IV

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 — Vingt minutes de pause, tout le monde !

La voix du directeur artistique retentit, vite suivie d'une alarme sonore, qui manifeste la fin d'une session.

Je soupire, amorce un pas pour me diriger vers la cage d'escalier, histoire de profiter du frais et d'un peu d'eau. Il fait une chaleur à mourir. Je me sens encore patraque, comme si l'alcool avait tourné à force de courir dans tous les sens. C'était plus tranquille avec Kim Sae-rin...

Seulement, quelque chose me bloque vite dans mon mouvement, une main qui m'agrippe fermement le poignet.

Je relève les yeux, sans surprise, sur Monsieur Jeon.

— Tu vas où comme ça.

— Prendre mes vingt minutes de pause, monsieur, dis-je calmement.

— Ça ne s'applique pas aux stagiaires.

Eh bah voyons. Je ne sais pas retenir mon froncement de sourcils, exaspéré avant même qu'il ne poursuive.

— Va me chercher de l'eau fraîche.

Il me toise durement, n'a toujours pas lâché mon bras.

— Allez-y vous-même. Là, fontaine et juste là.

Je désigne l'appareil d'un signe de tête, forçant pour me défaire de ses doigts.

Il pouffe, aborde une moue offusquée et puis... Son regard change drastiquement. Son visage tout entier se métamorphose en une seconde et soudain sa main vient se poser plus haut sur bras. Il me fait mal. Il me tire vers lui, sans ménagement, assez pour que ses lèvres ne soient plus loin de mon oreille.

— Si tu veux mon avis, tu ferais mieux d'obéir avant que je ne fasse de ta misérable vie, un enfer, murmure-t-il.

Il me glace le sang.

Il me lâche, me repousse avec une certaine brutalité et se tourne de trois quarts avant de me lancer un coup d'œil par-dessus son épaule.

— Fais vite cette fois. Tu sais où me trouver.

Je vais me le faire.

Je soupire pour me défaire de ma frustration. Il faut que je garde mon sang-froid. Il ne faut pas qu'il voie l'irritation sur mon visage, sinon je suis fichu.

Ça serait comme montrer son cou à un prédateur.

Résigné, je suis allé lui chercher de l'eau, sans demander mon reste.

Si je ne m'écroule pas d'épuisement avant de prendre le bus, ça sera un miracle.

— Votre eau, monsieur-

Il m'arrache le verre de mains et le descend d'une traite. Sans même un regard, encore moins un merci.

Soudain, ce que je devine être son téléphone se met à sonner. C'est plus comme une alarme qu'un appel entrant ou un message et il -

— Fais chier. C'était sûr. À force de bosser avec des incompétents et de m'énerver après eux...!

Je ne comprends pas de quoi il parle, il se conte de désactiver le bruit strident.

— Mon sac.

Je n'ai même plus le droit à des phrases. Il m'indique la sacoche hors de pris suspendu au porte-manteau et me presse pour que je la lui donne.

— Tu peux y aller. Je vais me démerder.

J'y comprends rien. Il est plus qu'étrange ce gars-là. Mais bon, ça veut dire que je vais pouvoir souffler un peu.

BEAUTIFUL HIM [Taekook] 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant