Chapitre 12: Cap sur KORT.

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Le soir tombait sur Maryland, baignant la ville dans une lueur orangée, alors qu'André rentrait chez lui. Il monta les escaliers de sa maison familiale avec un mélange d'anticipation et de nervosité. Il savait qu'il allait devoir mentir à sa mère pour pouvoir partir à Kort avec Mercy. Même s'il ne craignait pas sa réaction, le poids du secret qu'il gardait le rendait mal à l'aise.

En ouvrant la porte de la cuisine, il trouva sa mère assise à la table, tricotant un énième pull de laine. Elle leva les yeux vers lui avec un sourire fatigué, mais aimant. André prit une grande inspiration avant de se lancer.

"Maman, je vais devoir partir en voyage scolaire pendant quelques jours", dit-il en essayant de rendre sa voix la plus naturelle possible.

Sa mère s'arrêta un instant, surprise, mais elle hocha finalement la tête. "Oh, c’est bien, mon chéri. Où vas-tu ?"

"Pas loin de Maryland" On doit y faire des recherches pour l’école", répondit-il, le cœur battant un peu plus vite. Il détestait mentir, mais il n’avait pas le choix.

Sa mère ne sembla pas remarquer son malaise. Elle lui faisait confiance, comme toujours. "Très bien. Fais attention à toi, d’accord ? Je vais te préparer à manger pour le voyage." Elle se leva immédiatement pour préparer des provisions, et André sentit un poids s’alléger sur ses épaules.

Plus tard dans la soirée, elle lui remit un sac contenant des vivres et un peu d’argent. "Tiens, mon garçon. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. Tu sais que tu es libre de partir où tu veux, mais sois prudent, d’accord ?" Sa voix était empreinte de cette tendresse protectrice que seules les mères savent offrir.

André la remercia et monta dans sa chambre, prêt à dormir avant son grand départ. Mais cette nuit-là, le sommeil le fuyait. Il repensait à Céline, à sa disparition, et aux mystères qui l'attendaient à Kort.

Le lendemain matin, après avoir quitté la maison, André se dirigea vers l’hôtel abandonné où Mercy se cachait. Il sentait l'air frais de Maryland, et malgré la gravité de leur mission, il se sentait étrangement déterminé. Arrivé à l'hôtel, il monta les marches grinçantes jusqu’à la chambre délabrée où Mercy s'était installée. La porte était entrebâillée, et il la poussa doucement.

Mercy, assise près de la fenêtre brisée, se retourna en l’entendant entrer. Elle affichait son visage dur habituel, mais à la vue du sac de provisions qu'André portait, ses traits se détendirent légèrement. Il pouvait voir la fatigue dans ses yeux, mais aussi une certaine satisfaction qu'elle essayait de dissimuler.

"Je t'ai apporté à manger", dit André en posant le sac sur une vieille table bancale.

Mercy, d’abord surprise, regarda le sac avec une lueur de gratitude qu’elle ne put cacher. Depuis plusieurs jours, elle ne survivait que grâce aux fruits qu'elle cueillait dans les environs du port, et la nourriture qu'André avait apportée semblait un véritable festin.

"Merci", dit-elle simplement, d'une voix un peu rauque. Elle n’était pas habituée à accepter de l'aide, encore moins à en demander, mais la faim était plus forte que sa fierté.

Elle se jeta presque sur les provisions, ouvrant un paquet de pain et de fromage avec des gestes rapides. André s'installa en face d'elle, un léger sourire aux lèvres, satisfait de pouvoir l'aider, même un peu.

"Ça fait longtemps que tu vis comme ça ?" demanda-t-il après un moment de silence.

Mercy mâcha lentement, puis hocha la tête. "Ça fait des semaines que je suis seule, à dormir dans des endroits comme celui-ci. Je n’ai personne. Pas de famille, pas d'amis. Mon seul but, c’est de découvrir la vérité."

André la regarda avec admiration. Il savait que sa propre quête pour retrouver Céline était difficile, mais il se rendait compte que Mercy vivait un enfer quotidien.

"Je suis désolé", dit-il doucement. "Personne ne devrait vivre comme ça."

Mercy haussa les épaules, comme si cela n’avait aucune importance pour elle. "Ce n’est pas grave. J’ai survécu jusqu’ici, non ?"

Le silence s'installa entre eux. André se demandait comment une fille aussi jeune pouvait être aussi déterminée et résiliente. Après quelques minutes, il brisa le silence.

"Ma sœur, Céline", commença-t-il, hésitant à partager son propre passé, "elle a disparu il y a 16 ans, comme tes parents. Je me souviens même plus d'elle. J’étais petit à l’époque, mais elle me lisait des histoires tous les soirs avant de s’embarquer sur ce bateau. Et puis... plus rien. Elle a disparu. Et depuis, je n’ai jamais cessé de la chercher."

Mercy leva les yeux, surprise par la vulnérabilité qu'André laissait transparaître. C’était rare pour elle de rencontrer quelqu'un qui comprenait réellement la douleur de perdre un être cher dans des circonstances aussi mystérieuses.

"Je suis désolée pour ta sœur", murmura-t-elle sincèrement. "C’est dur de ne pas savoir ce qui est arrivé à ceux qu'on aime."

André hocha la tête, le regard fixé sur un point invisible au loin. "C’est ce qui me pousse à continuer. Je dois savoir ce qui s'est passé. Même si c'est dangereux."

Leur conversation continua ainsi, les deux partageant des bribes de leur passé, leurs souffrances, et leurs espoirs. Malgré la gravité de leur situation, un sentiment de camaraderie commençait à se former entre eux. Ils étaient deux âmes brisées, liées par le même désir de découvrir la vérité, quelles que soient les conséquences.

Finalement, André se leva. "On devrait se reposer. Demain, on part pour Kort. C’est là-bas que tout a commencé, et c’est là-bas qu’on trouvera des réponses."

Mercy acquiesça, sachant que leur voyage serait dangereux, mais nécessaire. Elle se sentait un peu moins seule maintenant. Ensemble, ils avaient une chance de percer le mystère de cette tragédie en mer et de mettre fin à ce cauchemar qui les hantait depuis si longtemps.

MERCYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant