Sur le fil

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Le lendemain matin, je me réveille blottie contre Nathéo, la chaleur de son corps apaisante, mais une certaine lourdeur pèse dans l'air. Le souvenir de la veille me revient immédiatement. Rosa, son visage marqué, son regard perdu, et l'angoisse qui plane toujours autour de William. À cet instant, la réalité me rattrape, et ce moment de paix avec Nate semble suspendu au-dessus d'un gouffre.

Je me tourne doucement vers lui, encore endormi, son visage détendu, paisible. Il respire lentement, profondément, et pour une fraction de seconde, tout semble simple, mais c'est de courte durée. À peine ai-je posé les pieds au sol que le téléphone de Nate vibre brusquement sur la table de nuit. Il fronce les sourcils en lisant le nom sur l'écran avant de décrocher.

— Oui, j'écoute ? dit-il d'une voix grave et l'air sérieux.

Je l'observe discrètement car quelque chose dans sa posture change. Il se lève du lit, se passant une main dans les cheveux puis, il sort de la chambre pour continuer son appel à l'écart. Mon cœur bat plus vite. Ce n'est pas la première fois que je sens qu'il me cache quelque chose, mais je n'ai jamais osé pousser plus loin, me confortant dans l'idée que c'est quelqu'un de bien et que, si vraiment je venais à découvrir un de ses secrets, je n'en serais pas directement impactée. Malgré ça, j'entends ses murmures étouffés dans le couloir, et cela attise ma curiosité.

Pendant qu'il est encore au téléphone, je vais voir Rosa, qui est déjà éveillée, assise à la table de la cuisine avec Angélique à ses côtés. Un sac de glace est de nouveau posé sur son œil. Elle a l'air épuisée, fragile, et le silence entre nous est lourd de non-dits. Nous échangeons un regard, mais aucun mot ne sort. Quoi dire de plus ? Elle tente de sourire, mais c'est une tentative vaine.

Angélique, silencieuse, pose une tasse de thé devant Rosa avant de s'asseoir à son tour, ses yeux pleins d'inquiétude. Elle n'a pas dit grand-chose depuis hier soir, mais sa présence réconforte un peu Rosa, je le sens, elles qui pourtant, ne sont pas du tout proches.

— Comment te sens-tu ce matin ? je demande doucement en m'asseyant face à elle.

— Pas terrible... Je ne sais pas quoi faire, murmure-t-elle, la voix cassée. Si je retourne chez moi, je ne suis pas sûre qu'il me laisse tranquille. Et la police... on sait comment ça va se terminer.

Je soupire, frustrée. Nous sommes coincées, prises au piège par l'injustice d'un système qui protège ce connard et tout ce qu'il représente. Je ressens la même impuissance que la première fois, lorsque j'ai tenté de me défendre contre lui. Il s'en sort toujours, et je ne sais pas si je pourrais supporter de voir Rosa passer par les mêmes tourments, raison pour laquelle je l'ai mise en garde quelques mois plutôt. J'aurais aimé avoir tord.

Angélique, d'une voix douce mais ferme, intervient :

— On ne peut pas le laisser faire encore une fois. Il faut trouver une solution, même si c'est en dehors de la police.

Je hoche la tête, sans vraiment savoir quoi dire de plus.

— Il faut qu'on trouve un moyen de te protéger, dis-je. Peut-être qu'on pourrait chercher un endroit où tu pourrais te cacher pendant un moment ? Il ne saura jamais où te trouver.

— Et s'il me retrouve ? réplique-t-elle, presque défaite.

Je n'ai pas de réponse. Juste un pincement au cœur et cette colère sourde qui monte en moi. L'idée de le voir s'en sortir à nouveau, de le savoir libre de recommencer... c'est insupportable.

À cet instant, Nate revient dans la pièce. Il est silencieux, mais je remarque son air soucieux. Son téléphone dans la main d'abord, il semble ailleurs. Ses yeux évitent les miens. Quelque chose ne va pas, mais je n'ai pas la force de m'y attarder pour l'instant. Nous avons des problèmes plus pressants à résoudre.

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant