Exactement comme à l'exercice 2 soit : "Écrivez une page d'un roman qui n'existe pas, comme si c'était unepage arrachée à un livre perdu."
Cette fois je change un peu de style, histoire de m'amuser.
Le boulevard étouffait sous le crépuscule, un souffle étranglé dans la gorge de la ville, et le murmure des passants s'effritait en poussière d'ombre. Il avançait, ou plutôt, ses pas s'effaçaient avant d'atteindre le pavé, comme s'il ne laissait plus de trace. Rien ne se fixait, tout glissait, échappait, même l'air autour de lui n'était plus qu'une parenthèse sans fin. Au détour d'une rue, elle, silhouette mouvante et immobile à la fois, ses cheveux coupés court, frange tombée, ne disait rien. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle n'avait déjà plus de nom, plus de visage. Maintenant, elle n'était plus qu'un mouvement, un geste suspendu dans l'air, dissous entre deux souffles. Une image oubliée qu'il refusait de retrouver. Les fenêtres autour de lui bâillaient comme des bouches affamées, engloutissant la lumière avant qu'elle ne touche le sol. Dans chaque reflet, une version inversée de la sienne. Mais est-ce qu'il était vraiment là ? Les lignes du monde se brouillaient, se dérobaient sous ses pas, et les heures fuyaient comme du sable entre ses doigts. Il aurait pu la rejoindre, dire quelque chose—mais pourquoi, pour quoi dire ? Il y avait cette lame froide dans le silence, ce point, ce vide qui coupait les mots avant qu'ils ne se forment. Tout était silence maintenant. Pas un silence paisible, non, un silence plein de cris étouffés, de phrases jamais achevées. Sa voix, ce soir-là, s'était brisée sur ses propres consonnes, échappant, se refusant. Tout ce qu'il avait voulu dire était resté là, suspendu entre eux, mort-né. Elle le regardait toujours, ou peut-être pas. Ses yeux étaient deux puits sans fond, ils le traversaient, ne le voyaient pas, ou voyaient trop. Il s'arrêta, enfin, ou c'était l'espace qui le retenait, ses jambes lourdes d'avoir parcouru tant de distances qu'elles n'avaient jamais franchies. Le poids du monde tenait dans son absence, dans cette nuit qui ne tombait jamais vraiment, qui restait en équilibre, prête à dégringoler mais toujours suspendue à un fil.L'écho de ses pensées rebondissait contre les murs froids de son esprit, les mêmes murs qu'il avait érigés entre eux. Mais il n'y avait plus de "eux". Elle était devenue une ombre dans le coin de sa mémoire, une allusion sans contexte, un mot glissé dans une phrase trop longue pour être prononcée.
— C'était la fin, n'est-ce pas ? demanda-t-elle soudain, ou du moins, ce fut ce qu'il comprit dans ce sourire qui mourut avant d'éclore. Et pourtant, il n'y eut aucune fin, pas de point final, seulement cette éternité béante, ce creux laissé entre deux mots.
Il voulut parler— dire quelque chose, n'importe quoi, mais les phrases tombaient, s'écrasaient avant même de franchir la barrière de ses lèvres. Peut-être qu'il y avait trop à dire, ou peut-être rien du tout. Tout avait été dit sans jamais l'être, dans les silences qui entouraient leurs gestes.Elle détourna enfin les yeux, coupant le dernier fil entre eux, celui qu'il n'avait même pas remarqué. Le bruit de ses pas s'éloigna, ou plutôt, il sentit qu'elle ne serait plus jamais là, ne l'avait peut-être jamais été.Et dans la rue vide, il resta figé, un mot sans phrase, un homme sans histoire.
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Exercices d'ecriture
Short StoryThe description should describe what I wont describe by the use of this description In other words, shut the fuck up and read Plus serieusement voici des exercices d'écriture que j'ai faits pour le fun, rien de bien développé ni d'incroyable mais je...