Chapitre 9: Cap sur le port.

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Mercy courait à travers les rues sombres, les pas résonnant contre le bitume froid. Le vent nocturne lui fouettait le visage, mais elle ne s'arrêtait pas, prise par une peur viscérale et une rage croissante. Elle n'avait plus de refuge, plus d'allié. Gilmar, celui qui détenait la clé du mystère, venait d'être assassiné sous ses yeux, et elle-même était probablement la prochaine cible. Alors, instinctivement, elle s’était dirigée vers un endroit que personne n’aurait pensé à chercher : l’hôtel abandonné de Maryland où elle se réfugiait après sa fuite de l'horphelinat.

Ce vieil édifice, en ruine depuis des années, était autrefois un lieu de villégiature luxueux. Maintenant, il n'était plus qu'un souvenir défiguré, englouti par la moisissure et les débris. Les murs, autrefois immaculés, étaient maintenant recouverts de graffiti et de végétation rampante, et les fenêtres, brisées par le temps et l'abandon, laissaient entrer un froid glacial. C'était l'endroit parfait pour se cacher, loin des regards indiscrets et des tueurs à ses trousses.

Mercy franchit les grandes portes rouillées de l’hôtel avec prudence. L’obscurité l’enveloppa presque immédiatement, et le silence assourdissant, à peine troublé par le craquement du bois sous ses pieds, renforçait son angoisse. Mais au fond d’elle, sa peur était accompagnée d’une fureur dévorante. Elle devait savoir. Tout cela — les meurtres, les secrets — tournait autour de ce drame en mer survenu il y a 16 ans. Et maintenant que des vies étaient en jeu, elle ne pouvait plus reculer.

Elle monta les escaliers délabrés qui grinçaient sous son poids, chacun de ses pas résonnant comme un écho lointain. Arrivée à l’étage supérieur, elle entra dans une ancienne suite dévastée par le temps. C'était ici qu'elle se réfugierait pour la nuit, ici qu'elle aurait le temps de réfléchir et de comprendre ce qu'elle devait faire ensuite.

Elle s'agenouilla près d'une fenêtre brisée, sa respiration encore haletante. Le vent s’infiltrait dans la pièce, faisant frissonner sa peau, mais elle ne bougea pas. Dans son esprit, les images du meurtre de Gilmar tournaient en boucle : son corps s’effondrant, la balle brisant le verre de la fenêtre, le sang coulant lentement sur le sol… Elle avait été impuissante, paralysée par la terreur.

Mais maintenant, elle sentait quelque chose de différent monter en elle. Une rage sourde. Pourquoi ? Pourquoi étaient-ils prêts à tuer pour garder ce secret ? Quelle vérité était si terrible qu'elle devait être protégée à tout prix ?

Elle serra le poing, les yeux fixés sur l’obscurité au-dehors. Le drame en mer. Cette nuit-là, 16 ans auparavant, personne n'avait jamais vraiment su ce qui s’était passé. Les autorités avaient parlé d'un naufrage, d'une tempête, mais Mercy savait que c'était bien plus que cela. Et maintenant, quelqu'un essayait de l'empêcher de découvrir la vérité.

Le lendemain matin, alors que les premiers rayons du soleil perçaient à peine à travers les nuages gris, Mercy se réveilla dans l’hôtel abandonné, ses muscles encore tendus et son esprit alourdi par les événements de la veille. La nuit avait été courte et sans repos, chaque bruit du vent ou craquement dans l'hôtel l’ayant gardée sur le qui-vive. Mais malgré la fatigue, elle savait qu’elle n’avait pas le luxe de se reposer plus longtemps. L’heure était grave, et chaque minute qui passait rapprochait ses ennemis de leur objectif : l’empêcher de découvrir la vérité sur le drame en mer.

Elle quitta discrètement l’hôtel, prenant soin de ne pas attirer l’attention. Ses vêtements, légèrement froissés et sales, témoignaient des heures de fuite et de peur. Pourtant, son regard était maintenant empreint d’une détermination froide. Elle marcha à travers les rues de Maryland, pour se rendre au port où les passagers clandestin du bateau il y'a 16 ans devait arriver, ses pas rapides et silencieux. Le port n’était pas très loin, mais chaque rue semblait lui rappeler à quel point elle était seule dans cette quête, sans alliés, et avec des ennemis invisibles qui pouvaient la suivre à chaque tournant.

Le port de Maryland était un immense dédale de quais, de grues, et de hangars. Autrefois un lieu prospère, il avait perdu une partie de son activité avec les années. Toutefois, c’était ici que les navires clandestins arrivaient en secret, loin des regards des autorités. Mercy avait entendu des rumeurs pendant son enfance, des murmures à propos de transactions illégales et de cargos mystérieux. Elle n’avait jamais prêté attention à ces histoires, jusqu’à aujourd’hui.

En arrivant à l’entrée du port, Mercy s’arrêta quelques instants, scrutant les alentours. L'endroit semblait désert à cette heure matinale, mais elle savait que les apparences pouvaient être trompeuses. Elle enfila discrètement une vieille casquette trouvée en chemin pour dissimuler un peu plus son visage. Elle n'était pas sûre d'être recherchée, mais après le meurtre de Gilmar, mieux valait être prudente.

Le port s'étendait devant elle comme un labyrinthe métallique et de béton. Des conteneurs gigantesques empilés les uns sur les autres formaient des allées étroites et sinistres, et un silence étrange régnait, seulement brisé par le cri lointain des mouettes et le bruit de l'eau frappant les quais. Mercy s’avança prudemment...

MERCYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant