# Chapitre 2 : **Les Ombres du Jugement**
Le temps passait, mais les cicatrices laissées par les échecs de la procréation restaient béantes dans le cœur de chaque couple. Les rumeurs et les jugements des proches pesaient lourdement sur leur quotidien, transformant leurs vies en un véritable parcours du combattant.
## André et Clara Dupont
Clara, 34 ans, se sentait observée à chaque réunion de famille. Lors d’un dîner chez des amis, elle avait entendu les chuchotements sur les « préoccupations » d’André. À chaque question sur leurs projets d’enfants, elle sentait son cœur se serrer.
« Quand allez-vous enfin nous annoncer une bonne nouvelle ? » avait lancé une amie, trop enthousiaste.
Clara avait souri, mais ses yeux trahissaient la douleur. « Nous... nous travaillons là-dessus. »
André avait tenté de changer de sujet, mais les regards insistants l’avaient poussé à s’énerver. « Vous savez, parfois les choses ne se passent pas comme prévu. » Sa voix avait résonné avec une colère contenue, provoquant un silence gêné.
Pendant ce temps, Clara se perdait dans ses pensées, repensant à l’endometriose qui la rongeait. Elle avait l’impression d’être un poisson rouge dans un bocal, exposée à tous, sans échappatoire.
## Michel et Sophie Martin
Pour Michel, 36 ans, et Sophie, 34 ans, la situation était tout aussi délicate. Lors d’un repas familial, son frère aîné, David, avait posé la question fatidique.
« Alors, c'est pour quand le petit ? On attend tous de vos nouvelles ! »
Sophie, qui avait déjà du mal à accepter sa condition, avait perdu son sourire. « Nous attendons toujours, David. »
Les rires s’étaient arrêtés, et une tension palpable s’était installée autour de la table. Michel, gêné, avait tenté de défendre sa femme. « Ce n’est pas aussi simple qu’on le pense. »
Mais les murmures avaient continué. La famille de Sophie, bien qu’aimante, ne comprenait pas l'ampleur de leur douleur. Ils ne voyaient que le succès professionnel, ignorant les luttes personnelles.
## Thomas et Julie Lefèvre
Pour Thomas, 35 ans, et Julie, 33 ans, la lutte devenait particulièrement difficile. Julie se dirigeait vers la maison de ses beaux-parents, le cœur lourd. Elle savait que sa belle-mère, Monique, et ses deux sœurs, Camille et Amélie, seraient là. La tension était presque palpable dès qu'elle franchissait le seuil.
« Alors, Julie, toujours pas de bonnes nouvelles ? » avait lancé Monique, avec un sourire qui n’atteignait pas ses yeux.
Le visage de Julie s’était figé. « Non, pas encore. »
« Tu sais, à notre époque, on faisait des enfants plus jeunes. Peut-être que tu devrais arrêter de te concentrer sur ta carrière, » avait ajouté Camille, les bras croisés, comme si elle jugeait Julie sur tous les aspects de sa vie.
« Oui, et peut-être que tu devrais penser à prendre soin de Thomas, » avait rajouté Amélie, le ton sarcastique.
Les mots de sa belle-famille résonnaient dans son esprit. Julie sentait une douleur sourde se former dans sa poitrine. Elle avait espéré trouver du soutien dans cette maison, mais elle ne trouvait que jugement.
Après cette rencontre, Julie se sentait plus isolée que jamais. Sa propre famille devenait distante, ne sachant pas comment réagir face à ses échecs. Lorsqu'elle leur rendait visite, elle recevait des regards pleins de compassion qui lui faisaient mal.
