Les Murmures de l'Ombre

Chapitre 14 : Prisonnière des Murmures

Lily ouvrit les yeux, mais tout autour d'elle n'était que ténèbres. Un noir profond, presque palpable, l'entourait. Elle sentait son cœur battre à tout rompre, comme s'il était sur le point de sortir de sa poitrine. Pourtant, elle ne voyait rien. Il n'y avait ni murs, ni plafond, ni sol - juste l'écho de sa propre respiration dans ce vide infini.

Un murmure s'éleva.

"Lily... tu es à nous maintenant..."

Elle recula d'un pas, mais ses pieds ne touchèrent rien. Elle flottait. Un frisson glacial traversa son corps alors que les voix autour d'elle se multipliaient, tourbillonnant comme une tempête invisible. Les mêmes voix qu'elle avait entendues pendant des nuits. Mais ici, dans cette obscurité, elles étaient si fortes, si réelles. Elles s'immisçaient dans ses pensées, la prenant au piège.

"Lily... tu ne peux pas fuir..."

Ses doigts tremblants cherchèrent à tâtons, espérant toucher quelque chose, une surface, une sortie. Mais il n'y avait rien. Juste ce noir sans fin.

« Laissez-moi tranquille ! » cria-t-elle, la voix brisée par la panique.

Les murmures se turent soudainement.

Le silence était encore plus terrifiant.

Puis, lentement, quelque chose commença à apparaître devant elle. Une lumière faible, vacillante, presque comme un phare dans le lointain. Sans réfléchir, Lily se mit à marcher vers cette lueur. Chaque pas semblait l'attirer, la tirer hors de ce cauchemar. Mais à mesure qu'elle avançait, une silhouette commença à se dessiner dans cette lumière.

C'était elle.

Lily s'arrêta net. La silhouette dans la lumière était son reflet, mais quelque chose n'allait pas. Son visage était pâle, ses yeux vides, et un sourire étrange se dessinait sur ses lèvres. L'ombre souriait, mais il n'y avait rien d'humain dans ce sourire.

"Tu sais qui je suis..."

La voix de l'ombre était identique à celle de Lily, mais teintée d'une froideur glaçante. Elle se rapprocha lentement, chaque mouvement fluide et sinistre, comme un prédateur jouant avec sa proie.

"Je suis celle que tu as oubliée... celle que tu as abandonnée dans les ténèbres."

Lily secoua la tête, incapable de parler. Chaque fibre de son être lui hurlait de fuir, mais elle était paralysée, figée devant cette version déformée d'elle-même.

L'ombre tendit la main.

"Viens avec moi, Lily. Retourne là où tu appartiens..."

Le contact de cette main glaciale envoya une vague de douleur à travers son corps. Des visions déferlèrent dans son esprit : la vieille maison, le carnet, les murmures qui avaient commencé à l'obséder... et puis, une nuit. Une nuit où elle avait entendu un cri, un cri qui n'avait jamais cessé de résonner dans les ombres.

Lily recula, essayant de se libérer de cette emprise. Mais plus elle luttait, plus l'obscurité autour d'elle se resserrait.

"Tu ne peux pas fuir ton passé," susurra l'ombre, ses yeux vides fixant Lily avec une intensité malsaine. "Il t'a toujours attendue..."

Les murmures reprirent, se mêlant en une cacophonie de voix. Ils l'enveloppaient, la dévoraient.

Puis, un bruit différent s'éleva au loin. Un appel... quelqu'un criait son nom. C'était faible, à peine perceptible, mais c'était là.

"Lily !"

La voix était familière, mais elle venait du monde réel.

Elle força ses yeux à se concentrer sur cette lumière, à ignorer l'ombre qui la tirait dans le néant. La panique battait dans sa poitrine alors qu'elle luttait contre cette présence terrifiante qui voulait l'avaler tout entière.

"Lily ! Réveille-toi !"

D'un coup, le monde bascula.

Elle se retrouva allongée sur le sol de sa chambre, le visage contre le bois froid. Son souffle était court, chaque bouffée d'air brûlant dans sa gorge. Elle tremblait. La pièce autour d'elle était plongée dans l'obscurité, mais elle n'était plus dans cet espace vide et dévorant.

Debout dans l'encadrement de la porte, sa mère la regardait avec inquiétude.

"Lily, tu vas bien ? Je t'ai entendue crier."

Lily ne répondit pas. Ses yeux fixaient encore l'endroit où l'ombre avait été, cette version déformée d'elle-même. Elle savait maintenant que ce n'était pas juste un cauchemar. C'était réel. Tout cela était bien réel.

Les murmures n'avaient pas disparu.

Ils ne disparaîtraient jamais. . .