jungkook. Je peux vous appeler Jungkook, n'est-ce pas ?

Je trouve le temps long. Je le vois qui me lance des petits regards en coin, comme pour vérifier que je fasse bien mon travail.

Ça y est, je ne les écoute plus, ils se sont mit à parler de projet personnel, j'ai arrêté de retranscrire, me contente juste de les observer, debout, droit contre un mur, non loin d'eux. Ses coups d'œil furtif me donnent des frissons. J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi horripilant et aussi beau à la fois.
Il n'était pas habillé comme ça ce matin, ça devait être pour un premier shoot.
Le blazer sans manche dévoile le fin tracé de ses muscles. Il est assez bien tailler pour un model, d'habitude ils sont davantage frêle, voir maigre...
Cette couleur ocre lui sied bien au teint, contraste avec la noirceur de ses iris et de ses cheveux sans pour autant que ça jure.
Les sourires qu'il offre à Madame Kim sont différents de ceux qu'il m'a servit jusqu'ici. Plus sincère peut-être ? Ses yeux se plissent joliment quand il rit, si bien qu'on pourrait croire qu'ils rient avec lui.
Et pourtant, chaque fois que nos yeux se rencontrent, il perd toute chaleur et jovialité, me glace le sang comme s'il me fusillait sur place.
Sans que Kim Sae-rin ne s'en rend compte bien sûr...